Toss a coin to your Witcher, O valley of plenty, Toss a coin to your Witcher, A friend of humanity…
VOILÀ MAINTENANT TU L’AS DANS LA TÊTE. Comme moi depuis UNE SEMAINE. De rien ! Passons maintenant au vif du sujet.
Cet article spoile un peu The Witcher, mais sans révéler le destin des personnages !
The Witcher, ça parle de quoi ?
The Witcher est une nouvelle série Netflix, adaptée de la saga fantasy Le Sorceleur (déjà déclinée en jeux vidéo à succès).
Le héros, Geralt, est un Witcher, un mutant chasseur de montres dans un univers médiéval-fantastique. Les 10 épisodes de la saison 1 le mettent face à sa destinée…
Geralt va notamment croiser la route de Yennefer, l’un des deux personnages féminins principaux de The Witcher.
Qui est Yennefer, dans The Witcher ?
Yennefer est une magicienne qui fait la rencontre de Geralt par hasard… ou parce que le destin l’a voulu. Leurs parcours seront ensuite inextricablement liés.
The Witcher dévoile le passé de la jeune femme : maltraitée par une famille pauvre, elle a grandi avec un handicap et a fini vendue pour une poignée de pièces à la puissante mais sévère Tissaia, qui va lui apprendre à contrôler ses pouvoirs.
Yennefer désire la beauté et la puissance. Elle subit donc des modifications corporelles au moment de devenir officiellement magicienne, se débarrassant de son handicap… mais pas seulement.
Yennefer (The Witcher), en quête de maternité
Yennefer accepte de sacrifier sa fertilité en échange de sa nouvelle vie. Son utérus est retiré et brûlé dans une scène aussi sanguinolente que douloureuse.
Sauf que la magicienne finit par regretter d’être stérile.
Dans The Witcher saison 1, Yennefer est en quête d’une solution pour redevenir fertile, afin d’avoir le choix de concevoir ou non un enfant.
Et ça me soûle. Voilà.
(Non, je déconne, l’article continue hein.)
Yennefer, Black Widow… et le BESOIN de maternité
En tant que femme childfree (ne désirant pas d’enfants), j’ai pas mal soupiré quand j’ai compris que l’arc narratif de Yennefer était une quête autour de la fertilité.
Car trop souvent, les personnages féminins sont abordés sous l’angle de leur (in)capacité à devenir mères, de leur envie de procréer, de leur rapport aux enfants et au fait de « donner la vie »…
J’en veux pour preuve cette LONGUE liste de « clichés autour de la grossesse » disponible sur le site TV Tropes, qui recense des outils narratifs courants !
Yennefer me rappelle un peu Black Widow, dans les films Marvel : elle est solitaire, puissante, indépendante, farouche même. Mais rongée par une envie d’enfant impossible à assouvir.
Pourquoi le « besoin » de maternité de Yennefer me soûle
Comprends-moi bien, je n’ai aucune intention de nier la souffrance qu’on peut ressentir lorsqu’on désire concevoir mais qu’on ne le peut pas. Loin de là.
Je suis bien consciente que cette peine peut être immense, et quand je vois les parcours de combattantes auxquels certaines se livrent dans l’espoir de tomber enceintes, je ne ressens qu’empathie et respect.
Mais cela ne m’empêche pas de soupirer lorsque Yennefer affirme à Geralt qu’elle va s’atteler à trouver un moyen de retrouver sa fertilité perdue. Et ce, pour plusieurs raisons.
Une femme peut-elle ne pas être mère ? L’exemple de Yennefer
En premier lieu, le fait que
les femmes qui ne désirent pas d’enfants restent trop rarement respectées — dans la fiction comme dans la vie.
Quasiment toutes celles qui sont, comme moi, childfree, ont dû affronter des réflexions… alors qu’on ne dit pas aux femmes qui veulent un bébé : « Tu verras, tu changeras d’avis » !
La société résume trop souvent les individus de genre féminin à leur (potentielle) maternité, sans même se demander si le désir de conception les habite.
Je suis donc ravie quand je vois, à l’écran, une femme qui n’est pas concernée par les sujets de conception. Et déçue quand cette sacro-sainte maternité finit par revenir sur le tapis…
Surtout que le fait de ne pas être fertile n’est jamais montré comme positif. Car femme = mère, donc si femme = pas mère, alors femme = triste.
