— Article initialement publié le 17 mai 2016
C’est quand la dernière fois que vous avez vu une femme inspirante à la télé ? Je veux dire, une femme qui vous ressemble, qui pourrait être votre voisine, votre grande soeur, vous, en fait, dont le parcours aurait pu être le vôtre, à peu de choses près ? Dont le témoignage vous touche, parce qu’il rend tangible les rêves que vous n’osez pas convertir en ambitions ?
On se construit des modèles en collage, en mosaïque, par défaut
Pour ma part, ça n’arrive pas souvent. Et encore, j’ai un parcours plutôt confortable : quand on a fait une grande école, on arrive à croiser quelques « role modele » en chemin. Mais depuis que je me suis reconvertie en saltimbanque des Internets, en journaliste-sans-le-diplôme, je rencontre beaucoup de jeunes femmes… privées de miroirs, contraintes à se projeter à travers des mosaïques : le caractère de celle-ci, la verve de telle autre, la ténacité d’untel, l’ambition de celui-là…
On se construit des exemples comme on fait un collage, en prenant autour de nous ce dont on a besoin pour bâtir un modèle qui nous ressemble.
W(e) Talk pour moi, c’est un miroir magique : vous ne saviez pas que ces femmes existaient, elles viennent à vous et vous surprennent, vous fascinent, juste en étant elles-mêmes.
C’est lors de la première édition, en 2014, que j’avais fait la connaissance de Fatoumata Kebe, dont le parcours ne cesse de m’impressionner : elle est doctorante en astronomie, elle a persévéré dans une voie que j’ai quitté dès la Terminale, découragée par le manque de soutiens et d’encouragements prodigués aux filles dans les matières scientifiques.
J’ai honte de ma résignation quand je la mesure à la persévérance de Fatoumata, et si j’ai tant voulu parler de son parcours sur madmoiZelle, c’était aussi pour toutes celles qui se diraient ou se laisseraient dire qu’elles ne sont « pas faites pour ça » !
W(e) Talk, c’est quoi ?
C’est une journée de conférences dynamiques, où se succèderont à la tribune des ambassadrices et des intervenantes, venues présenter leurs parcours et leurs actions. Le thème 2016 est :
« Les artisanes du commun : elles font ensemble pour un autre demain »
Ça se passe le samedi 21 mai 2016 à La Bellevilloise (donc là), le programme est ici et la billetterie est là (W(e) Talk est une association à but non lucratif !)
Qui sont les intervenantes ? Que des femmes fantastiques, vous vous en doutez :
- Chérazade Kabache et Mounia Bellila
- Hélène Puzin
- Anaïs Bourdet, aka « Paye Ta Shnek »
- Quitterie de Villepin
- Kenza Isnani
- Judith Aquien
- Nathalie Geetha Babouraj
- Hawa N’dongo, qu’on connait déjà sur madmoiZelle, puisqu’elle est notamment l’auteure de ce Slam sur Mon voile, ma liberté
Pour avoir un aperçu des précédentes éditions, rendez-vous sur le site de l’association :
- Édition 2014 : « Ne pas faire sienne les limitations des autres »
- Édition 2015 : « Elles réinventent le(ur) monde »
Rendez-vous samedi 21 mai 2016 à La Bellevilloise !
W(e) Talk, c’est un miroir magique
Ce n’est plus « dis-moi qui est la plus belle », mais « montre-moi que c’est possible »
J’aime bien cette métaphore du miroir magique, parce qu’elle renvoie aux contes de fées qui ont bercé mon enfance, et sans doute affecté mes ambitions. Des événements comme W(e) Talk en corrigent la morale superficielle. Ce n’est plus « dis-moi qui est la plus belle », mais « montre-moi que c’est possible ».
La vérité est que je n’ai besoin de personne pour savoir « qui est la plus belle » : la société et l’ensemble des représentations médiatiques me rappellent en permanence que je ne suis pas assez ceci, trop cela… Quand on n’est pas une femme blanche, c’est déjà perdu : on ne fait pas partie des canons de beauté de base, c’est comme si on n’existait pas. Alors quand des femmes comme Lupita Nyong’o prennent la parole pour dénoncer cet état de fait, ça fait du bien.
Exister autrement qu’à travers l’apparence qu’on attend de nous, c’est une première étape.
Mais la route est encore longue pour trouver sa place dans une société grevée d’oppressions, et on manque cruellement d’éclaireuses, de porte-flambeaux, de modèles à suivre auxquels on puisse s’identifier, tout simplement.
