Dans une production de l’envergure de celle de Koh-Lanta, rien n’est laissé au hasard. Les tenues des candidats et candidates, les noms des équipes, les emblèmes des drapeaux… tout cela est réfléchi, décidé.
Et il en va de même pour un minuscule détail qui a peut-être plus d’importance qu’on ne le croit : le placement des aventuriers et aventurières lors des conseils d’immunité.
L’enjeu stratégique du placement au conseil de Koh-Lanta
Aux États-Unis, la saison 41 de Survivor (Koh-Lanta sous stéroïdes, avec beaucoup plus de stratégie et un million de dollars à la clef) a débuté il y a quelques semaines ; l’un des candidats, Ricard, a récemment remis sur le tapis le sujet des placements au conseil, car il a remercié la production d’avoir pris en compte son handicap en l’installant en bout de plateau.
En effet, Ricard est sourd de l’oreille droite et il a été placé de façon à ce que toutes les autres personnes soient à sa gauche — du côté où il entend, donc.
Mais ce n’est pas la première fois que le sujet du placement est évoqué. Car il revêt, contre toute attente, une importance stratégique.
Une ancienne candidate de Survivor, Elaine, plutôt petite, a en effet déclaré à Entertainment Weekly :
« La seule chose que je changerais c’est la façon dont on est placés au conseil d’immunité ! Je pense qu’on devrait tourner et que tout le monde devrait avoir l’opportunité de s’installer sur le rang du fond. »
Un caprice ? Non : une question de stratégie… car dans Survivor, il n’est pas rare que les candidats et candidates se chuchotent des choses en plein conseil, changeant parfois radicalement de plans. Elaine poursuit :
« La différence c’est que quand on est assis au fond, on peut murmurer, se jeter des regards, bref : communiquer sans que les autres ne nous voient, ce qui est un gros avantage. Depuis le premier rang, ces actions sont bien plus repérables. […]
Ça paraît insignifiant, mais ça peut faire une grosse différence. »
Dans Koh-Lanta, on retrouve un constat identique : même si on assiste plus rarement à des « live councils » — ces conseils très animés où les gens se lèvent carrément pour faire des stratégies en groupe, comme d’indisciplinés élèves de 5e B — on a souvent droit à de beaux regards appuyés, marmonnements et autres signes d’apaisement.
Le placement a donc un rôle stratégique.
Au conseil de Koh-Lanta, les grands derrières, les petiTES devant
De façon probablement très involontaire, cette question de stratégie dessine aussi les contours du sexisme.
Car comme Survivor, Koh-Lanta se base visiblement sur le placement dit « des photos de classe » : les grands derrière, les petits devant. Ou plutôt les petitEs. Car même s’il arrive que des hommes soient installés au premier rang (comme Sam dans le visuel ci-dessus), on a une écrasante majorité de conseils avec principalement des mecs au fond et des femmes en premier plan.
Elaine, de Survivor, a bien remarqué que ce choix de placement avantage les candidats masculins :
« Généralement ce sont les femmes devant et les hommes derrière. Dans les saisons précédentes je dirais qu’on a 90% des fois où les femmes sont au premier rang. J’imagine que c’est parce que les hommes sont en moyenne plus grands, donc on les installe derrière des femmes plus petites.
C’est logique, mais selon moi ce n’est pas juste ! Pendant ma saison j’étais la plus petite membre du casting et je n’ai jamais été installée à l’arrière. »
Heureusement l’aventurière a une solution toute trouvée pour Jeff Probst, l’animateur et producteur exécutif de Survivor — et il ne tient qu’à l’équipe de Koh-Lanta de l’adopter.
« Avec des sièges à la hauteur réglable, les filles plutôt petites comme moi pourraient s’assoir sur le rang du fond et faire des actions sournoises au conseil sans avoir peur de se faire repérer. »
Depuis cette prise de parole, Survivor semble avoir changé ses habitudes et installe plus souvent des femmes et autres personnes plutôt petites sur le rang du fond. Alors, Denis, on investit dans des tabourets réglables pour la prochaine saison ?
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