« Adoptez le bon comportement. » Ce rappel trône sur les grilles du chantier de fouilles archéologiques en cours dans le centre de la ville de Saint-Denis, mené par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) et l’unité archéologie de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Sur les affiches, une femme agenouillée fouille la terre avec une truelle. Un texte accompagne l’image :
Nous vous demandons de respecter le travail des femmes archéologues, qui travaillent chaque jour sur ce chantier de fouilles. Nous vous rappelons que tout manque de respect à leur égard fera l’objet d’une dénonciation et de poursuites, comme le prévoit la loi. Depuis août 2018, l’outrage sexiste est une infraction pénale. La loi a été renforcée en avril 2023. L’infraction est désormais sanctionnée d’une amende allant jusqu’à 3 750 €.
Des commentaires sexistes en cascade
Pourquoi cette mise en garde ? Car depuis quelques semaines, les femmes qui travaillent sur ce chantier sont harcelées par les passants, tantôt destinataires de commentaires sexistes, tantôt hélées à travers les grillages.
Interrogée par le site actu.fr, Oriane Filhol, chargée des droits des femmes et de la solidarité à la mairie de Saint-Denis, précise : les archéologues ont été « victimes de deux types d’attaque. Les premières liées à leur corps, parce que, tout bêtement, depuis qu’il fait chaud, elles portent des débardeurs ; les secondes, parce qu’elles exerceraient un métier d’homme, et que leur place serait à la maison ».
On retrouve là une des rhétoriques fétiches du patriarcat : il faut écarter à tout prix les femmes de la sphère publique et les cantonner plutôt à l’espace domestique. Cela passe par leur rappeler à chaque instant qu’elles ne sont pas les bienvenues, même sur leur propre lieu de travail, où elles ont pourtant l’expertise et la légitimité d’exercer.
Des commentaires bien loin d’étonner Laura Mary, du collectif Paye ta Truelle, également interrogée par nos consœurs d’actu.fr : « Dans notre milieu, le physique et les compétences des femmes sont très souvent remis en question. De la part de personnes extérieures au chantier, mais aussi de la part de collègues hommes ».
Comme le rapporte BFMTV, les affiches ont partiellement été arrachées par les passants. Les choses se seraient néanmoins calmées et aucune plainte n’a été pour l’instant déposée.
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