Bon et ben voilà, je lui ai mis 5 étoiles à ce disque. Je n’arrive plus vraiment à me souvenir pourquoi je n’avais pas du tout apprécié la seconde moitié de Wolfgang Amadeus Phoenix. Il y a la critique qui revient souvent concernant les Français de Phoenix : on peut, en trifouillant avec la ferme intention de prouver que tout se ressemble, trouver des similitudes dans chacun de leurs chansons.
Phoenix c’est simplement un son, une identité, qui fait qu’on reconnaît du Phoenix quand on l’entend, pas seulement grâce à la voix de Thomas Mars. It’s Never Been Like That leur avait offert à un certain écho médiatique, mais ne m’avait qu’à moitié convaincue. Wolfgang Amadeus Phoenix casse la baraque.
C’est bien simple, tous les titres pourraient être des singles, sauf peut-être “Love Like a Sunset”, mais à l’ère d’Internet, tout est possible. J’ai des tas de slogans publicitaires qui me viennent à l’esprit : Phoenix ? Ca coule de source !, Phoenix, la pop devrait toujours être aussi bonne que ça ! (ou encore : Un Mars et ça repart !, que le chanteur a dû entendre quelques fois, désolée Thomas).
Wolfgang Amadeus Phoenix, c’est le genre d’album que je découvre avec en tête qu’il ne vaut pas forcément la hype qu’on lui attribue. Alors j’cherche des poux. Mais à force de chercher, d’écouter le disque deux fois, cinq fois, vingt fois… j’en oublie pourquoi j’essaye de lui trouver des défauts, et ses qualités me sautent aux yeux de plus en plus clairement.
Prenez “1901″ : c’est le tube pop rêvé. 3 minutes, pile comme il “faut”, des montées d’adrénaline toutes les 30 secondes, des basses monstrueuses, une impression immédiate à l’arrière de votre bulbe, et vous vous en prenez pour 6 mois de sifflotage intensif. Alliage parfait entre mélodie et exigence pop, énergie rock et … et merde, je retombe dans le slogan publicitaire.
A ma décharge, il faut bien avouer que critiquer un disque pareil, c’est pas un job. Ces Français sont trop doués. Tout à l’air facile, tout est évident. “Fences” déborde de simplicité et de maturité. Ils prennent leur temps, tranquillement, pour nous rappeler que s’ils savent balancer des tubes pop imparables, ils ont le sens du groove (même si le morceau finit par être un peu répétitif, j’ai tendance à passer à la suivante avant la fin – honte sur moi) et une envie insatiable de repousser les limites de leur son.
Ceux et celles qui connaissent déjà le groupe retrouveront un univers familier, avec la satisfaction immense de voir leur groupe progresser sans tomber dans la facilité, mais seront sans doute étonnés par “Love Like a Sunset”, un morceau de prog-rock titanesque. Si l’expression “montée d’adrénaline” veut bien dire quelque chose, elle trouve tout son sens dans ce morceau. Épique. Voilà peut-être pourquoi la seconde moitié du disque m’avait semblé un peu insipide à la première écoute. Difficile de se remettre d’un morceau pareil”. Je recommande donc une pause-pipi après ces 7′38″ de pure béatitude.
La voix de Thomas Mars dégage beaucoup d’ennui, de frustration, une espèce de maturité de grand-père piégé dans un corps de trentenaire aux chemises à carreaux. Mais la frénésie musicale de “Rome” ou “Countdown” arrive toujours à lui faire lâcher les cheveaux, et la chanson prend son envol vers la stratosphère à ce moment-là. “Rome” en ce sens est peut-être la chanson la plus impressionnante du disque avec “Love Like a Sunset”. Les paroles de Mars laissent assez de place à l’interprétation, les thèmes étant assez similaires au précédent disque : l’amour et… eh bien tout tourne plus ou moins autour de l’amour. Phoenix le revendique, et ça fonctionne plutôt très bien. Je ne m’étends pas, l’analyse de texte ne m’intéresse pas vraiment.
D’autres pépites s’enchaînent, le très jouissif “Girlfriend” où j’me rends compte à quel point la batterie joue un rôle primordial. Un album plus rythmé que le précédent ? Je ne me souviens plus, et franchement je n’ai pas envie de me détacher de WAP. Et enfin, trop tôt, car j’en voudrais encore 30 des chansons d’une telle maestria, “Armistice” qui ne déroge pas à la règle qui semble avoir été établie pour ce disque : ne rien faire qui ne se retrouve en-dessous de la barre de la virtuosité pop.
Le groupe ne se perd pas dans des expérimentations, ne cherche pas à révolutionner la musique, ne tombe pas dans la mégalomanie pop comme le titre de l’album aurait pu l’indiquer, rien de tout ça : il balance 9 chansons d’une qualité irréprochable, qui risque de vous faire sauter dans tous les sens, vous envoyer en l’air à des altitudes incroyables, et ce avec une facilité tout simplement déconcertante. C’est un disque que je vais écouter des centaines de fois, je le sais déjà (c’est presque le cas avec “Love Like a Sunset” qui aurait dû faire partie de ma playlist de révisions en fait).
Comme United, leur premier disque sorti il y a déjà 9 ans, Wolfgang Amadeus Phoenix ne devrait pas prendre une ride au cours des prochaines décennies. Un peu comme Animal Collective avec leur dernier disque, Phoenix tient sans doute là son premier très grand disque, le genre qui restera dans les mémoires plus longtemps que les autres.
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