Publié initialement le 2 décembre 2011
Le 10 juillet 2016 — Suite à ce tweet étrange d’une mère-chrétienne-républicaine-soutien-de-Donald-Trump, qui est devenu viral, on se permet de republier cet article de Jack Parker datant de 2011.
Traduction : « voilà pourquoi je professe la chrétienté. Mes filles représentent le côté droit. Le vagin de Taylor Swift représente la gauche. » Tout à fait. Vous ne rêvez pas.
Au-delà de la confusion vagin-vulve tellement classique qu’elle finit par en devenir lassante (regardez notre Guide du vagin pour plus d’infos), la dame sous-entend que si on couche avec plus d’hommes, notre vulve se transformera en lambeaux de tranches de jambons.
Ce qui est totalement faux.
Publié initialement le 2 décembre 2011 — Alors voilà, en 2011, si on devait demander à quelqu’un de pas trop expérimenté (homme ou femme) à quoi ressemble une vulve, il nous décrirait sûrement un sexe lisse, fermé, sans rien qui dépasse.
Pourquoi ? Parce que c’est ainsi qu’on nous le présente, bien souvent.
Sauf que, j’ai un scoop pour vous : toutes les vulves ne ressemblent pas à ça naturellement.
Bien sûr, certaines femmes collent aux critères esthétiques actuels de naissance, mais ça n’est pas le cas de toutes les femmes.
D’autres ont des lèvres plus ou moins grosses, qui dépassent plus ou moins, parfois il y en a une plus grande/grosse que l’autre – et les couleurs changent aussi, parfois ça tire plus sur le rose, parfois sur le marron. Et tout ça, c’est normal.
C’est un complexe dont on ne parle encore que très peu : le complexe de la vulve « moche » ou « pas normale ». Combien de fois j’ai entendu des femmes me dire qu’elles étaient persuadées d’avoir un sexe difforme ?
Combien m’ont dit que, si elles avaient les moyens et que ça ne les faisait pas autant flipper, elles se feraient volontiers opérer ?
Et pourquoi ? Parce qu’on nous fait croire qu’un sexe doit avoir un certain aspect pour être accepté.
Parce qu’on nous fait croire que la plupart des femmes ont un sexe lisse, fermé et sans rien qui dépasse.
Vulve & Retouches
Dans le porno, tout est fait pour faciliter la tâche du spectateur : une épilation intégrale et un sexe « dégagé » (et bien souvent maquillé, comme toute parcelle de chair qui passe devant une caméra).
Ça permettra 1) de mieux voir ce qui se trame entre les jambes de la dame et 2) d’obtenir une esthétique léchée (hoho) façon Hollywood.
Une version précédente de l’article affirmait que la labioplastie était très couramment pratiquée dans le milieu du porno.
Mais il se trouve que ça fait vraisemblablement partie des nombreuses légendes urbaines qui circulent sur le milieu et qui s’adressent aux gens qui – comme moi – n’en regardent que très peu.
Ce qui n’empêche l’histoire des sexes maquillés et mis en valeur d’être vraie, certes, mais la labioplastie est plus souvent pratiquée par des « civiles » complexées que par des actrices porno.
En revanche, ce que vous ne savez peut-être pas toutes, c’est que beaucoup des sexes de femmes que vous voyez en photo sont eux aussi retouchés. Tout est fait pour que rien ne dépasse.
Voici un petit documentaire qui explique rapidement comment les retouches sont faites.
Par contre, ATTENTION : cette vidéo contient quelques scènes de labioplastie qui pourraient déranger les plus sensibles d’entre vous.
Ça se passe de 1min50 à 2min07, puis de 6min15 à 6min28 – pensez à zapper ces passages si vous voulez quand même voir le reste.
Du coup, la réaction première des jeunes filles qui voient un sexe lisse et tout rose pour la première fois de leur vie, c’est de jeter un coup d’oeil au sien.
On constate alors, dans la plupart des cas, qu’on est pas foutue comme ces actrices, et on finit par se demander si on est « normale ».
Et là, vers qui on se tourne ? Quand on a de la chance, on peut en parler aux femmes adultes de notre entourage.
Mais malheureusement tout le monde ne vit pas dans un environnement sans tabous. Alors on se tourne vers Google, on cherche des images de sexes de femmes, pour voir.
Mais on a plus de chances de tomber sur des schémas scientifiques ou des photos de maladies vénériennes diverses, alors on évite.
