Il y a cinq ans, Marine Le Pen a instrumentalisé son image pour propager son idéologie raciste. Aujourd’hui, elle a lancé son podcast inclusif, collectif et inspirant, We Belong, ainsi que We Cannes, un programme de financement de cinq films œeuvrant pour plus de diversité
Madmoizelle a rencontré Yasmine Ouirhrane, qui nous a livré son témoignage sur le harcèlement qu’elle a subi de la part de l’extrême-droite.
Le parcours de Yasmine, entre lutte pour une Europe inclusive et résistance contre l’extrême-droite
À cette occasion, celle qui a été couronnée du titre de jeune européenne de l’année en 2019 nous a ouvert les coulisses de son nouveau projet, We Cannes. Un programme qui tire son nom du fameux slogan de Barack Obama et qui réunit des talents du cinéma ouvrant de nouvelles perspectives.
Quelle est la genèse de We Cannes ?
Y.O. Je vais te raconter une histoire. Quand j’avais 8 ans je faisais du théâtre, je rêvais de devenir actrice. Un jour, je suis tombée et je me suis cassée les deux dents de devant. Ça m’a traumatisée, j’ai arrêté le théâtre. Mais l’amour du cinéma ne m’a jamais quittée, et je me suis jurée d’y revenir.
Quand j’ai voulu créer We Belong, j’ai beaucoup réfléchi au format. Comme c’était en même temps que le covid, le format seulement audio s’est imposé. Mais très vite, il m’a semblé important d’en faire un documentaire. En 2021, je suis entrée en contact avec Bavand Karim [Bavand Karim a notamment participé à la production de Gasoline Alley, Slayers, The Tutor, Americana, Eileen ou encore Monkey Man, N.D.L.R]. Je l’ai contacté sur LinkedIn, je ne le ne connaissais même pas. Je lui ai expliqué que je souhaitais mettre en valeur cinq histoires. Ça lui a parlé et on a décidé de construire un partenariat entre We Belong et CINE, sa maison de production.
Madmoizelle. En quoi consiste We Cannes ?
Y.O. Notre objectif est de rassembler 15 millions de dollars pour financer 5 films, dont un film de la réalisatrice afro-italienne Daphne Di Cinto, dont le court-métrage Il Moro a été sélectionné en long-list aux Oscars.
Notre lancement à Cannes a réuni des hommes et des femmes venues d’Inde, de Chine, du Kenya, pour visibiliser cette diversité dans le cinéma. Pour moi, We Belong ce n’est pas Yasmine, c’est un nous. Pendant longtemps, j’ai eu l’impression d’être seule. J’étais l’unique jeune femme racisée à prendre la parole dans de grandes institutions. D’autres femmes méritent d’être mises en valeur.
Pourquoi avoir choisi de transmettre ces histoires par le cinéma en particulier ?
Que ce soit par son passé colonial ou sa diversité, la France est un pays de l’immigration. Pourtant, dans les sphères de pouvoir, on ne voit pas cette diversité. Ni dans les médias, ni dans les institutions européennes, ni même les films. C’est comme le fait qu’il ait fallu attendre 2023 pour donner l’occasion à de petites filles noires de s’identifier à une héroïne Disney.
Chez We Belong, on dit souvent « if you see it, you can dream it » (si tu le vois, tu peux le rêver) Quand tu ne vois pas des personnes faire les choses que tu aimerais faire, tu t’interdis de les faire. Elles semblent impossibles. Je suis fille d’immigrés, je viens d’une famille modeste. Mes grands-mères étaient illetrées. Je parlais peu français quand je suis arrivée en France. Rien ne me prédestinait à mon parcours. Aujourd’hui, je transforme ces faiblesses en force et comme une responsabilité envers toutes les autres femmes qui veulent faire entendre leur voix.
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