Je connais pourtant suffisamment de meufs qui rêvent de ne plus vivre l’angoisse de la grossesse, les galères de la contraception, et aimeraient pouvoir plus facilement se faire ligaturer les trompes !
Ça rejoint l’article de madmoiZelle sur l’avortement vu par le cinéma et les séries télé : quand un personnage féminin est face à une grossesse non désirée, l’IVG n’est que très rarement mise en scène.
Changement d’avis, pirouette scénaristique (fausse couche, erreur de diagnostic, accident)… Hollywood se plie parfois en douze pour éviter le sujet qui fâche.
Car si femme = mère, alors une femme ne peut pas désirer avorter…
Et pour en revenir au sujet qui m’anime aujourd’hui, la possibilité d’être mère sans concevoir soi-même n’est que très rarement abordée dans les cas similaires à Black Widow ou Yennefer.
Pourtant, vu les enfers que Geralt traverse dans The Witcher ou le nombre de décès dans Avengers, je me dis qu’il doit y avoir une tripotée d’orphelins et d’orphelines à adopter…
Ces femmes comme Yennefer qui ne semblent pas faites pour être mères
Ce cliché de femme qui désire forcément être fertile et concevoir me dérange d’autant plus lorsqu’il concerne des héroïnes comme Yennefer ou Black Widow.
Toutes les deux n’ont ni foyer, ni famille, n’aiment pas trop la compagnie, vont de ville en ville, mènent une vie dangereuse…
Je veux bien qu’il n’y ait pas de contexte PARFAIT pour élever un enfant, mais il me semble qu’avoir une douche et plus de 2g de patience, ça aide !
D’ailleurs, je reconnais avec joie que dans The Witcher, Geralt confronte Yennefer à ces interrogations ! Alors que pour Black Widow, elles ne sont même pas soulevées.
Bon, la meuf n’a pas de foyer, pas de proches, elle tue à tour de bras, entretient son corps au gramme près, a l’ouverture émotionnelle d’une huître verrouillée, mais j’imagine qu’elle est tout à fait prête à faire un bébé, oui oui oui !
Le besoin de maternité… et la paternité, alors ?
Tout ce qui me rappelle à quel point la société différencie les personnes selon leur genre a le don de me fatiguer.
Et tu le sais probablement aussi bien que moi : ce n’est pour ainsi dire JAMAIS un personnage masculin qui souffre de ne pas pouvoir être père.
Si au moins la dynamique était non-genrée, je me plaindrais moins, promis ! Mais comme d’habitude, si femme = mère, homme = plein plein de trucs… pas spontanément « père ».
Bruce Banner, alias Hulk, n’est-il pas rendu stérile par sa mutation ? Captain America tire-t-il à blanc ? On ne le sait pas, puisque visiblement ils s’en foutent.
Geralt lui-même a été rendu stérile par le processus faisant de lui un Sorceleur. Mais c’est encore et toujours LA FÂME qui souffre de son infertilité…
Je n’arrive pas à citer, sans réfléchir, un exemple de personnage masculin qui souffre de ne pas pouvoir concevoir d’enfant.
Car là encore, la fiction suit la société ; une société qui valorise à outrance la maternité, tout en ne s’intéressant que très peu aux pères et à la paternité.
Donnez-moi des hommes fictifs qui rêvent de pouponner, et promis, j’arrête de râler !
Pour conclure sur Yennefer et la maternité…
Je suis contente d’avoir pu saisir l’actu The Witcher pour parler de ce sujet qui me trotte en tête depuis un moment. J’ai hâte de lire tes réactions, chère Rockie !
Je conclurai ainsi :
- Oui à des fictions avec des femmes childfree, qui l’assument et le restent
- Oui à des fictions avec des femmes qui souffrent de ne pas avoir d’enfants, tant que le sujet est intelligemment traité
- Oui à des fictions avec des femmes qui sont mères, mais ne sont pas DÉFINIES par leur maternité
- Oui à des fictions qui explorent le rapport des hommes à leur paternité !
Votez pour moi. Je rends l’antenne.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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