Il y en a qui ne sont vraiment pas le couteau le plus aiguisé du tiroir. Sur TikTok, la plateforme de vidéos en ligne, des parents s’amusent à filmer leur enfant, seul face à la caméra, avec une image d’un fantôme flippant flottant derrière eux. Les gamins sont effrayés, et les parents sont morts de rire. Qu’est-ce qu’on se marre ! (non).
Terroriser les enfants sur TikTok, cette cruauté
Ces vidéos sont nombreuses. Sur certaines d’entre elles, les enfants se retrouvent face au téléphone de leurs parents. Ces derniers quittent la pièce, tout en enregistrant la réaction de leurs mômes, laissés seuls, face à l’apparition d’un fantôme grossier qui se met à flotter en arrière-plan, poussant un pseudo rire démoniaque.
Certains enfants pleurent, d’autres partent en courant ou hurlent et tambourinent à la porte pour appeler leurs parents, hilares, qui les récupèrent, après avoir tout enregistré.
En Irlande du Nord, l’homme politique Jason Barr a décidé de demander des explications à TikTok après avoir reçu des plaintes de plusieurs familles, horrifiées face à la propagation rapide de cette nouvelle mode.
Le porte-parole de la plateforme lui a répondu à travers le journal local The Belfast Live :
La sécurité et le bien-être de notre communauté sont notre priorité, c’est pourquoi nous interdisons et supprimons les contenus qui encouragent l’abus et l’intimidation des mineurs. »
Pourtant, depuis cette déclaration le 18 août dernier, de nombreuses vidéos d’enfants effrayés et traumatisés continuent de tourner, sous le hashtag #ghostfilter.
Outre les dégâts psychologiques que la vision de ce genre de filtre peut provoquer, il est tout particulièrement cruel de la part de ces parents de trouver un quelconque amusement à effrayer leurs enfants, pour divertir leurs abonnés (ou en gagner des nouveaux).
Si certains peuvent déjà trouver que le fait d’exposer les enfants, de manière générale, sur les réseaux sociaux, n’est pas correct vis-à-vis d’eux (on se demande où est passé leur consentement), il est d’autant plus douteux, cruel et violent de les exposer en train de vivre un évènement au mieux un peu flippant, au pire carrément traumatisant et de se moquer de leur réaction.
Rappelons au passage que L’Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire classe les moqueries humiliantes comme des violences. Catherine Verdier, psychologue pour enfants et contactée par Le HuffPost explique les conséquences de l’utilisation de ces filtres sur les plus petits :
Ils peuvent être complètement traumatisés. On peut trouver un stress post-traumatique avec des difficultés à dormir, à manger, des cauchemars… L’enfant peut traîner ça pendant longtemps. (…)
On s’autorise avec les réseaux sociaux des choses qu’on ne s’autoriserait pas s’ils n’étaient pas là. On peut mettre en scène des enfants, mais pas pour se moquer d’eux. Tout ça pour avoir des vues et des likes.
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Crédit photo image de une : Capture d’écran de la vidéo de breezyboy_marcus sur TikTok
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