Le 3 août 2021.
Cela peut ressembler à un problème de riches déjà ultra-privilégiés et hors sol, mais les révolutions du petit monde du marketing d’influence en disent long sur le monde du travail en général.
Fuck You Pay Me, l’appli-cri de guerre contre les inégalités salariales
Depuis quelques années déjà, des créatrices de contenus racisées s’insurgent du fait d’être bien moins payées que leurs homologues blanches. Ceci éclaire de manière particulièrement tangible des inégalités racistes structurelles. Et c’est notamment ce contre quoi viennent de s’organiser Lindsey Lee Lugrin et Isha Mehra. Ensemble, elles ont créé l’application FYPM (« Fuck You Pay Me », littéralement « Je t’emmerde, paie-moi »).
La première est elle-même influenceuse. La deuxième est data scientist (spécialiste de la science des données, leur analyse, leur exploitation, et leur valorisation). Elles ont lancé en juin 2021 cette appli qui favorise la transparence côté rémunération. Ce, dans le but de favoriser un traitement plus égalitaire dans ce milieu, comme l’explique leur page À propos :
« FYPM est une plateforme où les influenceurs peuvent partager de manière anonyme leurs expériences de collaboration avec différentes marques et rechercher des données de rémunération en crowdsourcing, ce qui permet de déterminer plus facilement le prix à facturer pour leurs services. Comme Glassdoor, mais spécialement conçu pour les besoins de la communauté des influenceurs. »
L’appli FYPM
Des rémunérations indexées à la race, à l’orientation sexuelle, et au genre ?
Cela permet de mieux évaluer combien on peut demander, mais aussi si on a déjà été sous-évalué ou non. Consciente que les enjeux de race sociale, de genre, et d’orientation sexuelle jouent malheureusement dans l’équation de la rémunération, FYPM collecte également des données, toujours anonymement, à ce sujet, afin de croiser au mieux les informations :
« FYPM est une plateforme dédiée à la promotion des groupes de personnes défavorisées dans la société. Nous demandons aux influenceurs de notre communauté de divulguer des informations personnelles sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, etc. afin que nous puissions créer un historique des modèles d’embauche / de l’engagement de chaque marque envers une représentation diversifiée et responsabiliser les marques. »
L’appli FYPM
Dans cette industrie bourgeonnante où des entreprises récoltent beaucoup de données sur les créateurs de contenus avec lesquels ils veulent travailler ou non, les influenceurs en savent beaucoup moins. Ceci renforce l’inégalité du rapport de pouvoir qui s’établit alors.
Professionnaliser un secteur qui exploite particulièrement les femmes
Ces collaborations s’établissent parfois dans des conditions floues, débutées en DM Instagram par exemple, sans forcément aboutir à des contrats officiels. D’autant que les influenceuses sont souvent très jeunes. Elles n’ont pas forcément eu d’autres expériences professionnelles auxquelles se référer pour savoir si c’est normal ou non de procéder ainsi.
En moins de deux mois, l’appli FYPM annonce déjà réunir plus de 2000 revues, au sujet de plus de 1300 marques différentes, émanant de près de 1500 créateurs de contenus. Autant de talents réunis dans l’espoir de professionnaliser ce secteur afin qu’il soit moins abusif et plus égalitaire.
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