En France, une personne sur cinq souffrira ou a déjà souffert d’une dépression au cours de sa vie. Selon l’OMS, les troubles dépressifs constituent le premier facteur de morbidité et d’incapacité mondial.
Ce trouble mental a beau toucher un paquet de monde, il reste mal identifié, surtout par celles et ceux qui en viennent parfois à l’autodiagnostic sur la base de tests peu fiables en ligne… Et c’est sans compter les personnes qui, par abus de langage, le tournent en dérision ou le confondent avec une baisse de moral passagère !
Tout ça pourrait bien être en passe de changer, grâce à… Apple.
Les iPhones, bientôt capables de détecter la dépression ?
Une potentielle prochaine fonctionnalité des iPhones s’annonce en effet un peu plus utile qu’un énième changement de taille ou que l’ajout d’un objectif pour des selfies en meilleure résolution que la réalité elle-même.
Le géant du smartphone travaille actuellement sur une nouvelle technologie capable d’aider à diagnostiquer le déclin cognitif ainsi que différents problèmes de santé mentale comme la dépression. Bonne nouvelle ou dystopie ?
La tech au service de la santé mentale
Pour diagnostiquer une dépression ou un épisode dépressif, un ou une professionnelle de la santé mentale doit évaluer plusieurs choses : la présence de symptômes caractéristiques du trouble (entre autres, une tristesse constante, une perte de l’estime de soi, une réduction de l’énergie, une perte d’intérêt pour les activités du quotidien, etc), mais aussi leurs risques, sévérité et leur durée.
Comment un smartphone sera-t-il capable de déterminer tout ces facteurs ? En récoltant tout un tas de données sensorielles et de signes liés à des troubles mentaux et neurologiques !
En partenariat avec l’université de Californie à Los Angeles et le laboratoire pharmaceutique Biogen, Apple a surveillé la vitesse de frappe, la mobilité, l’activité physique, et le sommeil d’un échantillon de 3000 personnes.
Les scientifiques se sont également intéressés aux données de leurs appareils photos et des capteurs audio de leur smartphone, notamment à travers leurs expressions faciales ou encore leur rythme cardiaque et respiratoire…
Et tous ces éléments donneraient des indices cruciaux sur l’état mental des propriétaires de smartphones et d’Apple Watch.
Un diagnostic, et après ?
Selon le laboratoire Biogen, qui participe à l’étude de cette nouvelle fonctionnalité, la récolte de toutes ces données sera également d’une grande aide pour détecter d’autres troubles cognitifs, ainsi que les indicateurs précoces de certaines formes de démence comme la maladie d’Alzheimer.
Bonne nouvelle pour faciliter l’accessibilité aux diagnostics, quand on sait que le parcours thérapeutique peut être long, et qu’il existe encore des tabous autour de la santé mentale venant freiner les consultations.
Mais pas sûr que le fait que le géant de la technologie ait accès à ce genre de données plus personnelles que jamais soit très rassurant…
Je ne sais pas vous, mais le fait que mon futur iPhone en sache plus sur moi que mon propre médecin, ou que moi-même d’ailleurs, ne m’inspire pas particulièrement confiance. Que se passera-t-il si de telles données sont utilisées à d’autres fins que le diagnostic de la dépression, voire hackées ou revendues ?
Et peut-on se pencher quelques secondes sur l’ironie de cette future fonctionnalité ? Le rôle de la technologie sur le déclin de la santé mentale n’est plus à prouver. Malgré tout, ce serait notre « bourreau » lui-même qui viendrait apporter les solutions aux problèmes auxquels il a amplement participé ?
Quoiqu’il en soit, de nombreuses études restent encore à mener avant que notre smartphone ne devienne notre médecin de poche. Et même lorsque cela sera le cas, cela sera-t-il suffisant ? Une fois le verdict donné, l’utilisateur se retrouvera-t-il seul face à lui-même et son diagnostic ?
Cette future technologie embarquée, si elle voit le jour, devra être couplée d’un accompagnement pro, sinon elle ne sera qu’un autre gadget aussi inutile que potentiellement dangereux.
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Crédit photo : picjumbo.com (Pexels) / Alex Green (Pexels)
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