Il y a une phrase très énervante qu’on peut entendre quand on est enceinte et qu’on verbalise une certaine angoisse : « Faut se détendre ! Le bébé ressent tout dans le ventre et c’est mauvais pour lui ! ».
Non seulement suggérer à quelqu’un qui stresse de se détendre est à peu près aussi efficace que de conseiller à quelqu’un qui s’est cassé la jambe de marcher, mais en plus, cette idée selon laquelle le stress et l’anxiété ressentis pendant la grossesse peuvent avoir des conséquences sur le fœtus est hyper angoissante (MAIS FAUT PAS STRESSER HEIN !).
Le bébé n’est pas encore né et l’on est déjà une mère indigne, merci la culpabilité !
Non, les mères anxieuses pendant la grossesse ne font pas nécessairement des bébés anxieux
Si vous vous reconnaissez dans cette situation, vous serez peut-être heureuse d’apprendre qu’une méta-analyse parue au printemps dernier dans le Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry s’est penchée sur l’anxiété maternelle pendant la grossesse et après, pour vérifier si celle-ci avait un impact sur les enfants : sont-ils plus susceptibles d’être anxieux s’ils ont une mère qui a souffert d’anxiété pendant ces périodes clés ?
La méta-analyse a identifié huit études menées en Europe et en Amérique du Nord qui écartent la composante génétique des troubles anxieux, en se basant sur des cohortes formées parmi des parents ayant eu recours au don de gamètes
, mais aussi parmi des familles avec plusieurs enfants, dans laquelle un seul a été exposé à un fort niveau d’anxiété maternelle in utero.
Une fois la composante génétique des troubles anxieux écartée, l’étude ne met pas en évidence de lien entre l’anxiété maternelle pendant la grossesse et d’éventuels troubles anxieux chez les enfants. On repassera pour le « bébé qui ressent tout dans le ventre ». L’étude précise également que les mêmes résultats ont été trouvés dans le cas de dépression prénatale (avant la naissance) : elles n’ont pas eu de conséquences directes sur la santé mentale des enfants une fois nés.
De quoi rassurer les futures mères qui vivent des événements difficiles pendant leur grossesse (deuil, harcèlement, agression, rupture, etc.). Ou tout simplement toutes celles pour qui la grossesse provoque du stress (menace d’accouchement prématuré, historique de fausses couches, anomalies ou infections repérées lors du suivi médical, etc.).
Un lien entre l’anxiété des parents et les troubles anxieux chez les enfants
Les chercheurs et chercheuses derrière la méta-analyse expliquent que ce lien qui était jusqu’ici fait entre anxiété maternelle pendant la grossesse et anxiété chez l’enfant s’appuyait uniquement sur des études menées sur les animaux et sur des études observationnelles, ne prenant en compte ni la composante génétique des troubles anxieux ni le fait que les mères pouvaient continuer d’être anxieuse après la naissance, et avoir un impact sur leurs enfants à ce moment-là.
Sur ce point d’ailleurs, la méta-analyse relève un lien entre l’anxiété chez les parents après la naissance, et l’anxiété chez leurs enfants. Ces derniers auraient un peu plus de chances de développer des troubles anxieux s’ils sont élevés par un ou deux parents qui en souffrent eux-mêmes.
De quoi encourager les parents à chercher de l’aide auprès d’un ou une psy pendant les premières années, surtout que l’anxiété des enfants peut aussi aggraver l’anxiété des parents, créant une forme de cercle vicieux, selon les chercheurs et chercheuses.
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