Warlord est un excellent seinen, dont j’avais déjà eu l’occasion de vous parler en juin dernier, lors de la parution des deux premiers tomes.
Cette série, scénarisée par KIM Sung Jae et dessinée par KIM Byung Jin, se déroule dans un univers de dark fantasy où le seul espoir de retrouver la paix tient entre les mains d’un petit groupe de combattants.
© KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
Les deux auteurs avaient déjà travaillé ensemble sur Chonchu, et KIM Byung Jin a également signé le dessin de Jackals, un seinen complètement explosif. À nouveau, dans Warlord, le talent du dessinateur nous en met pleins les mirettes, son trait fin et élégant sert parfaitement une mise en scène très cinématographique.
KIM Byung Jin, l’interview
Le dessinateur était invité à la Japan Expo en juillet dernier, et j’ai eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions.
© KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
Bonjour, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai eu une enfance peuplée de manwhas [les bandes dessinées coréennes, NDLR]. J’ai eu la chance de grandir entouré de BD, et j’ai commencé à les imiter naturellement. À force de m’amuser à dessiner chez moi, je me suis aperçu que j’étais le meilleur de ma classe en dessin. Mes copains m’enviaient, et j’ai eu envie de continuer à les éblouir. Je me suis entraîné dur, et peu à peu je suis devenu dessinateur professionnel.
Plus sérieusement, c’est quand je dessine que je me sens le plus heureux. J’éprouve un véritablement sentiment de plénitude, je me sens vivant.
Comment raconteriez-vous Warlord en quelques mots ?
Plus j’y réfléchis, et plus je m’aperçois que l’arrêt de la série Chonchu m’a laissé un sentiment d’inachevé. Donc j’ai peut-être commencé Warlord, pas pour terminer Chonchu, mais pour ne pas rester sur un sentiment d’échec.
Chonchu à droite, Warlord à gauche — © KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
Pour résumer, Warlord est un prequel très ancien sur les origines du mal, donc Chonchu même. J’ai eu envie de transposer l’univers de Chonchu dans autre chose de plus animé, mais en conservant l’esprit d’origine.
Comment se déroule votre travail avec le scénariste ?
Ça se passe super bien ! On fait des réunions plusieurs fois par an avec le scénariste, l’éditeur et sa collaboratrice la plus proche. Et dès que l’un a une idée, il la communique aux trois autres.
Il y a énormément de personnages dans Warlord ; les travaillez-vous en amont ou au fur et à mesure ?
J’ai une manière de travailler très organisée. Ce qui compte le plus, c’est la structure de l’histoire. Une fois que l’intrigue est en place, je pense aux personnages. Chaque personnage a une mission, un but à atteindre, une fois que ces deux éléments sont déterminés, j’essaie d’étoffer chacun, notamment avec des aspects psychologiques, ses doutes, ses passions… D’abord l’histoire, ensuite les personnages. Pour résumer.
© KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
Quels outils et techniques utilisez-vous ?
D’abord, je fais l’esquisse au crayon, puis je passe au scan, et je jongle ensuite entre deux logiciels, Photoshop et Comics Studio.
Les armures et les armes que l’on trouve dans Warlord sont très belles et détaillées. Sont-elles inspirées de vrais armements militaires ?
Je constate avec plaisir qu’on me fait souvent des remarques sur la beauté des armures et des armes. Pour être honnête, je fais peu de travail de documentation. Mais je garde toujours un œil ouvert sur ce qui se fait dans la mode, le cinéma, même dans l’industrie automobile.
J’emmagasine les belles choses dans ma tête, tous les visuels qui me marquent… Quand je travaille je m’en inspire, en me demandant si cela peut coller avec ce que je veux raconter.
© KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
Et quelles ont été vos influences pour créer les univers et décors ?
C’est d’abord une histoire de fantasy, avec beaucoup de nature, notamment des montagnes. Pour les montagnes, je me suis inspiré de photos de paysages européens. Pour les décors intérieurs, c’est pour l’instant très orientalisant, notamment chinois. Je me suis aussi inspiré du château du Shôgun (au Japon).
Vos scènes de combats sont très dynamiques, cinématographique. Le cinéma influence-t-il votre mise en scène ?
Là aussi, j’ai dans ma tête une foule d’images inspirées de séries télé, de films, de spots publicitaires…qui tournent en rond. Quand je reçois un scénario, qu’il y ait des scènes de combats ou non, j’essaie de le monter en film dans ma tête, comme un réalisateur. Je veux trouver l’angle le plus optimal pour transmettre l’émotion, et la force du combat.
© KIM Byung Jin, KIM Sung Jae, Daewon C.I. Inc.
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Les Commentaires
J'ai acheté les deux premiers tomes suite à l'article sur le blog BD