Salut toi !
Dans le Corps à coeur Coeur à corps de cette semaine, Alice voulait te parler de son complexe pas toujours compris par les autres : son visage.
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Je complexe sur mon visage et personne ne le comprend
« S’il y a un diamant dans la poitrine, il brille sur le visage. » (Proverbe sanskrit)
Mon visage a toujours été un problème. Depuis l’âge de mes cinq ans, époque où je me mis jalouser les autres petites filles, elles et leur visage fin, il m’a toujours déplu avec ses traits grossiers, son nez imposant, ses joues rebondies, ses lèvres trop charnues et ses immenses yeux.
Il était difficile d’accepter que la première chose que les personnes pourraient apercevoir de mon être allait être cette partie que j’abhorrais tant.
Difficile, dans une société où la beauté semble si importante, d’avoir l’impression que le masque qui nous a été attribué ne nous correspond pas…
Depuis toujours aux antipodes de mes standards de beauté, les réflexions, remarques déplacées ou simples blagues paraissaient chaque fois plus fortes, plus destructrices.
Chaque mot semblait prendre des ampleurs inimaginables, et même les compliments se sont mis à sonner faux à mes oreilles.
Il y a eu cette timidité apparaissant au fil des années, cette expression mal à l’aise sur les photos, ces regards noirs dans le miroir…
L’adolescence ne m’a pas apporté beaucoup de réconfort : acné, appareil dentaire et cheveux frisant sans raison.
Il était dur de me montrer aux autres sans vraiment pouvoir cacher mon complexe sous un gros pull. Et, alors que la période des premiers amours pointait son nez, il était douloureux de m’imaginer que l’on ne pouvait pas m’aimer, sentiment parfois renforcé à l’aide des jeux idiots de collégiens.
Tous trouvaient toujours moyen d’émettre une remarque sur mon visage, comme s’il leur appartenait autant qu’il était mien.
Pourquoi ne me maquillais-je pas alors que j’avais de si belles lèvres ? Pourquoi mon visage me dérangeait tant ?
Ces questions incessantes me fatiguaient et m’incitèrent à ne plus me confier.
Les prémices de l’acceptation de cette partie ingrate de mon corps furent grâce à mon premier petit ami. Il était étrange de se voir belle et séduisante à travers les yeux d’un autre.
Jamais il n’avait émis la moindre remarque, il voulait sans cesse des photos de mon visage et aimait le caresser. L’amour qu’il m’offrait et ses attentions m’aidèrent à commencer lentement une possible réconciliation avec ce défaut.
Mais le véritable déclic fut lorsque je rencontrai mes premiers amours fictifs. Ils n’étaient pas beaux mais ils étaient parfaits à mes yeux. Je n’avais jamais pu voir de personnes aussi magnifiques.
Ils étaient si intelligents, passionnés, gentils, parfaits, que peu importait leur physique, l’on ne pouvait que les aimer.
Je compris alors que jamais je ne pourrais être satisfaite de mon visage, et la chirurgie n’étant pas une option possible à mon goût, je n’avais que deux issues possible : me morfondre jusqu’à la fin de mes jours sur mon faciès disgracieux ou devenir une de ces personnes parfaites que j’admirais tant.
Bien que le choix fut facile, je dus mener un gros travail de réconciliation avec mon visage car, même si ma personnalité me rendait fière de ma propre personne, il restait ce mécontentement devant le miroir.
J’appris alors à me trouver belle, me dessinant parfois, me mettant à la photographie ou m’observant, tentant de séduire moi-même.
Je cherchais parmi les visages des personnes que j’admirai une quelconque ressemblance et des moyens de mettre en valeurs ces éléments que j’avais longtemps considéré comme des défauts.
Il s’agit d’un travail long et fastidieux, il est si difficile d’apprendre à aimer quelque chose que nous avons méprisé depuis notre tendre enfance.
Il m’arrive de régresser, souvent lorsque je suis morose, de me trouver moche dans le miroir, de rêver de pouvoir changer l’entièreté de mon visage.
Il est encore dur de prendre des photos, d’approcher les gens qui me plaisent.
Il y a toujours ce sentiment d’insécurité tapis en moi, une certaine fragilité.
Mais j’ai appris à prendre tout ceci à la rigolade, accentuant un « défaut » face aux remarques, tournant ces traits en dérision, faisant des grimaces sur les photos, aimant scander lorsque l’on m’accuse de vouloir être parfaite « à défaut de posséder un faciès de qualité, je possède une superbe personnalité ».
Je m’entoure de personnes se moquant « bien » du physique, de personnes aimantes et bienveillantes.
Mais je crois que ma plus grande victoire est de pouvoir me regarder dans le miroir et me dire que je suis belle.
Car j’ai compris que je ne voulais pas être une personne que tous aiment mais devenir celle dont je pourrais tomber amoureuse car tout au long de ma vie il n’y aura jamais que moi, seulement moi.
Témoigner sur ses complexes, ça fait quoi ?
J’ai également demandé à Alice de faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir son visage illustré, ça fait quoi, qu’a-t-elle ressenti ?
J’étais un peu effrayée à l’idée de participer à cette expérience, j’avais peur que, comme il arrive souvent, les gens ne prennent pas ce complexe pour ce qu’il est, qu’il paraisse futile comparé à ceux des autres.