Tuto « changer le monde »… en commençant par son état d’esprit
Les intervenantes sont des femmes ordinaires, devenues extraordinaires par leurs accomplissements
W(e) Talk est cette mine d’inspiration et de motivation : les modèles féminins qui sont mis en avant par l’association ne sont pas des héroïnes aux super-pouvoirs mutants, portées par le destin. Ce sont des femmes ordinaires, devenues extraordinaires par leur parcours et leurs accomplissements.
Elles changent déjà le monde, chacune à leur échelle, mais leur plus grande réussite à mon sens, c’est de passer le flambeau et entraîner dans leur sillage des nouvelles volontés, qui susciteront à leur tour de nouvelles vocations.
Je fais partie de ces femmes que ce monde sexiste épuise, qui n’en peuvent plus du sexisme ordinaire mais « c’est normal, j’suis une fille ». Les récents témoignages sur les violences sexuelles en politique avec l’affaire Baupin rajoutent une couche à mes désillusions.
Pourquoi je soutiens W(e) Talk ?
Je suis allée en spectatrice à la première édition de W(e) Talk en 2014, sur le thème « ne pas faire sienne les limitations des autres ». J’ai écouté les témoignes d’Annie, Aya, Béatrice, Elisa, Fatoumata… et j’en ai été bouleversée.
J’avais envie de leur dire : mais où étiez-vous ? Pourquoi c’est pas vous qu’on voit en couverture des magazines, sur les plateaux des JT, pourquoi c’est pas votre voix qu’on entend dans les émissions de radio, partout, tout le temps ?
Ces voix, elles m’ont terriblement manqué en grandissant : je n’avais pas sous les yeux, à portée de clic ou de poignée de mains, des exemples de femmes s’étant frayé un chemin à travers l’avenir que je voyais truffé d’obstacles et d’embûches.
Et encore, j’ai compris assez rapidement que je n’étais même pas parmi les plus à plaindre dans cette société ! C’est pourquoi je soutiens activement les initiatives positives, peu importe leur domaine, tant qu’elles contribuent à rendre visible, à donner une voix à toutes celles que l’on n’entend pas ou trop peu.
Elles ne réalisent pas qu’aux yeux des autres, elles ont déplacé des montagnes pour se frayer un chemin
Je suis extrêmement fière d’être l’une des ambassadrices de cette 3ème édition de W(e) Talk, le 21 mai 2016. Je garde un souvenir vif et ému des deux premières journées : ce qui me frappe à chaque fois, c’est combien le parcours de ces femmes leur semble naturel et « normal » à les écouter… Certaines ne réalisent pas qu’aux yeux d’autres, elles ont déplacé des montagnes.
Et c’est peut-être ça, le secret de leur réussite, celui dont nous devrions tou•tes nous inspirer, l’idée de cette fameuse citation de Mark Twain, que je vais me permettre de féminiser pour l’occasion :
« Elles ne savaient pas que c’était impossible, alors elles l’ont fait ».
C’était aussi le thème de l’édition 2015 : « Elles réinventent le(ur) monde ». Il y avait cette idée de dépasser ce qu’on a dans les mains et devant les yeux pour sortir du cadre, décidément trop étroit pour les femmes en général, a fortiori pour celles qui cultivent les ambitions.
En 2016, W(e) Talk inspire à dépasser les discours pour prendre les choses en main, en appelant sous les projecteurs « les artisanes du commun » qui « font ensemble pour un autre demain ».
En cherchant à se frayer un chemin, elles ont ouvert la voie
Je n’aurais pas choisi une autre bannière pour rassembler les bonnes volontés et les ambitions de changement, en cette année 2016 : personne ne construira le monde de demain à notre place, et c’est avec une immense fierté, beaucoup d’humilité et d’admiration, que je présenterai l’une de ces artisanes le 21 mai prochain, l’une de celles qui construisent un avenir plus juste, plus inclusif, plus durable, en un mot : un monde meilleur.
À lire aussi : Résolutions 2019 : et si on changeait le monde ?
En espérant que ces parcours, ces projets, ces personnes vous inspirent autant qu’elles m’ont inspirée ces trois dernières années ! Je vous donne rendez-vous à La Bellevilloise, samedi 21 mai ! Venez à la rencontre de celles qui, en cherchant à se frayer un chemin, ont ouvert la voie pour beaucoup d’autres.
Des questions ? Viens les poser dans les commentaires !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
@Clemence Bodoc ça mériterait peut-être d'upper l'article ? (Mais encore une fois j'ai peut-être loupé un truc)