Le temps n’est pas à l’optimisme, sur OCS, depuis le 12 septembre.
L’amour, le couple (exclusif et hétérosexuel) et surtout le mariage, y sont disséqués par Hagai Levi dans une mini-série de 5 épisodes dont notre cœur n’est pas ressorti indemne.
Scenes From a Marriage, l’adaptation moderne du chef-d’œuvre de Bergman
Avant d’être un huis-clos relativement progressiste porté par Jessica Chastain et Oscar Isaac, Scenes From a Marriage, ou Scènes de la vie conjugale de son titre Français, est une série en 6 épisodes d’Ingmar Bergman, un réalisateur et scénariste suédois, sortie en 1973 à la télévision publique suédoise avant d’être condensée en un seul et même (long) film.
Un programme qui était déjà, à l’époque, à des années lumière de faire l’éloge du mariage, du moins d’un point de vue institutionnel, et explorait le quotidien d’un couple dont l’homme admettait avoir une relation extra-conjugale.
Dans la version de 2021 créée par Hagai Levi, l’humeur est également au pessimisme. Mais elles sont nombreuses, les différences avec l’œuvre originale. Et pour commencer, les rôles, au sein du foyer, se sont inversés.
Cette année, c’est le mari qui reste à la maison s’occuper de sa fille, et l’épouse qui travaille dur dans la tech, ramène le plus d’argent, et entretient une relation adultère.
Une version, vous l’aurez compris, bien plus 2021 que l’œuvre originale. Progressisme oblige.
Il n’en demeure pas moins que les conclusions tirées par le programme demeurent rigoureusement acrimonieuse bien que, dans l’intervalle des crises du couple, on nous donne a voir des moments d’amour d’une beauté inouïe.
La télévision actuelle doit beaucoup à Hagai Levi qui, du haut de ses 58 ans, s’impose comme le grand prodige du petit écran. Et pour cause, c’est bien à lui qu’on doit la série la plus adaptée dans le monde : En thérapie (BeTipul de son titre original).
Le réalisateur, producteur, scénariste et critique israélien est aussi le papa d’un autre bijou de série : The Affair, pour lequel il a reçu un Golden Globe.
Bien que son talent ne soit plus à prouver, il en confirme cette année l’immensité dans un programme dont la dramaturgie n’est pas sans rappeler ses créations passées.
En effet, le couple en crise est l’un de ses domaines de prédilection, et il en analyse les contours dans chacune de ses productions, à commencer par The Affair, dont la tromperie et la désillusion sont le postulat même de l’intrique.
Dans Scenes From a Marriage, la dimension quasi-ubuesque du mariage (selon son créateur, bien sûr) est exposée dès les premières minutes. En effet, au début de notre intrigue, Mira et Jonathan sont interrogés par une étudiante sur ce qui fait le « succès » du mariage, et du leur en particulier.
Mira, indisposée par les questions, s’enferment dans un mutisme évocateur, quant à Jonathan, il répond avec plaisir, ravi de montrer à la jeune femme combien son mariage ne répond pas aux lois du patriarcat. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que qualifier de « succès » leur union s’avérera bientôt plus qu’ironique…
Bien qu’elle ouvre le programme, cette scène d’introduction sert déjà de support au malaise, qui vient s’y loger, sans qu’on sache vraiment pourquoi. Il va ensuite de mal en pis. Évidemment.
Scenes From a Marriage met en exergue le talent de ses acteurs
Quelques années après avoir tourné ensemble pour le sombre A Most Violent Year, sous la houlette de J. C. Chandor, Jessica Chastain et Oscar Isaac sont de nouveau réunis.
Si leur fusion se voit à l’écran, il en va de même dans la vie, et les deux acteurs made in Hollywood ont fait une apparition très remarquée sur le tapis rouge de la Mostra de Venise, dont les photos sont devenues virales.
En symbiose, du moins artistiquement parlant, les deux acteurs ont dès lors tout le loisir de sonder les potentielles failles de leur mariage fictif, et force est de constater qu’ils y parviennent avec brio.
Mais rares sont de toute manière les productions dans lesquelles les acteurs de cette trempe n’éblouissent pas.
C’est bien pour ça qu’on la critique, mais qu’elle demeure belle, Hollywood.
Surtout quand elle est mise au service de programmes brillamment écrits et mis en scène.
Bref, si l’on se couperait un bras plutôt que de finir la série Nine Perfect Strangers, on reprendrait volontiers quelques shooters de déprime en rematant ce qui est pour l’heure le meilleur programme de l’année.
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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