— Article initialement publié le 17 avril 2016
Début octobre 2015, j’ai vécu une drôle de semaine. Mon dernier contrat s’est terminé, mon ex et moi nous nous sommes séparés alors qu’on vivait ensemble. Plus de travail + plus de copain = retour chez les parents.
Oui, je n’étais pas au top de ma forme cette semaine-là.
Allégorie de ma vie
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Action → Réaction
J’ai rapidement pensé que rester là à ruminer mes malheurs dans ma chambre d’enfance ne servirait à rien et qu’il fallait vraiment que je me tire de là vite et loin.
J’ai alors pris des décisions qui n’ont pas trop changé le cours de mon existence, comme changer de fond d’écran et troquer le selfie de mon ex et moi pour un panda qui fait coucou. Et puis j’ai rapidement pensé que rester là à ruminer mes malheurs dans ma chambre d’enfance ne servirait à rien et qu’il fallait vraiment que je me tire de là vite et loin.
C’était impulsif, je n’avais jamais voyagé seule et je sentais que c’était le moment.
J’ai choisi un peu au pif d’aller en Espagne. Quant au choix de la ville, j’ai simplement pris la destination la moins chère pour un départ une semaine plus tard. Il s’agissait de Séville, une ville située en Andalousie, au sud du pays.
À partir de là, le compte à rebours était lancé. La préparation ça n’a jamais été trop mon truc mais là, j’avais vraiment trop peur pour y aller comme ça, les mains dans les poches. Alors j’ai posté un message sur le topic des filles voyageant seules en posant à peu près douze milliards de questions. Une fille m’a répondu par un simple message privé.
« Si tu vas à Malaga, passe me voir ! »
On a un peu, puis beaucoup discuté, et puis elle a fini par m’inviter à passer un week-end chez elle.
Le premier voyage toute seule : le chie-culotte
Dans ma tête, avant le départ, le scénario « ça va bien se passer » me semblait soudainement tout à fait fade et improbable face aux scénarios catastrophes.
J’étais persuadée qu’on allait voler mes papiers, que j’allais attraper une maladie grave voire qu’on allait me kidnapper pour me revendre comme une esclave. Je suis quand même partie, mais j’avais l’impression de foncer dans un mur.
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Le premier jour a été le pire. En arrivant à l’aéroport de Séville, la navette pour rejoindre la ville a eu un souci et j’ai été bloquée plus de deux heures. Il pleuvait alors que j’avais choisi l’Espagne en espérant du beau temps.
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Je suis ensuite allée au restaurant. Après avoir bien dit au serveur que je ne mangeais aucun animal, il m’a servi de la soupe avec à l’intérieur… des morceaux de jambon.
Il m’a expliqué que comme la soupe était faite de légumes, même en ajoutant du cochon dedans, il croyait que ça resterait végétarien.
Enfin, en entrant dans mon dortoir d’auberge de jeunesse le premier soir, j’ai surpris un couple entrain de copuler.
Quelques heures après mon arrivée, je regardais déjà les billets d’avion pour repartir dès le lendemain chez mes parents.
Bref, quelques heures après mon arrivée, je regardais déjà les billets d’avion pour repartir dès le lendemain chez mes parents. Et puis j’ai rencontré dans l’auberge de jeunesse un groupe de gens qui m’ont invitée à boire un verre avec eux. Je crois que le voyage a vraiment commencé à ce moment précis.
Par la suite, j’ai fait de très nombreuses rencontres, visité des lieux magnifiques et vécu des dizaines de moments géniaux.
Malaga, l’histoire d’un coup de foudre
Après quatre jours à Séville, je m’en suis allée passer le week-end chez la madmoiZelle qui m’avait invitée, disons Maria. On était mi-octobre, il faisait près de trente degrés ce jour-là et je suis arrivée chez elle toute transpirante.
Ça a été comme un coup de foudre amical, on a passé des heures à parler de tout et de rien. C’est comme si on se connaissait depuis toujours.
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J’ai adoré Malaga. Tout de suite, je m’y suis sentie bien. Je me disais que c’était le genre d’endroit où j’aimerais bien vivre.
J’ai adoré Malaga. J’ai eu la chance de découvrir la ville avec Maria, qui vit sur place et qui m’a permis de rencontrer plein de gens rapidement. J’avais lu plusieurs fois avant de m’y rendre que l’intérêt touristique de cette ville était limité. C’est en partie vrai mais, tout de suite, je m’y suis sentie bien.
Je ne sais pas trop si c’était plus dû au soleil, à la plage ou à l’ambiance festive et détendue permanente. Je me disais que c’était le genre d’endroit où j’aimerais bien vivre.
Et puis le week-end s’est terminé et comme prévu, je me suis rendue à ma prochaine étape, Grenade, pour y passer quelques jours. Peu avant le départ, Maria m’a dit en rigolant :
« La semaine prochaine, j’organise une fête, tu peux revenir passer le week-end si tu veux ! »
J’ai dit oui, en rigolant moi aussi. Et puis je suis revenue.
Malaga et le deuxième week-end un peu plus long que prévu
La ville m’a fait le même effet qu’une semaine plus tôt. À la fameuse soirée, j’ai rencontré un gars qui m’a dit sans que je ne demande rien que les Espagnols sont mauvais en langue et que les Français ne sont pas légion dans la région.
