Parce qu’Yseult le vaut bien. Fin juin, la chanteuse française a été nommée ambassadrice de L’Oréal Paris. C’est rare de voir une femme grosse devenir l’égérie d’une marque de beauté, a fortiori si elle est noire. Alors on peut se réjouir, tout en se demandant si elle restera longtemps l’exception qui confirme la règle selon laquelle seuls les corps qui correspondent le plus aux critères esthétiques dominants peuvent prospérer dans les industries créatives.
Yseult devient ambassadrice L’Oréal
Au média WWD, l’artiste raconte elle-même combien elle s’est longtemps sentie exclue des univers de la mode et de la beauté :
« En grandissant, je ne me sentais pas représentée. C’était très difficile pour moi en tant que femme noire, en tant que femme de grande taille, car j’avais un corps unique. C’était complexe de m’aimer. Il n’y avait pas de publicités ou de produits de beauté ciblant les femmes de couleur. C’était compliqué d’aimer mes cheveux, ma peau, d’embrasser mes particularités. »
Yseult au WWD
C’est ce qu’elle chante notamment dans Corps, écrite comme une lettre d’excuse à son propre physique qu’elle a longtemps détesté. Nouvelle chantre de l’acceptation de soi, Yseult impose son autonomie artistique, et s’efforce désormais de collaborer seulement avec des personnes capables de la respecter. Et les marques commencent à suivre.
Si bien qu’elle a attiré à elle des créateurs de luxe, peu habitués à présenter leurs vêtements en grande taille, qui ont voulu l’habiller. Comme Olivier Rousteing qui l’a notamment vêtue d’une robe blanche sculpturale pour qu’elle performe lors de sa présentation Balmain haute couture sur la Seine en juillet 2020.
Ou encore Casey Cadwallader qui a décliné le bodysuit Mugler, uniforme officieux de toutes popstars qui se respectent, pour Yseult qui l’arborait lors des Victoires de la Musique 2020.
Particulièrement normatives, les industries de la mode et de la beauté ont longtemps eu tendance à prôner la singularité tout en ne proposant que d’étroits moules de conformité. Mais Yseult l’assure aujourd’hui auprès du WWD : « L’Oréal ne m’a pas demandé de changer, mais d’embrasser qui je suis. »
Yseult le chantait : « Je n’ai plus rien à prouver à part faire de l’oseille »
Que ces industries créatives gravitent désormais autour d’Yseult lui assurera sans doute une meilleure sérénité financière, elle qui chantait qu’elle n’a plus « Rien à prouver à part faire de l’oseille » dans Rien à prouver.
Mais cela viendra sûrement avec un lot de scrutation supplémentaire de haters qui attendront le moindre faux pas pour lui coller un procès en manque d’humilité et d’exemplarité, tant qu’elle restera une figure et une silhouette peu courantes dans ce paysage qui dicte les codes du glamour.
C’est pour ça qu’il est si important que ce changement progressif du milieu pour plus de diversité et d’inclusion s’accompagne d’une multitude d’égéries pouvant paraître atypiques dans ce milieu plutôt que de concentrer cela sur quelques personnes. En plus de répartir cette responsabilité pouvant être source de pression, cela permettrait également d’élargir les sources de représentations et d’inspirations possibles, et d’exploser le concept même de moule exclusif et excluant.
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