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Mean Girls // Source : capture d'écran youtube
Culture

Vous le saviez déjà, et vous aviez raison : Mean Girls est inimitable, désolée pour le remake

Allez savoir pourquoi, l’industrie a jugé que faire un remake d’un film aussi iconique, drôle et indémodable que Mean Girls était une bonne idée. On a beau être allé voir cette version 2.0 avec de la bonne volonté, on en est ressorti avec le nez qui saigne, à force d’être agressée par des blagues tristement molles, des acteurs peu convaincus et un montage tellement effréné qu’il ferait passer TikTok pour un haut-lieu de la slow-life.

130 millions de dollars au box-office, une comédie musicale à Broadway, des inspirations presque quotidiennes à travers des gif, des répliques qu’on connait par cœur, ou encore, un clin d’œil signé Ariana Grande. L’aura de l’iconique Mean Girls est bien trop lucratif pour ne pas attirer l’attention des producteurs. Moins de vingt ans après le film de 2005, ce qui devait arriver arriva : Paramount débarque avec une nouvelle version, qu’on a envie d’aller voir ne serait-ce que pour comprendre ce qu’elle a bien trouvé à ajouter au film original.

Mean Girls, de quoi ça parle ?

Après avoir grandi au Kenya, Cady Heron débarque dans un nouveau lycée, dont elle côtoie rapidement l’élite sociale, « Les Plastiques », dirigé par leur queen Regina George et ses sous-fifres Gretchen et Karen. Mais quand Cady a un crush sur Aaron, elle ne réalise pas tout de suite qu’elle vient de commettre une grosse erreur… sa nouvelle bestie va se transformer en ennemie. Cady décide de renverser l’ordre établi avec l’aide de ses amis losers, Janis et Damian. Parviendra-t-elle à imposer ses règles dans la jungle impitoyable du lycée ?

Être féministe, queer et antiraciste, c’est être moins drôle et moins créative. Vraiment ?

Aux commandes de Mean Girls, on retrouve la scénariste du teen-movie original, Tina Fey qui reprend son poste, ainsi que celui de productrice. Si le quatuor iconique du film de 2005 laisse place à des actrices assez peu connues, la présence en tête d’affiche de la chanteuse queer Renée Rapp avait quand même de quoi piquer notre curiosité. Et on a eu raison : parce qu’elle insuffle une « bad bitch energy » vraiment incarnée et digne du premier film, Renée Rapp est à peu près le seul point positif de ce naufrage qui frôle l’indigestion.

Mean Girls // Source : capture d'écran Youtube
Source : capture d’écran Youtube

Si l’on a trouvé bien peu à se mettre sous la dent en dehors des regards furieux et des titres incroyables de Rapp, une question nous a hantée devant le film. Dans quelle mesure la poule aux œufs d’or Barbie a-t-elle donné l’envie à certains investisseurs de retenter un braquage tout en rose ?

De fait, il est impossible de ne pas penser aux 50 shades of pink du chef-d’œuvre de Greta Gerwig devant la campagne marketing de Mean Girls. D’autant plus que les liens entre les deux films ne s’arrêtent pas là. En effet, on l’a lu dès la campagne de promotion de ce remake : le créneau du nouveau Mean Girls, c’est d’être « moins problématique » que l’original. On nous promettait de nous resservir notre film doudou (et effectivement, la nouvelle version ressemble parfois à une copie au détail près de l’original) en balayant son hétéronormativité, sa grossophobie et son racisme.

Mean Girls  // Source : Youtube
Mean Girls // Source : Youtube

Le problème, c’est que Mean Girls fait partie de ces films contemporains qui propagent l’idée que ne pas être problématique, c’est être moins drôle, moins impertinent et moins créatif. Or, c’est tout l’inverse – et Barbie n’en est qu’une preuve, parmi un milieu d’autres œuvres signées par des féministes.