En bref, j’avais toutes mes chances de trouver un emploi.
Un ami m’a proposé de me loger chez lui pour une nuit ou deux. J’y suis restée dix jours.
J’ai alors envisagé pour la première fois de m’installer durablement ici, mais ça me semblait trop fou et trop rapide. Ça ne faisait que deux semaines que j’étais en Espagne.
En attendant, j’étais bien dans la ville, et un ami de Maria qui avait une chambre d’ami m’a proposé de m’y loger pour une nuit ou deux. J’y suis restée dix jours.
Tous les matins, on avait notre petit rituel d’aller à la plage prendre notre jus d’orange pressé sur des transats, puis lui allait travailler et moi je me promenais. J’ai dû partir car il devait accueillir une amie dans cette chambre.
Maria ne pouvait plus m’héberger, la parenthèse Malaga devait se terminer… Quand un autre acolyte de mon amie madmoiZelle m’a dit le plus simplement du monde.
« Tu peux rester chez moi une semaine de plus si tu veux. »
Le déclic et l’administration
À ce moment-là, j’ai décidé de tenter de m’installer à Malaga durablement. J’avais un petit plan. J’ai la chance d’avoir réussi à mettre des sous de côté au cours de ma jeune vie.
En parallèle de ça, Pôle Emploi peut continuer à offrir des indemnités chômage pendant trois mois si tu te trouves en Europe.
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Dans tous les cas, la vie en Espagne est particulièrement peu chère comparée à la vie que j’avais à Paris, donc financièrement je pouvais tenir six mois correctement.
J’ai pris un aller-retour Malaga-Paris pour récupérer mes affaires et régler paperasse et stérilet. La malchance a voulu que je débarque pile poil pour vivre les attentats en direct d’un bar dans le centre parisien. J’étais sauve, mon entourage proche également… Mais ça restait horrible.
Quand, une semaine après, j’ai pris l’avion pour retourner à Malaga, l’ambiance à Paris était encore au ralenti total, paranoïaque et triste. Il faisait froid, il pleuvait. J’étais comme brisée et c’était vraiment étrange de débarquer après ça à Malaga où la vie continuait sans que rien n’ait changé.
L’installation durable
S’installer a été assez facile et rapide. Je cherchais juste une colocation dans le centre ville, ce que j’ai trouvé en quelques jours à peine.
Mon appartement, je le partageais avec deux Andalous et un Allemand. Les deux Espagnols étant au chômage et le troisième colocataire étant en Erasmus, on a donc passé beaucoup de temps sur la terrasse immense de notre appartement, au soleil, à refaire le monde.
Pour l’une des rares fois dans ma vie, j’étais persuadée d’avoir fait un bon choix.
J’étais bien, petit à petit je m’étais créé un véritable réseau social au-delà des amis de Maria. Cependant, au fil des semaines, je sentais ma situation de chômeuse devenir pesante.
Je n’en pouvais plus de ne pas travailler, je sentais que personne ne croyait en moi quand je disais que je cherchais un emploi en Andalousie, région extrêmement touchée par le chômage… mais je ne voulais pas revenir en France car je savais que j’y serais également au chômage, sans cette qualité de vie.
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Ces semaines, je les ai utilisées pour beaucoup réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. J’étais certes sans emploi dans un pays où trouver un travail est extrêmement difficile, mais pourtant je n’avais pas l’impression d’avoir régressé, bien au contraire.
Pour l’une des rares fois dans ma vie, j’étais persuadée d’avoir fait un bon choix. J’essayais de rester positive et de garder foi en l’avenir.
Un nouveau départ
J’ai commencé à sérieusement déprimer début janvier, car entre Noël et le nouvel an, pendant près de trois semaines, presque aucune annonce n’avait été postée sur les sites de recherche d’emploi.
J’avais vu passer une annonce pour venir travailler chez madmoiZelle et j’y avais postulé sans vraiment y croire, sans même savoir si j’avais vraiment envie de retourner en France.
Et puis après des semaines de galère, j’ai soudainement eu deux entretiens ! Un à Malaga pour une marque française qui recrutait, l’autre à Paris pour madmoiZelle.
Je devais faire un choix. J’ai choisi madmoiZelle, même si ma vie aurait sans doute été super chouette aussi en restant à Malaga.
Je devais faire un choix : est-ce que je voulais rester en Espagne et continuer ma douce vie en ayant un job sympathique, mais sans plus… ou bien est-ce que je voulais retourner à Paris et reprendre ma vie là-bas, mais avec un super job ?
Les deux choix me semblaient bons, c’est pour ça que c’était si difficile. J’en venais à espérer de rater l’un des deux entretiens pour ne pas avoir à choisir.
J’ai choisi madmoiZelle. Je suis maintenant de retour à Paris depuis bientôt deux mois. Je ne regrette pas ce choix et je vois bien que Malaga a été une magnifique parenthèse dans ma vie, une pause qui m’a permis de me reconstruire différemment. Ma vie aurait sans doute été super chouette aussi en restant à Malaga, d’une autre manière.
Aujourd’hui, j’envisage de nouveau l’expatriation, mais peut-être ailleurs… Et en m’organisant plus avant !
Viens à ton tour témoigner d’une rencontre que tu as fait grâce à madmoiZelle en m’envoyant un mail à anouk[at]madmoizelle.com
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