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Zones humides, de Charlotte Roche

S‘assumer simplement et exposer son quotidien comme si les hygiénistes n’existaient pas, c’est la ligne de conduite qu’adopte Charlotte Roche dans Zones humides. Le premier roman de l’auteur d’origine allemande est qualifié parfois de pamphlet féministe, parfois de pied de nez aux codes connus. C’est vrai, mais ça n’est pas tout. Zones humides, traduit de l’allemand Feuchtgebiete, est une invitation à dédramatiser sa relation au corps, à l’écouter, à l’aimer surtout.

 

Zones humides, un énième récit trash ?

Peut-être, mais pas à cause du sexe. Le roman débute sur l’entrée à l’hôpital de la protagoniste suite à une fissure anale, mais ça n’est qu’un prétexte pour attirer l’attention du lecteur. L’entrée en matière est déroutante, mais pas choquante, grâce à la relation décomplexée qu’entretient la protagoniste avec son corps. C’est plutôt sur des thèmes comme la descendance ou la relation au père que l’auteur est la plus transgressive. L’héroïne a économisé pour se payer sa stérilisation, afin de ne pas coller au destin que sa mère lui prédit régulièrement. Quant à son père, a-t-il envie de coucher avec sa fille ? Encore une fois, ça n’est pas une imagination salace mais un questionnement conscient et naïf que présente Charlotte Roche.

Hélène Memel, porte-drapeau d’une nouvelle génération ?

18 ans, à l’hôpital pour une fissure anale provoquée par un rasage intempestif, Hélène ne rêve que d’une chose, que cette occasion permette à ses parents divorcés de se croiser. Elle échafaude des plans, rouvre sa cicatrice anale tout juste opérée pour rester plus longtemps, afin de laisser plus d’occasions à ses géniteurs de se réconcilier. Mais rien n’y fait, ils ne viendront la voir que rarement et séparément. Tant pis, c’est encore une preuve qu’il faut se construire au maximum sans influence et indépendamment de sa famille…

Bisexuelle, sodomite et captivante

Alors que l’éducation sexuelle adolescente traditionnelle est souvent synonyme de mauvais souvenirs, pas une seule de ses initiations n’a un goût de regret. Toutes ses expériences ont été choisies, et à 18 ans, elle apparaît comme une jeune fille épanouie dans ses choix. Bisexuelle, adepte de la sodomie et des bordels, pas une fois dans la bouche d’Hélène le récit ne paraît provocant ou sale. Pourtant la jeune femme décrit avec précision ses expériences de nettoyage corporels ou au contraire l’acceptation de ses propres odeurs, mais à la place de vouloir fermer « Zones humides » et de l’oublier, c’est plutôt l’envie de le faire tourner qui domine !

Connais-toi même, by la Pythie ET maintenant Charlotte Roche.

Hélène réussit à ne pas s’imprégner de la morale de sa mère, frustrée par une vie ratée, pour se forger ses propres codes relationnels. C’est donc sans barrière ni tabou qu’elle évolue dans l’apprentissage de son corps et de sa sexualité, se laissant guider par ses envies et sa curiosité.

Il semble bien que si le livre a si bien marché, c’est parce qu’il pose les bases d’une nouvelle ère : La provocation est derrière nous, laissant place à une vraie connaissance de soi. En gros, c’est l’heure de ne pas se prendre au sérieux, d’accepter d’avoir des fantasmes, d’arrêter les lingettes. C’est la bonne voie pour jouir souvent et beaucoup. 

EXTRAITS :

« J’ai sagement attendu mon dix-huitième anniversaire et personne ne m’a invitée. J’ai donc tout fait par moi-même. J’ai cherché le numéro des bordels de la vielle que j’ai tous apelés en demandant poliment s’il y avait des putes qui montaient aussi avec des femmes. On n’en voit pas tous les jours. (…) Je voulais aller voir une pute que j’ai choisie dans le salon, à l’entrée. Tout à fait comme moi, en version noire. »

« la face antérieure de la chatte, si j’appuie bien fort dessus, j’ai l’impression que je vais me pisser sur la main et je jouis tout de suite, la plupart du temps. Ce genre d’orgasme fait souvent jaillir un liquide qui ressemble à du sperme. Il n’y a guère de différence entre les hommes et les femmes, à mon avis. »


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Les Commentaires

32
Avatar de Mayra_kate
8 mai 2009 à 13h05
Mayra_kate
"1 bonne raison de bouder Zones humides, de Charlotte Roche : Puisqu'il en faut une, le style, qui n'est pas extraordinaire, mais en même temps, c'est pas le principal..."

Le style n'est pas le principal? Alors qu'est-ce que la littérature?! Vous essayez de démontrer que cet ouvrage n'est pas un récit gratuitement trash mais vous choisissez un extrait qui dessert totalement votre théorie.

Arrêtez de penser que tout le monde peut s'improviser critique littéraire! Contentez vous de parler de robes et de bijoux vous n'êtes pas capable de plus...
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