Pourquoi les voix off des reportages télé ont toujours ce même ton étrange ? Victoire Tuaillon, journaliste de profession, a décidé de mener l’enquête dans un podcast de 9 minutes publié sur Arte Radio.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est fascinant.
Cette femme raconte qu’à 21 ans, elle s’est retrouvée en apprentissage à la rédaction de France 2. C’est là qu’on lui a appris à « poser sa voix », c’est à dire à faire une voix off correcte pour un reportage télévisé.
Cet exercice n’est absolument pas naturel. Il peut même être source d’angoisse pour les journalistes débutant•es…
Alors, pourquoi dans tous les reportages, les voix reprennent les mêmes rythmes, tics d’articulations ou encore formules toutes faites ? Et quelle est l’importance d’un tel ton ?
Pourquoi les journalistes prennent tou•tes la même voix pour commenter un reportage ?
Pour répondre à ses interrogations, Victoire Tuaillon interroge Pascal Doucet-Bon, ex-rédacteur en chef du 20h de France 2. Au début, il avance la thèse suivante :
« [Les journalistes] croient que c’est ce que leurs chefs attendent d’eux.
Et les chefs sont paradoxaux, parce qu’ils se plaignent de l’uniformisation et en même temps ils ne font pas ce qu’il faut pour que ça change. »
Il explique qu’à la base, l’idée était de faire en sorte que le/la journaliste fasse entendre sa voix le moins possible, afin de faire parler au plus les images.
Le/la professionnel•le est donc censé s’exprimer au minimum. Pascal Doucet-Bon ajoute alors :
« Le problème c’est que ce genre là s’est caricaturé très vite. »
Et cette caricature donne ce ton très reconnaissable à tous les reportages télé, avec ses variations et évolutions que l’on peut aisément reconnaitre.
Vers quel évolution pour les voix off de reportage ?
Ce podcast soulève la question le l’évolution de ce ton normalisé.
Aujourd’hui, avec l’éclatement des médias sur des multiples plateforme, on peut penser que cette manière de traiter les sujets sera peut être bientôt obsolète.
En juin dernier, j’interviewais la journaliste et youtubeuse Marinette qui m’expliquait d’ailleurs que le format de reportage se cherche encore sur Internet :
« Ça ne ressemble pas à la télé, il faut trouver des façons de faire.
Sur YouTube, il y a des personnes qui ne sont pas journalistes et qui font vraiment ce qui leur plaît sans respecter aucun code de la profession. »
Après tout, peut-être que ce renouveau influencera les reportages télé plus classiques.
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