En partenariat avec Alliance contre le tabac (notre Manifeste)
A priori, vous ne vivez pas coupée du monde : vous savez que fumer nuit à votre santé. Une simple « pause clope » expose à des milliers de substances toxiques. Parmi elles, la nicotine qui entraîne une dépendance à la cigarette, des composés de cyanure, ou encore le monoxyde de carbone qui empêche le dioxygène de se fixer dans le sang et qui ne pourra pas correctement être redistribué aux tissus selon leurs besoins…
Malgré tout ce que l’on sait sur la cigarette, l’industrie du tabac se porte bien dans l’Hexagone, et ce depuis des siècles : dans un article de Futura Sciences, on apprend que cette plante (utilisée pour ses prétendues vertus médicinales) fut introduite sur le royaume de France par André Thevet, un explorateur qui revenait gentiment du Brésil, en 1556 ! Par la suite dès le XIXe siècle, la cigarette est devenue un produit de consommation pour lequel on a commencé à faire de la publicité. Pour manipuler les foules, les arguments s’appuyaient sur de prétendus médecins qui vantaient les propriétés miraculeuses sur la santé du tabac…
Bref, on ne peut pas dire que le sujet est nouveau ni que personne ne s’est jamais penché dessus, pourtant des fake news continuent de circuler autour de la cigarette et sa consommation. Faisons le point, voulez-vous ?
« On prend forcément du poids quand on arrête de fumer »
Dans une interview, la docteur Nathalie Wirth, spécialisée en addictologie explique très clairement que l’arrêt de la cigarette, pour une personne dépendante, ne fait pas prendre systématiquement de poids si elle est accompagnée d’un traitement médical (substitut nicotinique).
Le plus dur à contrôler reste l’addiction à la nicotine qui provoque de la nervosité, de l’anxiété, des problèmes de sommeil, de concentration, et des fringales. D’après la spécialiste, la majorité des personnes qui prennent des kilos au moment de l’arrêt de la cigarette avaient déjà de mauvaises habitudes alimentaires : il ne faut donc pas hésiter à se faire suivre par un ou une médecin, qui peut vous prescrire des consultations remboursées chez le nutritionniste, ou voir un spécialiste en tabacologie qui saura prévoir les points d’alertes . »
Nathalie Wirth distingue trois types de profil au moment de l’arrêt de la cigarette : les personnes qui ne prendront pas un gramme, celles qui gagneront 3 à 4 kilos et les dernières qui peuvent prendre une dizaine de kilos.
Et pour celles qui vont prendre quelques kilos, c’est normal. Il faut le temps que, le temps que votre métabolisme se stabilise ! Surtout que le goût et l’odorat qui étaient atténués se réveillent : c’est tout un monde de saveurs qui s’ouvre à nouveau à vous… Soyez indulgente avec vous-même, cette nouvelle hygiène de vie saura vous récompenser ! (Vous le constaterez vite en montant les escaliers.)
« La chicha est moins nocive que la cigarette »
« Une séance de narguilé est presque équivalente à la consommation de 20 à 30 cigarettes. »
Source : Édouard Tursan d’Espaignet, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’occasion de la conférence mondiale Tabac ou Santé. La messe est dite !
En effet, une fois passé l’éventail de parfums de la chicha, il s’avère qu’elle n’est pas si douce, et que sa fumée n’est pas seulement de la vapeur d’eau… De plus, ces saveurs, justement, mènent à avaler la fumée plus intensément.
Et lorsque les braises de charbon fument, cette fumée traverse une feuille d’aluminium, puis le tabac et enfin un réservoir d’eau qui la refroidit — contrairement à la cigarette dans laquelle la fumée est seulement créée par la combustion du tabac. En comparaison, la fumée de chicha contient davantage de particules toxiques quand elle arrive à votre bouche.
Une fumée plus dangereuse et inhalée à pleins poumons, car elle « sent bon » ? Cocktail perdant…
« Les cigarettes light ou roulées sont moins nocives »
Dans la même veine, penchons-nous sur une idée reçue similaire à celle qui concerne la chicha : bien des gens croient encore que les cigarettes light ou roulées sont moins dangereuses que les industrielles…à tort.
