Ce 4 mai, Wintegreat est au cœur d’un reportage sur France Inter : on y parle des parcours de réfugiés ayant participé au programme Wintegreat et en particulier aux cours concernant la création d’entreprises.
Atifullah Gardezzi, l’un des réfugiés ayant bénéficié de ce tremplin explique :
« Mon projet futur : je voudrais ouvrir une petite entreprise et maintenant je sais comment faire. J’ai appris beaucoup de choses. L’Oréal m’a choisi pour le stage, c’est très important pour moi. C’est la première étape pour réaliser mon projet. »
[cta lien="https://www.franceinter.fr/emissions/grand-angle/grand-angle-04-mai-2018"]Écoute le reportage de France Inter ici ![/cta]
Pour en savoir plus sur cette association, tout est ci-dessous !
— Initialement publié le 4 novembre 2016
Sana est originaire d’Alep, en Syrie. Elle est arrivée en France il y a trois mois et, il y a quelques semaines, elle a intégré le programme de l’association Wintegreat. Et c’est comme cela qu’elle a rencontré Marguerite, qui y est bénévole et nous explique ce que c’est :
« Wintegreat a été créée il y a plus d’un an par des étudiants d’ESCP Europe, une business school française. Le but est de donner la possibilité aux réfugiés et demandeurs d’asile de s’empouvoirer et de trouver une voie qui leur correspond en France, grâce à l’éducation et à des activités professionnelles qui concordent à leur parcours.
On a rencontré beaucoup de personnes qui nous expliquaient que leurs compétences n’étaient pas reconnues ici, et le but c’est d’éviter ce sentiment de « déclassement » par rapport à leur statut dans leur pays d’origine. »
Pour atteindre cet objectif, l’association est présente dans des écoles comme ESCP Europe, Sciences Po et bientôt l’Essec, l’Institut Catholique de Paris… Le programme proposé n’est pas le parcours traditionnel de ces écoles :
« C’est un programme court et intensif d’une année. Chaque semaine, ils ont 12 heures de cours de français, 2 heures d’anglais, et un cours appelé « Vivre en France » qui doit répondre aux interrogations et aux surprises culturelles qu’on peut avoir en arrivant ici. Ça aborde des problématiques sociétales, comme l’État par exemple. »
« Cette semaine, le cours concerne la laïcité et la religion je crois », confirme Sana.
Des parcours singuliers
C’est quand la situation en Syrie est devenue vraiment trop compliquée que Sana est partie, d’abord pour la Turquie, puis pour la France. Elle correspondait tout à fait au profil recherché par Wintegreat pour intégrer son nouveau programme à Sciences Po :
« J’ai d’abord obtenu un diplôme en archéologie. J’ai travaillé en Égypte, en tant que reporter dans un magazine web. Puis j’ai travaillé comme journaliste freelance pour des médias turcs, ensuite dans une ONG, avant de redevenir reporter en Syrie pour une agence de presse turque. Et après, je suis partie vivre en Turquie, où j’ai travaillé pour l’ONG Integrity. »
Une des conditions pour intégrer le programme est d’avoir un niveau suffisant pour les études supérieures, notamment un équivalent du bac par exemple. C’est l’un des critères de recrutement que l’association a retenu d’après Marguerite :
« Cet été, on a développé un site pour pouvoir candidater. On pose quelques petites questions, on convoque pour des entretiens, mais outre le bac, l’important est la motivation car tout notre travail est bénévole donc il faut être à fond.
Par contre, même s’ils ne peuvent pas participer au programme parce que par exemple ils ont déjà un travail ou d’autres activités qui les empêcheront d’être présents à chaque fois, une fois qu’ils ont entendu parler de Wintegreat ils sont dans la boucle, on les renvoie vers d’autres associations qui leur correspondent mieux. Et ils peuvent candidater de nouveau plus tard, une fois que leur situation a évolué. »
Une intégration multifacette
Au sein même du programme, 44 étudiants ont déjà participé l’année dernière pour un semestre, avec des backgrounds très différents (Afghan•nes, Égyptien•nes, Kenyan•nes… qui pour certain•es ont pris l’avion, et pour d’autres ont vécu un long périple à pied). La moitié d’entre eux/elles sont parvenu•es à être accepté•es dans une université ou à trouver un emploi depuis. Mais même si ce n’est pas le cas, le programme est bénéfique sur beaucoup d’autres points :
« Ceux qui n’ont pas trouvé de voie pour le moment continuent le programme, mais ça leur a aussi apporté beaucoup de choses différentes : certain•es ont obtenu le statut de réfugié, se sont fait•es des amis proches ici, ils ont appris le français… C’est une intégration qui se fait de plein de manières différentes. »
Et cette intégration est permise par le deuxième apport du programme : un support tri-dimensionnel. « Je ne pense pas que ce serait possible de faire vivre ce programme sans ce soutien là », explique Marguerite, et ça se matérialise à travers trois personnes ayant différents rôles auprès de l’étudiant réfugié.
- Un•e mentor : c’est un•e alumni de l’école généralement, un•e professionnel. Son rôle est d’aider la personne à réfléchir sur son projet de vie, à l’adapter à la société française.