On voit souvent cette honte du visage comme un caprice d’enfant, et je ne compte pas le nombre de fois où l’on m’a assené la phrase suivante, à chaque fois que je me plaignais légèrement : « Tu n’as rien à envier aux autres, estime-toi heureuse, tu n’as pas de défauts graves »…
Mais témoigner m’a fait un bien fou. Le fait de prendre du temps pour penser, mettre des mots sur mes peurs, mon mal-être, prendre conscience de leur présence et les accepter.
Cette introspection est comme une libération, les premiers pas sur le chemin de l’acceptation de soi. Mais aussi, c’est le fait de partager son expérience, de montrer que les petits complexes pouvant sembler anodins gâchent tout autant la vie que les gros.
Et qu’il n’y a pas à s’en vouloir de ne pas être à l’aise avec des défauts pouvant paraître futiles aux yeux des autres.
Depuis que j’ai témoigné, mon regard n’a pas vraiment changé, à vrai dire. On avance à petits pas.
Une de mes dernières petites victoires a été d’arrêter de rectifier artificiellement les traits de mon visage sur les photos (en pinçant légèrement les lèvres ou plissant les yeux) et de seulement… sourire.
À ma plus grande fierté, je me trouve bien plus « belle » avec une expression joyeuse sur le visage qu’avec tout autre artifice.
Comme dit plus haut, il est très perturbant de se voir par les yeux de quelqu’un d’autre.
Lorsque je compare le dessin que tu as fait de moi aux autoportraits que j’ai réalisés, il est amusant de voir que nous n’avons pas du tout été marquées par les mêmes points de mon visage.
Ton illustration me montre vraiment que mon nez ne semble pas si imposant que ça. Que même si mon visage a des traits peu fins, il reste harmonieux.
Je me reconnais dans cette illustration grâce à toutes ces petites imperfections que tu as gardées, que tu as su retranscrire… et en même temps, c’est comme si je voyais un sosie de ma personne, me ressemblant presque totalement, mais n’étant pas moi. C’est assez perturbant comme ressenti.
En tout cas, sache qu’elle est vraiment sublime.
Je voulais vraiment te remercier pour ce magnifique travail que tu fais.
Ce projet est si beau, la lecture de tous ces témoignages m’ouvre tellement l’esprit, me rende encore plus empathique et me permet de mieux comprendre des complexes que je n’ai pas et à quel point ils affectent la vie des gens.
Tes illustrations sont plus que magnifiques. Mille fois merci.
J’ai adressé une réponse un peu spéciale à Alice, qui m’a fait prendre un peu plus conscience de mon rôle dans cette expérience.
Oui, car ce n’est pas pour rien que je définis Corps à cœur Cœur à corps comme une expérience : je ne suis jamais sûre de comment nous allons en ressortir, la personne qui témoigne et moi. Et cette fois ci, c’est elle qui m’a rassurée.
Ma réponse à Alice
Merci beaucoup Alice !
J’avoue, j’ai eu un grand moment de doute parce que le portrait est un exercice assez dur.
Malgré le fait que j’essaye de rester dans un style réaliste, je ne peux pas m’empêcher de la faire « à ma sauce » et c’est toujours délicat de travailler avec l’image des gens.
D’autant plus avec leur visage qui, je pense est le premier reflet de l’identité de la personne.
Pour être tout à fait honnête, j’ai le même sentiment que toi vis-à-vis de cette illustration : c’est toi… mais vue par moi.
J’ai d’abord pensé que c’était un problème, que je m’étais plantée, que j’avais trop mis « de moi » dans cette illustration. Je me suis sentie assez nulle de t’avoir envoyé une image qui te ressemblait mais n’était pas toi…
Et puis j’ai reçu ta réponse. Et elle m’a tellement rassurée !
Parce qu’en fait tout le but de passer par le dessin, c’est justement d’avoir un autre regard que le tien sur ton propre corps. Et comme tu l’as si bien dit, je n’accentue pas les mêmes détails de ton visage que toi.
Si on va au-delà de la justesse de mon trait et qu’on se concentre sur ce que j’ai ressenti en te dessinant, je te jure que j’y ai mis tout ce que j’avais. Je pense que tu es une très belle personne et que mon dessin le retranscrit très bien.
Merci encore d’avoir participé à cette expérience qui me fait grandir en même temps que les personnes qui témoignent.
Toi, oui, toi qui as lu avec attention. Toi qui as envie de dire à ton corps que tu veux enterrer la hache de guerre. Que même s’il y a des jours avec et des jours sans, ça serait déjà un premier pas de partager ton expérience.
Bienvenue dans Corps à cœur Cœur à corps !
Concrètement, si tu veux participer, qu’est ce que je te demande ?
Le témoignage sera en 2 parties : un texte et une illustration.
- Le texte, c’est toi qui l’écris : tu m’expliques ton rapport à ce(s) complexe(s), pourquoi tu as envie de changer de regard dessus, comment tu t’y prends…
- Pour l’illustration, j’ai besoin de 5 photos de cette partie de ton corps et/ou de ton corps en entier.
Tu peux les prendre seul·e ou avec un·e proche; l’essentiel est que ça soit ton regard avant de devenir le mien. Ça peut être un exercice difficile, j’en ai conscience, donc je laisse le plus de liberté possible ! Mise en scène, spontanéité… c’est toi qui vois.
Je choisis la photo qui m’inspire le plus et j’en fais une illustration.
Envoie-moi ça à lea.castor[at]madmoizelle.com avec « Corps à cœur Cœur à corps » en objet du mail !
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