Les séries de beauté des milliards de magazines de mode que j’ai l’occasion de voir passer me laissent souvent de marbre. Disons que je n’y vois jamais vraiment une quelconque créativité ou originalité. Soit ce sont des packshots de rouges à lèvres écrabouillés, de fards fracassés ou émiettés, de grosses traces grasses de mascaras et de flaques de vernis et je me dis « Quel gâchis, un si beau rouge à lèvres ruiné ». Soit, ce sont des nanas au visage parfait et à la peau dénuée de toutes traces de sébum, points noirs et même de pores qui sont représentées ! Merci Lord Photoshop !
Dans le second cas il y a rarement d’univers ou de mise en scène, contrairement aux shootings mode, et les photos sont soit des portraits, soit des macros (bouche, œil, joue). Personne n’a l’air de se mettre dans le crâne que la beauté c’est quelque chose de global qui englobe visage ET corps et tous les canards féminins s’entêtent à dissocier les deux.
Personne, SAUF le Vogue Italie et sa géniale rédactrice en chef Franca Sozzani. La semaine dernière donc, l’édition Italienne du Vogue a sorti une série beauté réalisée par Emma Summerton qui m’a à la fois surprise et ravie au plus haut point ! Les inspirations sont un mélange de Marlene Dietrich pour les sourcils et les cheveux, de néo années 80 pour les yeux et lèvres, et surtout des bonnes vielles années 90 avec les tatouages papillons !
Ici la beauté ne s’arrête pas à la surface du visage, la make up artiste a prolongé et étiré son univers étrange et envoûtant en dessinant les tattoos sur les bras et le torse des mannequins. Il y a un vrai parti pris stylistique où se mêlent chic et cheap : robe fourreau de soirée et t-shirt, parure de diva et tattoo white trash, références aux beautés du cinéma des années 20 (Louise Brooks) et aux icônes pop des années 80 (Madonna), le tout dans un cadre de bar/dinner un peu glauque ! On se croirait presque au Merlotte’s de True Blood !
Je crie donc haut et fort : longue vie aux séries beauté à l’italienne !
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