Précédemment dans #62jours : J’ai pris une grande décision : bannir l’adjectif « petit » de mon vocabulaire
Plus j’avance dans mon challenge d’écriture et d’introspection, et plus j’ai parfois l’impression de m’apprendre des évidences. Eh Clémence, pourquoi tu cours contre le temps ? Pourquoi tu doutes de toi-même en permanence ? Pourquoi tu hésites à faire des choix, quand tu t’es battue pour avoir le choix ?
Eh Clémence, tu serais pas plus heureuse, si, au lieu d’être sans arrêt dans la nostalgie d’hier ou dans les promesses de demain, tu vivais davantage dans l’instant présent ?
Tu veux dire que je contribue moi-même à nourrir mes propres frustrations, lorsque je me focalise sur le passé ou l’avenir, au lieu de vivre en pleine conscience dans le moment présent ?
HMMM.
« Le moment présent », ce concept de fortune cookie qui m’agace
Je ne nie pas que certains concepts de développement personnel peuvent parfois sentir très fortement le bullshit. En tout cas, c’est le sentiment que j’ai parfois, lorsque je lis qu’il faut que je remercie des parties de mon corps d’être en bon état, par exemple.
Merci mes jambes, merci mes chevilles, ça fait très conditionnement de secte et très peu développement personnel, à mon avis très humble.
Et pour moi, tous les discours autour du « moment présent » avaient un peu la même saveur. Non mais Captain Obvious, je ne peux pas vivre à un autre moment que le présent, hein, donc je vois pas trop où est la prouesse dans cette manoeuvre.
Sauf que j’avais tout simplement rien compris à ce conseil. Il m’a fallu un mois d’exercices de méditation quotidienne pour percuter que je suis constamment dans le passé ou dans l’avenir.
Tu parles d’une claque…
Le présent, ce moment que je fuis sans arrêt
Je ne sais pas vivre au présent, et c’est bien normal, puisque je m’étais persuadée que « si je m’arrête je tombe », alors je passe mon temps à me projeter dans l’avenir. Je cogite à toutes les choses que j’ai à faire demain, la semaine pro, le mois prochain, dans trois ans, dans dix ans…
Je ne fais pas ça tout le temps bien sûr, ce serait épuisant… Je fais ça presque tout le temps — c’est presque épuisant, du coup. Et le reste du temps, je le passe à me refaire le film déjà passé.
Le soir, je me ressasse le fil de la journée, je passe à la loupe mes erreurs et mes imperfections (je me juge sévèrement, bien sûr…)
Quel est le résultat de cette double manie ? Je ne suis jamais dans le moment présent. Jamais sur « pause », en train d’apprécier ce que je suis en train d’accomplir, en train d’écouter, bref : en train de vivre.
Comment la méditation m’aide à ralentir… et profiter
La méditation a été une vraie révélation, mais ça n’a pas été sans mal. Mes premières tentatives se sont soldées par un échec. Et comme le principe de l’exercice consiste à prendre dix minutes pour s’écouter respirer (je simplifie), je vous laisse imaginer mon niveau d’hyper activité.
Très vite, j’en étais arrivée à me dire que « j’ai pas eu le temps de méditer aujourd’hui. » J’avais pas DIX MINUTES à prendre dans TOUTE ma journée, pour m’assoir avec un casque sur les oreilles, et me concentrer sur ma respiration ? C’était vraiment trop me demander ?
Il paraît qu’au bout de 21 jours, on peut réussir à prendre une habitude. Alors, pendant un mois, je me suis forcée à prendre dix minutes pour m’écouter respirer.
Au début, c’est méga dur. Mes pensées virevoltent dans tous les sens. Mais plus je pratique, et plus mon souffle devient une ancre. Je me sens partir dans un labyrinthe d’idées, quand je me rappelle à ma propre inspiration.
C’est comme ça que j’ai découvert le moment présent.
Le moment présent, celui de l’air que je respire
Voilà près de 40 jours que je médite quotidiennement, on peut dire que l’habitude est prise. Ce n’est plus un exercice, c’est un plaisir. Et surtout, j’arrive à m’ancrer à ma respiration sur commande, pendant la journée.
C’est comme ça que je retrouve le moment présent, lorsque mes pensées m’emmènent trop loin dans les hypothèses d’avenir, ou que des souvenirs m’enfoncent dans la nostalgie.
J’écoute ma respiration, et je me rappelle au présent, à ce que je suis en train de vivre. Je me détache des émotions négatives, que je n’ai aucun intérêt à traîner avec moi. J’embrasse les émotions positives, je les accueille comme une force.
J’ai bien conscience que cette phrase sonne exactement comme le bullshit développement personnel que je critiquais en commençant ce billet. Mais voilà, par la pratique (et un peu de persévérance), j’ai fini par comprendre ce que ces mots voulaient dire.
Voilà quelques semaines maintenant que je cherche à vivre au présent, le plus souvent possible. Et lorsque j’y arrive, il se produit un phénomène magique : le temps ralentit.
Je n’ai toujours pas le pouvoir d’arrêter le temps, mais j’ai celui de m’arrêter moi, quelques instants. Le temps de respirer dans le moment présent.
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