On peut être un génie et un con : ce n’est pas incompatible, et James Watson est l’un de ceux-là. Celui qui a co-découvert la structure de l’ADN en 1953, et qui a reçu un prix Nobel pour ce fait d’armes, est par ailleurs profondément raciste et misogyne, ce qui lui a valu d’être progressivement écarté par ses confrères.
« Personne ne veut vraiment admettre que j’existe »
James Watson ronchonne contre cet évincement progressif, qui n’est que la juste conséquence de son comportement, et de propos inacceptables.
Le cas Watson est un exemple rassurant (et assez satisfaisant, je l’admets). Non, ce n’est pas parce qu’on a eu un éclair de génie et fait une découverte essentielle, qu’on peut se permettre par ailleurs de débiter les pires horreurs, et s’en tirer à bon compte.
Sur Slate
, Laura Helmut retrace la carrière du scientifique, et rappelle certaines des sorties extrêmement problématiques de l’homme :
« Watson a émaillé toute sa carrière de remarques racistes et sexistes, mais il s’est vraiment surpassé il y a sept ans en confiant au Sunday Times qu’il était « intrinsèquement pessimiste quant à l’avenir de l’Afrique » parce que « toutes nos politiques sociales se fondent sur le fait que leur intelligence est la même que la nôtre —alors que toutes les études montrent que ce n’est pas vraiment le cas ». Il a également affirmé que même en souhaitant très fort que l’intelligence soit la même d’une ethnie à l’autre, «tous ceux qui doivent gérer des employés noirs constatent que ce n’est pas la vérité». […]
Un de ses premiers péchés a été de n’avoir jamais attribué à Rosalind Franklin, chimiste qui travaillait aussi sur l’ADN à l’époque, le mérite de ses recherches cruciales sur les clichés obtenus par diffraction des rayons X, sans lesquelles lui et Francis Crick n’auraient pas été les premiers à découvrir la structure à double hélice de l’ADN (Linus Pauling et d’autres les talonnaient et l’auraient trouvée). Dans ses mémoires intitulées La double hélice, il appelle Franklin «Rosy» (surnom qu’elle n’utilisait pas), critique ses tenues et son maquillage et la qualifie à tort d’assistante d’un autre scientifique. »
James Watson restera dans les annales pour avoir co-découvert la structure de l’ADN, mais on s’abstiendra d’encenser l’homme derrière le scientifique : circulez, rien à voir. Ou plutôt, allez lire l’intégralité du portrait que lui consacre Laura Helmut sur Slate (traduit par Bérengère Viennot).
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