Bonjour à toutes ! Je suis vraiment désolée d’avoir été absente si longtemps : brusque rush universitaire avec travaux à rendre et tout le toutim ! J’espère que ce chapitre ne vous décevra pas (trop) et merci encore de me lire !
Le salon est désert, la porte vient de claquer sur le dernier des inconnus conviés par Clovis. Il a quitté la suite à l’aube, laissant Jade derrière lui.
Elle n’est pas sortie de la chambre, elle doit pleurer.
Je n’ai pas dormi.
J’échappe très rarement aux insomnies. Je peux compter sur les doigts d’une main les nuits où j’ai fermé les yeux plus de quelques heures ces deux derniers mois.
Silencieusement, je me lève et me glisse dans la chambre. Le soleil est au plus haut dans le ciel et inonde la chambre à travers la baie vitrée. Paris s’étend sous mon regard et aujourd’hui doit être une douce journée de printemps. Pourtant, j’ai terriblement froid.
Jade ne m’a pas entendu rentrer et même si elle avait remarqué ma présence elle l’aurait ignorée. Jade se moque de moi. Mon cœur est en miettes depuis trop longtemps pour que cela m’importe. Je m’assieds sur le lit et j’hésite à poser ma main sur son épaule. Elle sanglote sans un bruit, seul un très léger tremblement des couvertures la trahit.
« …Viens, je te ramène chez toi… », je murmure, trop bas pour qu’elle m’entende.
Elle se redresse dans le lit et son visage gâché par les regrets est celui, sublime, d’une reine défaite qui a perdu son royaume. Ses grands yeux me traversent, elle ne me voit pas. Je ne suis qu’un accessoire, une courtisane plus fidèle que les autres, dont la loyauté n’a pourtant aucun prix.
Elle me tend la main et je me lève, l’aidant à se redresser. Mes côtes me font mal et mon avant bras tire au creux du coude. Quand je suis avec Jade, je ne ressens pas le manque, juste la douleur. Ce sont les heures les plus heureuses de ma vie.
Aux enfants de la chance que nous sommes rien n’est interdit. Nous avons abattu toutes les barrières, tout tenté et nous sommes infiniment seuls, tristes pour le peu d’éternité qu’il nous reste à supporter. Nous recherchons la mort parce que c’est la seule chose que nous imaginons n’avoir pas encore connue.
Jade m’apaise et me blesse à la fois. Elle est l’aube et le couchant, l’euphorie et la douleur. Le dégoût surtout. Le dégoût de moi et des autres, qui lui font si mal. Jade avait tout pour être heureuse. Jade est une enfant gâtée que les cadeaux et l’argent ont tordue. Jade est handicapée du bonheur.
Jade n’a sans doute simplement pas envie d’être heureuse. Elle se prélasse dans le drame et se roule dans les larmes. Elle doit penser que cela lui donne de la profondeur. Jade aurait aimé être une âme maudite, je crois. Elle est tellement aveugle.
Je lui tends son jean et ses bottes alors qu’elle enfile son pull, éperdue. On dirait une enfant perdue, abandonnée par sa mère.
Je ne sais pas quoi dire.
Jade semble soudain s’apercevoir de ma présence. Elle me regarde, les sourcils froncés et je sens la colère gronder en elle. C’est Clovis qu’elle déteste plus que tout au monde mais elle ne s’en rend pas compte. Elle est juste trop confuse pour réaliser que ce n’est pas moi qu’elle a envie de tuer. Alors elle crie.
Elle hurle et je me tasse, je me recroqueville dans un coin de la pièce sans rien dire. Sa colère enfle encore et encore et elle éclate toujours plus fort. Je baisse les yeux et c’est pire.
There’s a part in me you’ll never know.
The only thing I’ll never show.
Un air que j’ai oublié depuis longtemps roule dans ma tête. J’augmente le volume et je me concentre dessus. Jade se saisit d’une chaise et je ferme les yeux, chantonnant cette chanson qui semble sortie d’un autre âge. Un temps où tout allait bien.
La chaise explose en me heurtant, la douleur me brise. Je n’entends plus rien que la musique. J’ai le souffle court.
Hopelessly, I’ll love you endlessly.
Et puis le calme s’abat, comme une vague et la douleur reflue. Plus rien ne bouge et j’ose lever les yeux.
Jade est partie. Pas la douleur.
Meurtrie, je me relève. La musique s’est tue.
Jade a pris le large et le manque me heurte à nouveau, impitoyable.
Aux enfants de la chance que nous sommes rien n’est interdit. Nous avons abattu toutes les barrières et nous sommes infiniment libres.
Mais la vie n’a plus rien à nous offrir.
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Les Commentaires
Et pour ce chapitre, du même avis, on avance pas asseeeezzz même si ce chapitre fait partie des plus beaux, avec celui d'Alexandre
Donc je pense que ton écriture évolue, les caractères aussi.
Maintenant... de l'action