- Un•e coach : c’est un•e autre étudiant•e de l’école qui l’aide avec ses cours, mais aussi à avancer pas à pas, sur des questions administratives aussi par exemple, sur le logement…
- Un•e buddy : le/la buddy incarne la partie « vie sociale » du programme, l’idée est d’intégrer l’étudiant à son cercle, de le voir régulièrement, de créer des liens amicaux forts !
« J’ai un rendez-vous avec ma coach mardi par exemple. Là mon but est de trouver un endroit où vivre, pour le moment je suis hébergée chez une collègue de New Syrian Voices (ndlr : un projet destiné aux journalistes syriens exilés) mais mon mari va arriver bientôt. Ça m’a aussi beaucoup aidée pour le français, parce que je ne le parle pas encore, et ma prof est vraiment géniale.
Et j’ai défini mon projet : maintenant je veux étudier à Sciences Po, faire un master en relations internationales. C’est difficile mais je veux le faire, je veux pouvoir retravailler avec des ONG. »
Du travail bénévole
Marguerite n’est pas arrivée au cœur de cette initiative tout à fait par hasard. Elle avait fait un an d’échange en Turquie, et vécu deux ans en Grèce auparavant.
« J’y ai rencontré beaucoup de réfugiés, et j’avais l’impression que quelque chose devait être fait, mais je ne savais pas quoi. Alors quand je suis entrée en master, j’ai participé à quelques projets pour intégrer les réfugiés, et j’avais un cours d’entrepreneuriat qui m’a permis de rencontrer Théo et Eymeric qui avaient créé Wintegreat huit mois auparavant. Du coup je me suis investie avec eux. »
Si au départ ce n’était supposé être que l’affaire d’un mois, lorsqu’il a été question d’ouvrir un programme à Sciences Po, là où elle étudie, elle s’est lancée. Et son année de césure est pleinement axée sur ce thème puisqu’elle fait ce travail bénévolement pour Wintegreat, en parallèle de son stage à l’OCDE, dans la division des migrations internationales.
« On produit des articles sur l’impact économique des réfugiés en France, et c’est un impact positif ! C’est important de pouvoir insister sur ça, c’est aussi notre job par rapport aux universités ou aux entreprises : les sensibiliser à ce sujet pour qu’elles les embauchent.
Ils ont des compétences — et en s’adressant à Sana —, vous êtes solides, vous avez traversé tellement d’épreuves et pourtant vous êtes là, vous avez réussi à rentrer dans ce programme, avec Wintegreat vous pouvez m’apprendre beaucoup plus que ce que je peux vous apprendre moi-même en réalité ! »
Car oui, l’enjeu est aussi de « casser ce plafond de verre » auprès des entreprises qui parfois sont motivées pour soutenir l’association, mais qui lorsqu’il s’agit d’embaucher des réfugiés, ont du mal à franchir cette étape. Pour autant, Sana est positive au regard de son expérience :
« Lorsque je vivais en Turquie, les gens étaient différents des Français que je rencontre. Je veux dire, je suis Syrienne, mais j’ai étudié, j’ai travaillé et ils ne me considéraient pas !
En France je n’ai pas encore vu ça. Les gens ont été accueillants avec moi, et c’est important puisque si ce n’est pas le cas, je ne peux pas poursuivre le cours de ma vie. […] Peut-être que je retournerais en Syrie un jour, mais pas avant au moins 10 ans je pense… »
Et si moi je veux aider, je fais quoi ?
Pour le moment, ce sont surtout de grandes écoles qui sont sollicitées, « parce qu’on veut donner suffisamment de crédibilité à ces étudiants et on pense que c’est la responsabilité de ces écoles de donner à ces personnes la possibilité de s’empouvoirer », indique Marguerite.Il est vrai aussi qu’administrativement il s’est avéré que c’était plus compliqué avec d’autres universités. Il faut obtenir l’accord du directeur, un solide groupe d’étudiants motivés dans chaque établissement, et aussi pouvoir obtenir des salles et des professeurs qui, mis à part ceux qui enseignent le français — payés par Wintegreat —, sont bénévoles. Mais la preuve que c’est possible : le programme existe déjà !Comme je me sentais un peu impuissante face à ces événements depuis un moment, et très admirative de Sana et Marguerite, j’ai quand même demandé comment on pouvait les aider. Et comme je ne pense pas être la seule, voilà leur réponse :
« Si vous êtes étudian•tes en France ou même ailleurs en Europe, et que vous êtes intéressé•es pour nous aider à ouvrir une nouvelle branche, contactez-nous !
Et si vous êtes à Paris ou dans des villes comme Bordeaux, Lille ou Caen dans lesquelles on va ouvrir des programmes bientôt, nous allons avoir besoin de mentors si vous travaillez, de coachs et de buddy si vous êtes encore étudiant•es, dans les semaines et mois à venir. »
Par exemple, de mon côté, je vais rencontrer mon ou ma future buddy dans les jours à venir… Et j’ai hâte !
Pour retrouver Wintegreat :
- Le site de Wintegreat
- La page Facebook de Wintegreat
- Le twitter de Wintegreat : @wintegreat
- Et un mail si vous voulez des infos plus perso : [email protected]
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