Article du 17 juillet 2014
Avant toute chose, je précise que c’est mon propre point de vue que j’exprime. En effet, un wiccan ne peut s’exprimer qu’en son nom propre sur la pratique de la wicca.
La wicca, une religion ?
Une religion est un travail à faire pour vivre avec un ressenti, « quelque chose » qui touche aléatoirement des femmes et des hommes et qui semble indépendant de notre conscience.
Il s’agit donc de contrôler ce « ressenti » pour mener une vie épanouissante, en tirant éventuellement profit des potentialités induites par ce ressenti.
Généralement, les religions « mainstream » donnent un ensemble de règles de base (dogmes) pour encadrer le travail sur ce ressenti.
Le problème vient du fait que souvent, en plus de vouloir encadrer le travail sur le ressenti, une « religion officielle» cherche à encadrer tout court les fidèles…
Pour éviter cet écueil, un des points fondamentaux de la wicca est qu’il n’y a pas de règle de base sur ce ressenti.
Certains parlent d’ailleurs de spiritualité, le mot « religion » étant souvent accompagné d’un aspect dogmatique.
Cependant, à ma connaissance, la wicca n’a rien inventé : il existe d’autres religions/spiritualités avec cette base fondamentale sur le « ressenti religieux », comme le taoïsme par exemple. Cela permet une grande liberté personnelle.
Les principes fondamentaux
Un des points essentiels de la wicca est la « loi » (en réalité il s’agit plutôt d’un conseil) du Rede : « Si nul n’est lésé, fais ce que tu veux ! ».
Cette « loi » est généralement complétée (ce n’est plus consensuel même si cela reste majoritaire) par le triple retour : « Ce que tu fais te reviendra trois fois ».
L’interprétation de ces points est du ressort de chaque wiccan. Personne n’a une légitimité supérieure pour imposer une quelconque interprétation.
Mon interprétation du Rede et du triple retour n’a de valeur que pour moi. Avec cette interprétation, je sais quel type d’environnement je recherche dans la wicca, mais un autre wiccan peut tout à fait avoir une autre interprétation.
D’après mon expérience, à partir de son interprétation de la wicca et de ce que l’on cherche, il est possible de se trouver des affinités avec d’autres wiccans.
À une échelle locale (ou via Internet), des wiccans peuvent se regrouper pour approfondir des points ou pour mettre en place un projet. Ces groupes peuvent être informels ou structurés (en covens) quand la motivation est très forte.
Fidèles à la liberté wicca, les covens font l’objet d’une organisation et de choix différents, voire opposés — selon le degré de secret, le degré d’engagement politique, le choix du rituel, le choix du mode de décision du coven…
Mais le Rede interdit à un coven de garder un de ses membres contre son gré ou en le manipulant.
Par contre, en contrepartie de cette liberté de partir, rien n’interdit à un coven de demander le secret sur son activité à ses membres… s’il ne sert pas à cacher des choses allant à l’encontre du Rede.
Ceci explique la discrétion de beaucoup de wiccans. C’est l’envers de la médaille de la liberté dont nous disposons.
L’interprétation du Rede et les choix peuvent être complètement différents d’un coven à un autre et d’un courant à un autre.
Tenir une position tranchée sur la wicca est quasi impossible puisque le Rede est très souple — ou alors il faut beaucoup argumenter. Toute personne parlant de la Wicca doit donc le faire de manière très mesurée sous peine de voir une partie de la communauté l’accuser de vouloir implanter un dogme dans la wicca (ou plus prosaïquement de tirer la couverture à elle au détriment des autres sensibilités).
Les cinq éléments de la wicca.
Les rituels
À partir de cette base de départ ouverte, un élément important pour canaliser le fameux ressenti religieux est les rituels réguliers, expérimentés depuis longtemps dans la recherche religieuse.
Dans la wicca, on compte huit rituels liés aux saisons et treize liés à la lune. Ces rituels (sabbats ou esbats), même s’ils ont une vocation irrationnelle (pour célébrer, au choix du wiccan, la nature, le soleil, la lune, des déesses, des dieux des esprits…) ont une origine rationnelle et impersonnelle : l’astronomie, et non les étapes de la vie d’un messie fondateur ou d’un ancêtre mythique.
Là encore, c’est plus pour servir de guide qu’une obligation stricto sensu. Certains wiccans font plus de célébrations, d’autres en font moins.
Ces rituels varient également fortement d’un groupe à l’autre (en coven ou non). Dans la wicca originelle (dite wicca gardnerienne), une tenue très minimale (nu en fait : on parle de skyclad) était demandée ainsi qu’un outil bizarroïde (le fouet) et d’autres usages peu communs…
Ceci a alimenté bon nombre de fantasmes. Aujourd’hui, une infime minorité continue de maintenir ces usages, mais pour l’écrasante majorité des wiccans, c’est contre leur éthique au vu de la facilité des dérapages possibles — c’est mon cas et c’est celui des cercles wiccans dans lesquels j’évolue.
Précisons que dans la wicca, un rituel religieux solitaire a autant de valeur, intrinsèquement, qu’un rituel de groupe.
En plus de ces sabbats et esbats, les wiccas aiment beaucoup échanger. Des rencontres wiccas existent donc en plus des rituels.
Ce sont des moments où chacun peut amener le fruit de ses réflexions philosophiques ou éthiques, le résultat de ses recherches historiques, de son travail (herboristerie, tenue rituelle…), et où l’on peut s’échanger des livres. Là encore, l’organisation est variable.
Rester tolérant-e
Quand j’ai commencé à avancer sur le chemin de la wicca, un de mes mentors soulignait l’importance de cultiver l’humour.
Sur le moment, j’avoue que je n’ai pas compris en quoi l’humour était indispensable pour une pratique religieuse. Maintenant, avec l’expérience, je comprends que l’humour est effectivement une qualité indispensable pour maintenir à distance la bigoterie et l’intolérance, même dans une communauté avec un idéal de liberté aussi élevé que la nôtre.
Un wicca sans humour, c’est comme Van Helsing sans son crucifix : il est beaucoup plus vulnérable aux attaques des créatures de la nuit !
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