Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Zoé qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Zoé
- Âge : 35 ans
- Métier : contrôleuse de gestion dans la fonction publique
- Revenu mensuel : 1760€ par mois en comptant son salaire et sa prime d’activité
- Animaux de compagnie : un chat
- Lieu de vie : un appartement qu’elle est en train d’acheter, au centre d’une ville moyenne
Les revenus de Zoé
Pour son travail de fonctionnaire contrôleuse de gestion, Zoé touche un salaire de 1730€ net par mois, auxquels s’ajoutent 30€ de prime d’activité pour un total de 1760€. Un salaire, qu’elle estime approprié, même si elle sait qu’elle pourrait gagner plus. Elle explique :
« Je me sens correctement payée. J’ai la chance de toucher plus que le SMIC, et je pense être dans la moyenne. Mais pour un poste équivalent dans le privé, je gagnerais plus : les avantages de la fonction publique sont bien moins nombreux qu’on ne le croit ! »
Elle cite, par exemple, l’allocation d’invalidité à laquelle elle pourrait avoir droit si elle travaillait dans le privé, après deux ans d’arrêt longue maladie : en tant que fonctionnaire, elle n’y a pas droit.
« J’aimerais pouvoir retourner dans le privé, mais c’est compliqué »
Mais Zoé explique qu’il ne serait pas simple pour elle de se faire recruter dans le privé. Parce qu’elle est reconnue comme travailleuse handicapée et qu’elle ne peut travailler qu’à temps partiel, elle suppose que son profil n’est pas très vendeur :
« J’aimerais pouvoir retourner dans le privé, mais c’est compliqué : j’ai un handicap. Je suis autiste, et je souffre périodiquement de dépression. Actuellement, j’ai une reconnaissance de travailleur handicapé qui me donne plus facilement droit à un aménagement de poste (en l’occurrence, un bureau seule et la pérennisation du télétravail).
Si je devais candidater dans le privé, je serais transparente, et je devrais annoncer que je suis une femme autiste et dépressive, qui ne peut travailler qu’à mi-temps car elle se fatigue vite, et qui nécessite des aménagements de poste. Malgré mon expérience et les avantages financiers dont pourrait bénéficier l’entreprise, j‘ai peur que ce ne soit pas très vendeur. »
Les dépenses de Zoé
Le poste de dépense principal de Zoé se trouve dans le remboursement de son crédit d’achat d’appartement. Pour son appartement de 60m2, proche de l’hyper centre de sa ville, elle verse 490€ mensuels à sa banque. D’ailleurs, elle précise qu’elle ne s’estime pas encore propriétaire :
« Je suis accédant à la propriété depuis deux ans. Je ne me considérerais propriétaire que lorsque je n’aurais plus de prêt à rembourser… Dans vingt-deux ans! »
Viennent ensuite les courses pour l’alimentation et les produits d’entretien, qui lui coûtent environ 350€ par mois, et ses factures courantes (charges, eau, électricité, gaz, chauffage…) qui lui coûtent mensuellement 175€.
Mais Zoé étant très économe, ces factures lui coûtent un peu moins cher en réalité :
« J’ai cherché les meilleurs prix pour chacun de mes postes de dépenses fixes. Au quotidien, je consomme peu : mes charges me sont en partie remboursées lors de la régularisation. Je ne chauffe pas mon appartement, par exemple, car j’ai au minimum 19°C chez moi grâce aux voisins ! »
Elle paie aussi 100€ par mois pour différentes assurances auxquelles elle a souscrit : habitation, voiture, mutuelle, décès ou perte de salaire, et la même somme en impôts.
« J’ai toujours peur de manquer »
Si Zoé est aussi économe, c’est parce qu’elle est, selon ses termes, une « grande angoissée de l’argent ». Elle explique :
« Enfant, puis ado, je vivais avec très peu. Sans père, et avec une mère dépendante d’une allocation invalidité, nous vivions des aides de l’État et des organismes tels que les Restos du Cœur.