La vulve et l’éducation sexuelle bancale
Et à l’école, inutile de compter sur les cours d’éducation sexuelle basiques qui ne font que nous apprendre comment l’espèce humaine se reproduit.
C’est cool, une fois qu’on a capté l’histoire de la petite graine, on est censés mieux connaître notre corps et son fonctionnement, c’est ça ?
Bah ouais, sauf que personne ne nous dit à quoi un sexe ressemble vraiment (les schémas et dessins simplistes des manuels de SVT ne font pas trop dans le réalisme).
Ni comment ça fonctionne. Masturbation, préliminaires, rapports sexuels divers, orgasmes – personne ne nous parle de tout ça.
On a oublié de nous prévenir que le sexe qu’on a à huit ans n’est pas celui que l’on aura à vingt. Alors ouais, ok, pour les poils on est au courant, mais l’apparence de notre vulve change également avec l’âge.
Et il y a autant de sortes de vulves que de femmes sur Terre – ça en fait un paquet. Donc non, votre vulve n’est pas anormale. Si vos lèvres dépassent ou si vous en avez une plus grosse que l’autre, c’est NORMAL.
Il n’y a pas de vulve anormale. (sauf si vous avez un clitoris de 25 cm ou des lèvres qui arrivent aux genoux, mais ça reste relativement rare, je vous rassure).
Labioplastie vs. Naturel
De plus, il y a une chose à savoir concernant la labioplastie : ça peut réduire vos chances de prendre du plaisir et d’avoir un orgasme.
Des terminaisons nerveuses, vous en avez aussi dans les lèvres – essayez de passer un doigt dessus délicatement pour voir, ça risque de ne pas vous laisser totalement indifférente.
Alors certes, votre clitoris et votre point G resteront intacts, mais il vous manquera quand même une partie de votre appareil.
Je serais tentée de vous dire « si un homme critique l’aspect de votre vulve ou la juge « moche », c’est que c’est un gros con », mais ce ne serait pas tout à fait correct.
Nous avons des préférences esthétiques dans tous les domaines, et c’est valable également pour nos sexes.
Il y a des pénis qu’on aimera plus que d’autres, on est toujours en train de parler de leur taille, certaines femmes ne supportent pas qu’un homme ne soit pas circoncis – bref, nous avons nos préférences.
Et c’est pareil pour les hommes. Le fait qu’un homme préfère une forme de vulve à une autre ne fait pas forcément de lui un connard.
On ne choisit pas son partenaire en fonction de la couleur ou de la forme de son sexe, du moins je l’espère.
Tout comme il est rare qu’on largue un type qui nous plait vraiment juste parce que son zguègue vire à gauche et qu’on les préfère bien droits.
La vulve : Peace & Love sur elle
Je vais mettre mon costume de hippie-du-cul deux minutes pour vous dire, non, vous crier : AIMEZ VOTRE VULVE.
Sans déconner, elle vous est bien utile, on est bien contentes qu’elle soit là, n’attendez pas que quelqu’un en prenne soin à votre place.
Je connais plein de femmes qui n’arrivent même pas à se masturber avec leurs doigts, il faut que ça reste en surface voire même par-dessus la culotte – à croire qu’elles ont peur de leur propre sexe.
Je ne vais pas vous faire un éloge de la masturbation (Maïa l’a déjà fait), mais je reste persuadée qu’une bonne connaissance de son corps et donc de son sexe améliore grandement l’image qu’on se fait de soi.
Rien ne vous interdit de tomber amoureuse de votre propre plaisir.
N’allez pas charcuter votre pauvre vulve qui n’a rien demandé, aimez la telle qu’elle est, telle que d’autres l’ont aimée – vous êtes coincées avec elle à vie, autant vous en accommoder.
Et c’est pour cela que chez madmoiZelle on soutient le genre d’initiative du bouquin I’ll Show You Mine, grande galerie de la vulve sous toute ses formes, qui nous rappelle gentiment à la réalité.
Et parce que vous êtes encore (trop) nombreuses à réagir en exprimant votre dégout pour l’apparence du sexe féminin, le vôtre en particulier.
Vous n’êtes pas obligées de la porter en collier mais ce serait pas mal d’apprendre tranquillement à l’aimer, dans votre coin. Vous verrez, ça fait du bien.
À regarder aussi : l’indispensable Guide du Vagin, par Sophie-Pierre Pernaut et Marion Seclin.
À lire aussi : Tout sur la vulve, expliqué en moins de 3 minutes
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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