Pas un, mais deux scandales pour éclabousser la rentrée politique de la Nupes. Dimanche 18 septembre, le député La France Insoumise du Nord Adrien Quatennens annonçait son retrait de ses fonctions au sein du parti, après avoir reconnu avoir « giflé » sa femme, avec laquelle il est en procédure de divorce. Tollé à gauche, et au sein des mouvements féministes, écœurés par les réactions qui ont suivi.
En début de semaine, c’est une autre affaire, déjà rendue publique cet été, mais qui n’a pas fait grand bruit, qui ressurgit à gauche, impliquant cette fois-ci Julien Bayou, le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale.
Julien Bayou mis en cause par Sandrine Rousseau
C’est par la voix de Sandrine Rousseau que les accusations sont arrivées, lundi 19 septembre. Présente sur le plateau de C à vous, sur France 5, la députée EELV est invitée à réagir à un tweet publié par le collectif Nous Toutes, qui déplore qu’aucune mesure n’ait été prise suite à la saisie, en juillet, de la cellule dédiée aux violences sexistes et sexuelles :
Sur le plateau de C à vous, Sandrine Rousseau explique alors avoir reçu, chez elle, l’ex-compagne de Julien Bayou : « Au moment où j’ai reçu cette femme, elle était dans un état très déprimé, elle était très mal, elle a d’ailleurs fait une tentative de suicide quelques semaines après », détaille-t-elle, pointant également des comportements « de nature à briser la santé morale des femmes ».
Mais ces accusations ne sont pas nouvelles. En juillet dernier, Le Figaro a révélé que la cellule sur les violences faites aux femmes d’EELV avait été saisie au sujet de Julien Bayou. Ce dernier avait évoqué auprès du quotidien « une rupture douloureuse et difficile », qui ne constituait selon lui « en rien des violences sexistes ou sexuelles ni des comportements inappropriés envers quiconque ». Cependant, Sandrine Rousseau semblait, elle, bien faire plutôt référence à des accusations de violences morales et psychologiques. Au Figaro toujours, Julien Bayou avait aussi avancé une « rancœur » de la part de son ex-compagne, pointant des menaces que celle-ci lui aurait proférées, écrivant, quelques jours après avoir saisi la commission interne d’EELV : « Inquiète-toi. Je vais revenir et en force ».
Mais ce cas ne serait pas isolé, à en croire les propos de Sandrine Rousseau sur le plateau de C à vous, qui parle de plusieurs femmes : « Manifestement, elles sont plusieurs, mais je n’ai entendu qu’un seul témoignage ».
Enquête en cours au sein d’EELV
Dans la soirée du mardi 20 septembre, EELV s’est fendu d’un communiqué, publié sur son compte Twitter. Prenant le parti de se montrer en totale maîtrise de la situation, le document affirme être en connaissance de la saisie de la commission pour des faits impliquant Julien Bayou. Il « acte » par ailleurs sa « mise en retrait (…) de ses fonctions de coprésident du groupe écologiste », précisant aussi que « cette situation ne vaut pas démission ».
Se faisant fort des remous autour des réactions vivement critiquées de LFI suite à l’affaire Quatennens, EELV semble vouloir anticiper d’éventuelles critiques, en réaffirmant son engagement dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Il rappelle ainsi s’être doté « d’une cellule d’écoute dès 2016 puis d’une cellule d’enquête et de sanction sur le harcèlement et les violences sexuelles et sexistes début 2017, cellule dont le fonctionnement est autonome, transparent, bénévole et indépendant du parti et de ses dirigeant.es ».
Julien Bayou en retrait, mais provisoirement
Selon des informations de FranceInfo, le retrait de Julien Bayou ne serait effectif que le temps de l’enquête. Il resterait secrétaire national d’EELV jusqu’au congrès des écologistes, en décembre prochain.
La cellule dédiée aux violences sexistes et sexuelles d’EELV fera quant à elle l’objet d’un « audit de son fonctionnement », dès le mois de février 2023. De quoi, peut-être, faire la lumière sur les lenteurs de l’enquête, initialement pointées du doigt par le collectif Nous Toutes…
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Photo de une : capture d’écran Youtube
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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