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Sapin de noel dans une pièce vide
Vie quotidienne

Vous n’avez pas envie de passer Noël en famille ? Voici comment l’assumer

Quand les fêtes de fin d’année sont plus synonyme de stress que de joie, on peut décider de s’en extraire. Mais comment trouver le courage d’annoncer à ses parents que cette année, la dinde, ce sera sans nous ?

Antoine a la trentaine et cette année, c’est décidé, au moment où toute sa famille sera en train de s’échanger des cadeaux sous le sapin, il sera au soleil avec sa compagne, loin de l’agitation de Noël.

Le couple a en effet décidé de partir en voyage au moment des fêtes, pour ne pas avoir à participer à un moment à un moment qui suscite pour eux un peu plus de stress que de joie.

Une pression sociale très marquée

Une décision plus difficile qu’elle n’en a l’air, tant la manière de fêter la fin d’année est ancrée profondément dans la culture. Les films et les publicités nous inondent d’images de familles unies et heureuses au détriment de celles et ceux qui sont isolés, les magasins nous invitent à surconsommer… Partout, dès novembre, on parle de l’arrivée de Noël.

À l’échelle individuelle, cette structuration sociale du mois de décembre peut créer des tensions : Antoine, dans son cas, rappelle qu‘il peut être un casse-tête de savoir quoi faire, où aller, et comment gérer les envies de chacun.

« La première raison qui nous a donné envie de partir, c’est l’éternelle question : “Avec qui tu vas fêter Noël ?”.

Entre des parents divorcés et la belle-famille, il faut savoir quel jour tu passes avec qui, organiser tout un planning… Et prendre le risque de créer des tensions, de heurter certaines sensibilités dans sa famille. »

Antoine

Pour la psychologue clinicienne Karen Demange, rien d’étonnant à ce que Noël soulève des interrogations spécifiques à la famille : c’est une fête dont la signification est tellement liée à la famille que nos gestes, ce jour-là, sont interprétés comme un miroir de notre relation avec elle.

« Noël est une fête pleine d’attentes qui se focalise sur la famille et interroge tout notre rapport avec elle. Souvent, on demande aux gens ce qu’ils font pendant les fêtes et s’ils répondent “rien”, on part du principe qu’ils sont très seuls, qu’ils n’ont pas de famille… Pas qu’ils ont pris la décision de ne pas la voir.

C’est un vrai tabou parce que dans nos sociétés, cette fête est une sorte d’obligation sociale. »

Si vous êtes dans la situation d’Antoine et que vous vous demandez pourquoi il est bien plus difficile de refuser Noël que de dire que vous ne serez pas là à l’anniversaire de tonton Jean, voilà une première réponse : le réveillon de décembre est un jour connoté socialement comme fait pour être en famille, et il est très probable que la première réaction de votre famille, quand vous leur annoncerez votre envie de rider en solo, soit une grosse dose de surprise et une pointe de vexation.

Une fête « dépassée » ?

Mais pour Antoine, l’envie d’éviter Noël n’est pas seulement liée à des tensions familiales passées ou à venir : pour lui, la manière dont on consomme en fin d’année a de moins en moins de sens.

« J’ai l’impression que la fête de Noël telle qu’on la fêtait dans notre enfance est dépassée, surtout face aux enjeux actuels : il faut offrir plein de cadeaux qu’on achète neufs dans les magasins, on mange du foie gras et de la viande, on coupe des sapins de Noël qu’on affiche deux semaines chez soi avant de les jeter à la poubelle… Bref, on surconsomme, au détriment de la planète entre autres.

Même si des alternatives se développent, on peut ne pas avoir envie de ça et privilégier d’autres moment, en famille aussi, mais avec plus de simplicité. »

Sa compagne et lui décident donc d’utiliser ce temps de fin d’année pour prendre des vacances et partir tous les deux découvrir de nouveaux horizons. Mais une fois cette décision prise, il faut l’annoncer. Antoine, raconte que cela ne s’est pas fait pas sans appréhension :

« La première angoisse, c’est de devoir annoncer à ses proches qu’on ne fêtera pas Noël avec eux. On peut avoir très peur de la manière dont cette décision sera perçue : Dans notre entourage, tout le monde fête Noël avec sa famille, personne ne fait autrement.