Mean Girls pour les 5-10 ans : une vraie fausse bonne idée

Ainsi, les comparer n’est jamais aussi éclairant que lorsque l’on comprend que Barbie et Mean Girls sont de parfaits opposés. Là où Greta Gerwig nous faisait sans cesse éclater de rire ou nous émouvait pour mieux célébrer la nature grandiose et si complexe du féminisme, qui, tous les jours, doit composer avec la bêtise de la masculinité et l’immondice du capitalisme, Mean Girls, lui, ne s’encombre pas de ces questions. Dans ce remake, le féminisme se résume à des couples gays en arrière, arrière-plan de l’image, ou à trois lignes de dialogue « woke » qu’on croirait adressées à des enfants de 9 ans.

Prenons un exemple concret, avec cette séquence de Barbie où Ken joue de la guitare et chante en minaudant devant Barbie. C’est alors que la caméra recule et nous donne à voir des dizaines de mecs faisant la même chose avec des filles. Avec un geste de mise en scène simple et impertinent, qui remplace le dialogue par le rire et le malaise, Greta Gerwig nous fait éprouver l’absurdité du mansplaining, qui est aussi grotesque que bête et méchant.

Prenons maintenant l’exemple de Mean Girls : dans une scène, Caddy fait croire à Aaron qu’elle est nulle en maths pour lui plaire. Comment se résout cette problématique féministe ? Avec cette phrase de sa copine : « Non Caddy, tu ne dois pas faire croire à Aaron que tu es nulle en maths pour qu’il se sente intelligent, ce n’est pas féministe ! ». Déprimant, n’est-ce pas ?

Là où le film avait un boulevard pour réinventer l’humour du Mean Girls 2005, il préfère donner à voir des personnages tellement caricaturaux qu’ils semblent avoir été passés 100 fois au scanner, pour les rendre le plus lisse possible. Pour compenser ce manque de punch et d’incarnation, le film se vautre dans une avalanche de références à TikTok difficiles à suivre et de blagues pas vraiment drôles, qui s’enchainent vite pour ne pas qu’on s’y attarde.

La caution « woke » du film passe d’autant moins que Mean Girls opère des choix de casting très bizarres. Il a beau revendiquer son progressisme, les personnages queer et racisés restent cantonnés au second plan, tandis que l’histoire d’amour centrale se joue entre deux personnages blancs et hétéros (qui, entre nous soit dit, se ressemblent beaucoup trop physiquement.)

Mean Girls // Source : capture d'écran youtube
Mean Girls // Source : Paramount

Et, on l’avoue, on aurait adoré que Caddy pécho Regina, parce qu’elle est objectivement, beaucoup plus fraîche et intéressante que le morne Aaron. Ça, ça aurait été un Mean Girls 2024 qui claque.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

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Avatar de P0ire
11 janvier 2024 à 10h01
P0ire
Je suis d'accord, déjà il a pas l'air top mais de toute façon de base : à moins d'une vraie actualisation et réflexion sur le monde actuelle, il n'y a aucune raison de refaire Mean Girls. Il est parfait tel qu'il est. Ca me gonfle, ils peuvent pas faire des trucs originaux au lieu de massacrer des trucs parfaits tels qu'ils étaient ?
le film au regard de 2023 était vu comme ayant des passages grossophobes, racistes, et homophobes (je cite l'article). Du coup, ils l'ont lissé.
Connaissant le travail de Tina Fey qui a toujours eu le sens de la caricature et du bon mot, ça sent le rouleau compresseur marketing du "pasdevagues", et "ohmondieumaisçavapasdefairecetteblagueen2023 ! ". Du coup, on a mis son nom dessus pour le vendre, elle a du militer pour deux trois trucs qui lui plaisait (le casting ente autres) et le reste a été effacé.
Mean Girls était passé sous le radar des studios à l'époque. Tina Fey avait pu faire ce qu'elle voulait parce qu'ils le voyaient comme un "film de filles rose bonbon". C'est la popularité à posteriori du film qui lui a valu toute cette attention. S'il avait été sous le radar à l'époque, il aurait été beaucoup plus puritain.
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