Les parents ont bien souvent peur d’influencer toute la vie de leur enfant de façon négative : une réflexion déplacée, un ordre donné avec dureté ou un battement de cils un peu rapide… et c’est la thérapie assurée dans le futur pour leur progéniture !
On dit souvent que tout se joue avant trois ans ; que la façon dont on s’occupe de nos enfants durant les premières années (et même pendant la grossesse) aura une incidence positive ou négative sur toute leur vie. C’est un peu trop de responsabilité tout d’un coup !
Comme l’écrit Titiou Lecoq, dans le très instructif Libérées, le combat féministe se gagne devant le panier de linge sale :
« Les neurosciences vulgarisées et mal digérées donnent l’impression que les enfants ont naturellement des compétences exceptionnelles, c’est limite s’ils n’ont pas le don de téléportation. À charge donc aux parents de nourrir ces esprits et ces corps, d’aider à l’éclosion de ces formidables compétences […]
Pas du tout culpabilisant […] »
Mais si c’était l’inverse ? Si c’était les enfants qui changeaient à jamais la façon de vivre et de voir le monde des parents ? C’est en tout cas ce que suggère une nouvelle étude.
Les enfants nous influencent plus qu’on ne les influence
Les enfants influencent fortement leur parents, vous me direz : no shit Sherlock ! Mais les résultats de cette étude indiquent que cette influence est plus importante qu’on le suppose au départ.
Dans cette étude récente menée par le National Center of Biotechnology Information (centre américain pour les informations biotechnologiques), les chercheurs et chercheuses ont analysé le comportement de 1 000 parents et enfants durant plusieurs années. Ils en ont déduit des conclusions sur la « parentalité bidirectionnelle » : les parents seraient bien plus influencés par leurs enfants que l’inverse.
Cela commence même avec l’idée de la conception, avec un changement d’alimentation, avec des projets financiers et immobiliers adaptés… Puis ce sont le caractère et les dispositions physiques de l’enfant qui façonnent et modèlent le comportement de ses parents. Dans la petite enfance, un bébé qui a des coliques et dort peu rendra ses parents épuisés et irritables par exemple.
Les enfants modifient le comportement de leurs parents à toutes les âges. L’étude indique en effet que plus l’enfant grandit, plus l’influence sur ses parents est grande, particulièrement à l’adolescence où la personnalité et les goûts s’affirment.
Il semble en tout cas important de prendre conscience qu’à toute période de la vie, on peut connaître des bouleversements complets, et l’entrée dans la parentalité semble en être un fondamental !
L’envie de tout donner pour ses enfants
Il y a la pression mise par la volonté de donner tout le confort possible à ses enfants (quand on vit dans un petit appartement parisien en famille, on ressent en effet une certaine pression…), l’envie de donner la meilleure éducation possible, le quotidien tourné vers les besoins – assez exigeants – de ses gosses… tout cela crée du stress chez les parents et les influence très fortement.
Les parents essaient ensuite de donner la meilleure version d’eux-mêmes à leur progéniture. C’est personnellement un motivational speech à moi-même très puissant : « si tu fais de bonnes choses aujourd’hui, tes enfants seront fiers de toi, demain ».
Vu comme cela (et en ôtant tout le côté trop pressurisant que cela peut avoir), cette influence est une très bonne chose !
Ces considérations nous ramènent à des interrogations sur les éléments qui modèlent le plus nos comportements. Est-ce le contexte dans lequel on évolue, certaines prédisposions génétiques ou un héritage familial ?
Inné et acquis : le grand débat
À quel point notre vie est-elle déterminée par nos gènes et/ou par l’environnement dans lequel on grandit ? Éternelle question… Il semble difficile de savoir quelle est la part d’inné et d’acquis dans la personnalité, le caractère et le parcours de chacun et chacune. Même s’il est évident que l’acquis joue un rôle prépondérant, (re)lisons Bourdieu pour le comprendre !
Certains savants fous se sont frotté à ces questions en tentant de réaliser des études scientifiques, en faisant souvent totalement fi du bien-être des enfants. Le documentaire de Netflix datant de 2018, Three Identical Strangers, montrant des études faites dans les années 1980 sur des jumeaux et des triplés séparés à la naissance et proposés à l’adoption sans les en informés, est un cas d’école passionnant.
Cette toute nouvelle étude américaine permet en tout cas de se détendre un peu quand on est parents : non seulement les enfants ne sont pas des pages blanches, à la merci de leurs parents, sur lesquelles on inscrirait une empreinte à tout jamais mais en plus, elles et eux aussi nous influencent grandement… espérons pour le meilleur plutôt que pour le pire !
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Image en une : © Unsplash/Caroline Hernandez
Les Commentaires
Non parce que ça parait juste un poil normal et logique que bébé qui hurle la nuit = parents qui dorment pas = irritabilité et fatigue...
Pareil pour le fait d'anticiper un achat immobilier adapté à la vie avec un enfant/bébé quand on prépare une conception d'enfant..
Je sais pas, c'est pas une histoire d'être influencé par son enfant, c'est juste de la logique, non? Personne ne va prévoir d'acheter un studio de 20m² si iel sait qu'iel est en plein projet bébé unno: évidemment qu'on adapte sa vie quand on devient parent..
Y'a vraiment des études dont je ne comprends pas l'utilité....