Joy et Alan, tous deux teenage lovers, ont la quarantaine bien entamée, de grands enfants, une vie paisible dans une petite ville près de Manchester, des boulots relativement peinards. En revanche, ils s’emmerdent au pieu.
Leur force ? Ils sont encore suffisamment proches pour être capables de se le dire, et même de s’avouer qu’ils n’ont plus du tout envie l’un de l’autre.
Partant de ce constat, Joy, qui est sexothérapeute – les cordonniers les plus mal chaussés tout ça tout ça – propose à Alan d’ouvrir leur couple à d’autres relations. En toute transparence. Une décision qui va les amener à se découvrir un peu plus l’un et l’autre.
Des personnages fouillés
La force de cette série réside surtout dans ses personnages, extrêmement fouillés. Si tu aimes creuser dans la psyché de tes héros et héroïnes préférées, avec Wanderlust, tu vas prendre ton pied.
Nick Payne, l’auteur de la série, qui adapte ici l’une de ses pièces de théâtre, disait dans The Evening Standard : « on est tous sexuellement frustrés ».
Et justement, autour du couple d’Alan et Joy, Wanderlust nous montre comment s’en sortent les différents protagonistes avec le sexe, avec une justesse qui est suffisamment rare pour être soulignée. Comment leur fiston, lycéen coincé, va faire ses premières fois (plus ou moins maladroitement), ou comment leur aînée, larguée après une longue relation, va se remettre en selle (avec un patient de sa mère).
L’un des tours de force de Wanderlust — qu’on pourrait traduire par « l’envie de découvrir un ailleurs », c’est surtout de présenter une expérience de couple ouvert sans verser dans le cliché vu et revu.
Avec cette expérience, Alan et Joy jouent avec le feu, se font juger par leur entourage, se désirent à nouveau, puis un peu moins, en discutent ouvertement, puis moins ouvertement, passent par de nombreux états tout au long des 5h et quelques que dure la série.
Et autour du sexe, la psychologie
L’autre élément central de Wanderlust, c’est l’attention portée à la psychologie. On la retrouve par exemple dans le rapport de Joy à ses patients. La série nous donne à voir de longs moments de séances en couple, ponctués par des silences si inhabituels qu’ils en deviennent dérangeants pour le téléspectateur.
Mais aussi dans de longues discussions de mise au point entre les différents personnages, jusqu’à ce point d’orgue fabuleux, où l’on assiste pendant la quasi-intégralité d’un épisode à une séance entre Joy et sa propre thérapeute — de quoi te donner une idée assez précieuse d’à quoi peut ressembler une séance de psy si tu n’as jamais osé franchir le pas.
Toni Collette, admirable et fabuleuse
Si l’écriture et les personnages sont particulièrement soignés, gageons que le succès de Wanderlust repose avant tout sur la prestation de Toni Collette, déjà particulièrement brillante dans “United States of Tara”.
Elle y incarnait une mère de famille touchée par le trouble de la personnalité multiple, un rôle qui lui permettait de laisser libre cours à son talent d’actrice. Ceci dit, son rôle dans Wanderlust est encore plus complet à mes yeux, et lui permet de déployer toute une nouvelle palette d’expressions.
Sur le dernier plan de la série, notamment, qui nous laisse sur une fin ouverte, parfaite à mon sens. Espérons que les producteurs ne tombent pas dans le piège de lui proposer une suite qui pourrait affadir l’oeuvre originale.
Les six épisodes, tels qu’ils existent présentement, se tiennent parfaitement, et méritent que tu t’y penches. Ça pourrait même, soyons foufous, ouvrir des discussions intéressantes au sein de ton couple si tu Netflix & chill avec ta moitié.
En tout cas, tu peux déjà me donner ton avis dans les commentaires, si tu l’as vu, en utilisant la fonction « spoiler » : qu’est-ce que ce dernier plan signifie selon toi ?
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