Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects féministes. Dans notre nouvelle rubrique Règlement de comptes, des femmes viennent éplucher leur budget et nous parler de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Zoé qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Zoé
- Âge : 30 ans
- Métier : Juriste en droit du travail
- Salaire : 2.500€ mensuels
- Famille : Son conjoint avec qui elle est pacsée depuis 2017, leur fils de 20 mois et leurs deux chats
- Lieu de vie : À la campagne, dans l’Est de la France
Les revenus de Zoé et de sa famille
En CDI dans le secteur médico-social, Zoé gagne 2.500€ nets par mois après prélèvement à la source. C’est 1.000€ de plus que son compagnon avec qui elle est depuis neuf ans, et qui exerce le métier de barman.
« Je pense que je suis bien payée. Mon secteur d’activité applique une convention collective plutôt correcte qui permet une évolution de salaire régulière.
Avec la pandémie et le chômage partiel, la perte de revenus de mon conjoint représente plus de deux mois de salaire en quasiment un an. Dans un budget, ça se ressent, et ses économies personnelles ont commencé à fondre. »
L’organisation financière du couple : un compte commun pour limiter les tensions
Le couple partage les dépenses communes à 50/50 et a décidé d’ouvrir un compte joint il y a quelques années, en plus de leurs comptes personnels pour se simplifier la vie et limiter les tensions.
« Le compte commun nous sert à payer ce qui est nécessaire pour la maison (loyer, EDF, internet) et pour les courses. Au regard des factures, on a estimé de combien devait être le montant du virement fait par chacun. En cas de dépenses exceptionnelles, on peut faire un virement supplémentaire. Et s’il reste de l’argent, on peut se faire des resto ou des petites sorties.
Ça évite qu’à la fin du mois on ne doive faire les comptes entre nous. C’était un moment qui nous tendait particulièrement tous les deux. »
Le loyer et la garde d’enfant : les deux plus gros postes budgétaires
Zoé et son conjoint dépensent 650€ chaque mois pour payer l’assistante maternelle qui garde leur fils (desquels il faut déduire les allocations versées par la CAF, c’est-à-dire 390€).
« Comme c’est un poste de dépense important dans notre budget et que je gagne plus, j’en assume 60%. On a décidé de cette règle dès le début. »
Pour soulager les finances de son conjoint amputées par la pandémie, Zoé a même commencé le mois dernier à prendre complètement à sa charge le salaire de leur assistante maternelle.
En plus du budget consacré à la garde de leur fils, Zoé et son compagnon dépensent pas mal d’argent en essence En effet, ils vivent dans une maison en location dans un village à mi-chemin des deux villes où se situent leurs boulots respectifs.
Alimentation, vêtements : privilégier le local et l’occasion
Côté alimentation, Zoé précise qu’ils font la démarche d’acheter la majorité de leurs produits frais chez des petits producteurs.
« On mange des aliments de bonne qualité mais ça coûte un peu plus cher que si on allait au supermarché. »
Au niveau des vêtements, Zoé et son compagnon achètent beaucoup d’occasion et ont tendance à garder leurs vêtements plusieurs années.
« Le neuf, c’est principalement en soldes ou alors dans des enseignes qui font des vêtements réputés de qualité, qui tiennent plusieurs années. La seule dépense sur laquelle on ne regarde pas, c’est les chaussures pour notre fils. On souhaite lui acheter des chaussures de bonne qualité, alors on va dans un magasin spécialisé et on met le prix. »
Côté loisirs, se faire plaisir mais traquer les dépenses inutiles
Côté loisirs, le couple achète des livres, va au musée et loue de temps en temps un film en VOD. Elle a aussi un abonnement dans une salle de sport, tandis que son conjoint fait surtout du vélo. Enfin, la famille a deux chats, qu’il faut alimenter en croquettes et emmener chez le véto de temps en temps.
Depuis quelques mois, Zoé s’est mise à traquer les dépenses « inutiles » qui pèsent dans leur budget.
« Je me rends compte qu’on a vite fait de dépenser 10, 20 ou 30 euros pour une broutille, ou un gadget. En traquant ces dépenses, j’ai constaté le montant total que cela pouvait représenter. Le confinement a aidé forcément, comme tout était fermé, ces dépenses inutiles ont disparu et ça a eu un impact très positif sur le budget. »
Épargner pour réaliser un projet immobilier
Chaque mois, Zoé pense réussir à épargner environ 350/400 euros.
J’ai une partie qui alimente mon livret A (200€). Puis le reste va sur un PEL et sur une assurance vie.
Le couple a en effet prévu de se lancer bientôt dans un projet immobilier, mais pour l’instant, elle est la seule à réussir à mettre de l’argent de côté chaque mois. Plutôt fourmi que cigale, « mais une fourmi sympa », Zoé n’a jamais été à découvert : « Ah si, une fois, de 70 centimes et ça a duré 24 heures ! ».
Pendant mes études, même si mes parents m’ont aidée, j’avais un job étudiant pour compléter et boucler les fins de mois. J’ai toujours eu peur de manquer. C’est un sujet qui peut me crisper facilement.
Je sais être généreuse et me faire plaisir, mais certaines grosses dépenses de plus de 100€ vont me crisper. Mon esprit va être en boucle sur ça, je vais avoir le ventre qui se noue, etc. »
Le sujet qui fâche au niveau de l’argent en couple
Le compagnon de Zoé est lui plutôt du genre cigale.
« Il le dit lui-même : l’argent lui brûle les doigts. Il se sent obligé de dépenser. Il est donc régulièrement à découvert. Il y a quelques années, je lui faisais des virements pour combler ses découverts, mais j’ai arrêté depuis un moment. »
Heureusement, le couple échange beaucoup sur le sujet, pour essayer de comprendre comment fonctionne l’autre. Zoé a ainsi réussi à identifier la situation qui l’énerve le plus :
« C’est quand on fait une dépense ensemble et qu’il me dit au moment de payer qu’il ne va pas avoir les moyens et que tout va reposer sur moi. C’est surtout les achats pour la maison, pour notre fils, pour un projet commun.
Ce n’est pas tant le fait qu’il ne puisse pas payer qui me rend folle mais plutôt le fait qu’il attende la dernière minute pour me le dire. Quand je suis devant le fait accompli (genre quand la caissière de chez Ikea te regarde en attendant que tu insères ta carte bleue pour payer ton caddie qui est rempli de bougies parfumées et autres babioles).
Ce qui m’agace, c’est d’être prise de court. Je gagne plus que lui alors je sais que je suis plus large au niveau budget. »
Merci à Zoé d’avoir accepté de répondre à nos questions !
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