On avait un peu peur d’avoir l’air d’être égoïstes, de préférer se faire plaisir en voyageant plutôt que de partager des moments en famille. Il y a aussi la peur de créer de la déception, de rendre les autres tristes… »

Assumer ses envies, y compris à Noël

Pour partager la nouvelle, Antoine a décidé d’attendre qu’on lui pose la question avant de « justifier » son départ par une occasion immanquable : un voyage peu cher, dans un endroit rêvé, au meilleur moment. Mais pour d’autres, l’idée même d’assumer son envie d’esquiver les Noël en famille est inenvisageable.

Karen Demange commence par rappeler :

« Noël, c’est une obligation sociale et familiale lors de laquelle il est presque obligatoire d’être heureux. C’est ce qu’on appelle un affect de circonstance — il faut être heureux pendant les fêtes et tristes aux enterrements.

Pourtant, peu de gens apprécient le repas de Noël autant que la « magie » de la période… Mais il est difficile de l’exprimer ! Comme si, le soir de Noël, il fallait ne ressentir que de la joie et mettre de côté tout le reste. »

Parce que ces pressions sociales peuvent être pesantes, particulièrement pour les personnes qui peuvent souffrir au sein de leur famille, elle renchérit :

« Heureusement, ce tabou se lève petit à petit ! La question qui se pose, c’est de se demander “Comment j’ai envie de passer Noël ?”. Est-ce qu’on préfère prendre le risque de ne pas être compris par les autres en leur expliquant qu’on ne viendra pas, au risque d’être exclu, ou est-ce qu’on préfère faire l’hypocrite en y allant et en regardant sa montre ?

Il n’y a pas de réponse type, ni de conseil spécifique à offrir : cela dépend du degré d’affirmation de soi, de proximité avec la famille de chacun.

Il peut être utile cependant de se rappeler qu’on ne peut pas toujours se faire plaisir à soi-même et faire plaisir à autrui en même temps — parfois, les volontés sont contradictoires. Et dans ce cas là, rien n’empêche la recherche d’un compromis, en expliquant que certes, le 24 nous saoule, mais qu’on aimerait bien faire un repas en petit comité en janvier, par exemple.

On peut aussi se demander ce qu’on essaie d’éviter : est-ce que c’est Noël et toutes les pressions autour, est-ce que c’est un repas de famille au complet, une norme… En fonction de la réponse, les réactions peuvent être différentes. »

Enfin, elle rappelle une chose qui fonctionne aussi bien à Noël que le reste du temps, mais qui mérite d’être rappelée :

« Quelles que soient les obligations, l’essentiel, c’est de passer un bon moment. La question qu’il faut se poser, c’est donc, avec qui je serai bien ?

Seule avec moi-même, avec mon chat, les parents bienveillants de mon amie, mon ex… Peu importe. Cela vaudra mieux que de passer une soirée tendue avec sa propre famille. »

Evidemment, ces décisions n’ont jamais à être définitives. La psychologue abonde :

« Noël laisse souvent un goût doux amer : la nostalgie, la magie, les blessures du passé, les tensions… C’est une période qui interroge et réinterroge chaque année sur les liens qu’on a eu, qu’on a, qu’on a plus avec sa famille. On a le droit de se poser la question, et de ne pas arriver chaque année à la même réponse ! »

Toutes nos pensées à celles et ceux qui auraient envie de dire bye-bye aux repas de famille de fin d’année mais qui n’ont pas encore réussi, et à toutes celles et ceux qui appréhendent le moment des fêtes. On espère vous avoir offert quelques pistes !

À lire aussi : Nos familles nous harcèlent, ma meuf et moi, pour savoir chez qui nous allons fêter Noël

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Les Commentaires

7
Avatar de Dragonfena
25 décembre 2021 à 17h12
Dragonfena
Ça n'a pas raté.
Ma tante montrait des photos de ma petite cousine à table et ma grand-mère qui se tourne vers moi et me demande si j'ai pas envie d'avoir des enfants (façon "t'attends quoi ?"
Qu'est ce que je peux répondre ?
Gros moment de gêne.
1
Voir les 7 commentaires

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