Depuis que je suis autonome, je tiens mes comptes dans des fichiers Excel où chaque dépense et recette sont indiquées. Je peux y retrouver mes comptes détaillés depuis 2010! Je ne suis jamais à découvert. Je n’ai pas l’impression d’être radine pour autant, mais je n’aime pas devoir de l’argent ni qu’on m’en doive. »
Chaque mois, elle essaie donc d’épargner au maximum en cas de coup dur.
« J’essaye d’épargner 350€ par mois, répartis entre une assurance-vie (pour m’aider à la retraite) et une épargne disponible (livret A). Cet argent me permet de faire face aux imprévus, comme une machine à laver qui tombe en panne.
Ces derniers temps, j’ai beaucoup moins épargné car j’ai investi dans les travaux de mon appartement. Ce n’était pas prévu, mais avec le confinement, on y passe plus de temps, et j’ai eu envie de me sentir vraiment chez moi. »
Les loisirs de Zoé
En plus de ses frais de transports, qui s’élèvent à 40€ par mois entre son abonnement aux transports en commun et sa voiture qu’elle utilise en cas de besoin, Zoé aime aussi se faire plaisir, notamment sorties ou en loisirs culturels. Elle y dépense environ 100€ par mois, auxquels s’ajoutent 20€ de vêtements lissés à l’année.
« Craquer sur des dépenses, pour moi, c’est m’offrir des CD, des livres, des jeux de société ou des restos avec des amis. Il y a peu, j’ai aussi fait une commande de vêtements de 60€. Rien d’extravagant, mais je culpabilise quand même ! »
Elle explique avoir un rapport à l’argent assez différent des deux membres de sa famille proche : sa mère, qu’elle décrit comme assez dépensière, et son grand-père, qu’elle définit comme plutôt avare.
« Ma mère est de nature dépensière, pas très raisonnée. Quand elle a envie d’un truc, elle l’achète alors que pour un achat de 50€, je vais faire une étude de marché complète !
Mais je ne suis pas aussi avare que mon grand-père, je suis assez généreuse. J’aime rendre heureux les gens. Et si on m’offre un cadeau, je vais en offrir un en retour, sinon j’ai l’impression d’avoir une dette. »
Les projets de Zoé
En plus de ces petits plaisirs, Zoé fait aussi 20€ de dons mensuels à des associations de protection des animaux, et dépense 30€ par mois pour son animal de compagnie à elle : un chat, qui est un vrai réconfort dans son quotidien.
Quant à ses projets d’avenir, les choses sont assez incertaines pour l’instant. Elle explique :
« Je ne sais pas si je vais pouvoir continuer à travailler, car mon handicap prend le dessus. En tant que fonctionnaire, je n’ai pas le droit à la prime d’invalidité même si je diminue ma quantité de travail, et je n’aurai pas le droit à l’aide au logement car propriétaire.
Avec une baisse de revenu de 50%, tout mon budget s’écroule. C’est une très grosse angoisse pour moi car je pourrais perdre mon appartement. »
Elle essaie aussi de mettre de côté pour voyager, au Japon notamment, et espère pouvoir concrétiser ce rêve.
Merci à Zoé d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
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Les Commentaires
Du coup c'est une aide " carotte" qui part du principe que les gens ont besoin d'une motivation supplémentaire pour travailler. Si tu travailles peu/ avec un salaire très bas tu as une toute petite prime ( j'ai eu des mois à 27€...) Si tu travailles beaucoup/ avec un salaire moyen tu as une prime élevé qui ensuite va baisser progressivement si tes revenus sont trop haut.
Ici la madmoizelle qui témoigne à le minimum de la prime parce qu'elle s'approche de la limite ( 1800€ de tête)
Avant les gilet jaune la limite était à 1500.
Je trouve aussi que ce n'est pas très juste, aujourd'hui je touche plus que quand j'étais intérimaire et que j'en avais plus besoin...
Personnellement je serais plus pour une augmentation des aides en général et une forte augmentation des salaires pour qu'en effet les secteurs les moins attractif offrent un vrai plus au fait de travailler, mais c'est plus simple pour nos gouvernements de donner des dizaines d'euros de prime et de creuser les jalousies entre pauvres et basses classes moyennes.