Le tabac à rouler est beaucoup plus accessible que les cigarettes industrielles — ce qui explique son attrait, surtout auprès des jeunes. Ça, c’est un fait. Mais il est parfois considéré comme moins nocif, car plus « pur » ; or, le tabacologue et docteur Philippe Castera expliquait dans Santé Magazine que « le rendement en nicotine et en goudron des cigarettes roulées est trois à six fois plus élevé »… sans compter que « la plupart des fumeurs ne mettent pas de filtres » !
Quant aux cigarettes light, vendues comme plus légères en nicotine et en produits nocifs, elles sont simplement un bon coup marketing : leur goût est moins fort, mais il s’agit toujours de tabac, ne vous y trompez pas. Sur RTL, le docteur Saldmann explique :
« On s’est aperçus, en analysant les urines des fumeurs de cigarettes normales et de cigarettes light, qu’elles contiennent autant de composés cancérigènes. »
La mécanique ressemble sensiblement à celle évoquée au sujet de la chicha : les fumeurs et fumeuses de cigarettes light ont tendance à aspirer davantage de fumée et plus fort pour retrouver le même taux de nicotine. Au final, les effets néfastes du tabac sont exactement les mêmes sur l’organisme.
« Je fume, mais je fais du sport donc ça s’annule »
Si vous entendez certaines personnes de votre entourage dire : « je fume de temps en temps, mais ça va, je fais du sport donc ça réoxygène mes poumons », vous pouvez leur dire qu’elles se trompent royalement !
Dans les faits, même en étant sportif de haut niveau, le goudron dans vos poumons restera, et il en va de même pour la dépendance à la nicotine. Avoir une activité physique retardera seulement les complications cardiovasculaires (en oxygénant votre corps et travaillant vos muscles et votre endurance)… mais des complications arriveront forcément si vous fumez régulièrement. Donc faire du sport n’annule absolument pas les effets du tabac.
Fumer juste après le sport serait même « criminel » selon le docteur Michel Cymès et pourrait vous exposer à des angines de poitrine. En effet, pendant l‘exercice, vos vaisseaux se dilatent — et ce phénomène, la vasodilatation, est accentué si vous prenez une douche chaude juste après. C’est le plus mauvais moment pour fumer une cigarette, qui provoque un effet de vasoconstriction : les vaisseaux sanguins vont automatiquement se resserrer, artères coronaires y comprises… C’est là que peut apparaître une angine de poitrine !
« La cigarette est un antistress »
Vous avez peut-être déjà entendu certaines fumeuses vous dire que la cigarette était la seule chose qui parvenait à les détendre, ou vu des non-fumeuses « tirer une taffe » dans un moment d’anxiété. Sachez que cette sensation de détente n’est que très passagère et surtout illusoire : si vous êtes d’un naturel stressée, la clope ne vous aidera en rien !
Dans le cas d’une fumeuse régulière, qui se verrait interdire de fumer durant un temps donné, il y a un phénomène d’anticipation de la part du système nerveux. Ce dernier lui fait croire que la prochaine cigarette qu’elle allumera lui fera du bien… Et en effet, sur le moment, lorsque cette fumeuse allumera sa cigarette, sa nervosité s’apaisera, car ce sont simplement les premiers symptômes du sevrage qui disparaîtront.
En réalité, le tabac augmente la tension artérielle, et provoque un phénomène de vasoconstriction des vaisseaux sanguins qui se resserrent. Dans le même temps et de façon imperceptible, la fréquence cardiaque augmente : en résumé, vous êtes très loin de l’état de plénitude que vous espérez en fumant !
On n’est jamais aussi bien protégée que lorsqu’on est informée, alors on espère que ces fausses croyances désavouées vous seront utiles — pour vous, mais aussi pour vos proches. Enfin, n’oubliez pas que pour arrêter de fumer, votre généraliste, sage-femme ou gynécologue peuvent vous être d’une grande aide, n’hésitez pas à leur en parler !
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