Selon le dernier rapport (2022) de SOS Homophobie, 12% des cas de lgbtphobie rapportées à l’association sont spécifiquement lesbophobes. Ces violences prennent place principalement dans le cercle familial (pour 28 % des cas), suivi par le cadre professionnel (13 %), le voisinage (9,5 %) et le milieu scolaire (9,5 %).
« Les manifestations de la lesbophobie sont polymorphes : souvent du rejet (dans 64 % des cas) et des insultes (39 %), elles prennent aussi les traits du harcèlement (25 %) et des menaces (23 %) ». Cela conduit « les lesbiennes à vivre dans un climat de peur et de vigilance permanentes », martèle l’association. Cela mène aussi à une véritable autocensure, notamment dans le monde du travail où, craignant une double discrimination (sexisme et lesbophobie), de nombreuses lesbiennes se sentent contraintes de s’effacer. Dans ce contexte, l’enjeu de la visibilité lesbienne est plus que jamais crucial. Décryptage.
Qu’est-ce que la journée internationale de la visibilité lesbienne ?
Cette journée a été créée en 1982 à Montréal. Elle a vocation à lutter contre la lesbophobie dans les différentes sphères de la société, à rendre visible les parcours lesbiens, leurs vécus, et la réalité systémique des violences subies. En mettant en avant les personnes lesbiennes, cette journée de visibilité permet de souligner leur invisibilisation permanente dans les médias, dans l’histoire ou encore en politique…
Les représentations lesbiennes sont trop souvent stéréotypées, au détriment des vécus réels. Les violences du quotidien sont, quant à elles, constamment passées sous silence. Cette journée incite donc à une prise de conscience pour offrir des représentations plus justes.
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Pourquoi célébrer la visibilité lesbienne le 26 avril ?
Le choix du 26 avril fait référence au 26 avril 1993, lorsque la Cour suprême des États-Unis a rendu sa décision dans l’affaire « Lambert V. Wicklund », qui a reconnu pour la première fois les droits parentaux des femmes lesbiennes dans le cadre d’une séparation. Si la journée de la visibilité lesbienne était déjà célébrée au Canada, il a alors été décidé de fixer sa date au 26 avril dans plusieurs pays, dont la France, qui la reconnaît officiellement depuis 2021.
Comment expliquer cette invisibilisation constante, notamment dans les luttes ?
Comme le rappelle si bien l’Observatoire de la Lesbophobie, « les lesbiennes ont toujours été à l’avant-garde des luttes sociales et politiques, des idées, des combats. Pourtant, elles restent totalement invisibilisées, encore aujourd’hui ». Comment l’expliquer ? Pour l’observatoire, une des raisons est la très faible part de personnalités publiques ouvertement lesbiennes (et donc de modèles visibles) en France. L’Observatoire pose la question simplement : sauriez-vous nommer plus de 10 lesbiennes connues ? Comme la réponse est malheureusement souvent non, l’association s’est lancée dans un grand projet de livre qui recueille la parole de personnalités publiques lesbiennes. Journalistes, artistes, écrivaines, personnalités politiques, sportives… Leurs témoignages ont vocation à « mettre en lumière les enjeux de la visibilité lesbienne, et souligner l’importance des représentations lesbiennes ». La date de parution n’est pas encore connue.
Mais ce travail de visibilisation s’accompagne forcément d’une lutte contre les stéréotypes lesbophobes qui gangrènent l’imaginaire collectif dominant. Aujourd’hui encore, par exemple, sur internet, la recherche du mot « lesbienne » reste massivement associée à la pornographie. L’association SEO Lesbienne se bat depuis 2019 pour faire évoluer le référencement (et les mentalités). Son travail permet notamment de garantir un accès crucial à une information de qualité et à des ressources précieuses sur le sujet. Car la visibilité se joue dans toutes les sphères, même en ligne !
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Les Commentaires
Quoi qu'il en soit, rapport très complet, avec cependant quelque reserve sur la méthodologie. des cas rapportés. Difficile de déterminer une cas uniquement lesbophobe d'un acte homophobe "classic". C'est basé sur le ressenti de la victime. Et à lire de les témoignages présent dans le rapport, et en essayant de prendre du recul, difficile de pointer précisément des cas de lesbophobie. Tous peuvent être transposés à des hommes.
Un groupe de gens bourrés sans aucune retenue qui hurlent "alors les Gouines, c'est bon la tarte au poil ?", je ne vais pas forcément voir ça comme un acte lesbophobe spécifiquement. Ma main a coupé que le discours aurait similaire pour des hommes.
Je ne suis pas forcément pour une décorrélation lesbienne, et autres. Quand bien même l'article pointe juste sur le fait qu'il y a peu de lesbiennes connues, le rapport de sos homophobie, lui montre que c'est surtout les hommes les plus victimes de violences homophobes.
C'est une lutte commune à mon sens. et se perdre dans des futilités pareil n'aide pas à faire avancer la cause