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« C’est l’enfer de la mode, c’est vraiment super sympa ! ». Que tu aies reconnu la référence à un vieux sketch d’Eric et Ramzy ou non, cette phrase décrit bien l’univers de la mode qui, comme beaucoup d’autres, a des bons et des moins bons côtés.
Cela fait maintenant plus de 10 ans que je suis modéliste textile et ça a toujours été le job de mes rêves. Petite, je dessinais beaucoup, mais pas comme la plupart des enfants qui font des maisons avec des cheminées fumantes ou des soleils qui sourient. Moi, je dessinais des silhouettes, des petites poupées que j’habillais avec mes couleurs et formes préférées. C’est ma grand-mère qui m’a parlé du métier de styliste pour la première fois.
Quand les autres petites filles clamaient haut et fort qu’elles voulaient « faire » maitresse, vétérinaire ou danseuse étoile, moi je voulais dessiner des vêtements et je n’ai jamais lâché cet objectif, même si mes parents n’étaient (à l’époque) pas spécialement enthousiastes.
Modéliste textile, un métier de l’ombre
On parle souvent du métier de styliste, qui fait rêver (il y a pire que dessiner des fringues toutes plus sublimes les unes que les autres à longueur de journée), mais on connaît moins celui de modéliste. Je l’ai moi-même découvert sur le tard, lors de mes études. Il faut dire que l’un ne va pas sans l’autre, c’est pourquoi beaucoup de stylistes et de modélistes ont la double casquette.
Pour résumer, les stylistes dessinent des vêtements en fonction d’un cahier des charges précis (ou de contraintes comme le futur prix de vente de la pièce ou encore un stock de tissu à écouler) et les modélistes donnent vie à leurs idées. C’est là que j’interviens et je vais te raconter mon quotidien.
Etape n°1 – La validation du dessin
Pour la réalisation d’une collection, c’est une véritable chaîne de travail qui se met en place et chaque métier (il y en a beaucoup !) entre en scène à un moment bien particulier. Personnellement, je commence à travailler plus ou moins en même temps que la styliste de mon entreprise car on forme un véritable duo.
Souvent, elle commence par griffonner quelques dessins et me demande mon avis pour choisir quelle idée sera développée jusqu’au magasin. Mon opinion est essentielle car je peux lui dire lorsqu’elle craque son slip sur le budget ou que son croquis sera impossible à réaliser niveau technique. Ensemble, on essaye de trouver des solutions pour coller au maximum à ses envies. Il m’arrive même de concevoir un premier projet en 3D (ça c’est l’avenir, si vous êtes dans le domaine, foncez !).
Etape n°2 – Le patronnage pour donner vie au vêtement
Une fois le dessin validé, je crée le volume du vêtement en tenant compte des mesures du corps mais aussi des choix de l’équipe sur le tombé et le style général de la pièce. Tout ceci est retranscrit sur mon patronnage, un patron auquel on rajoute les valeurs de couture, c’est-à-dire les réserves de tissu laissées entre les piqûres et le bord brut du tissu. La plupart du temps, je le réalise avec un logiciel spécifique, mais il m’arrive de faire des essais en papier et de visualiser en taille réelle et en volume ce que je suis en train de faire à l’écran.
A côté de ça, je prépare un dossier technique qui contient les informations sur les différentes machines à utiliser et autres détails qui seront utiles à la personne qui va assembler le vêtement, le ou la prototypiste.
Etape n°3 – La validation du prototype et les dernières retouches
Quand le prototype est prêt, j’organise un essayage sur mannequin vivant avec toute l’équipe de conception. On discute alors des modifications à apporter au niveau du look, du confort ou encore du prix (à l’époque de la fast fashion, c’est un critère très important). Je corrige ensuite mon patronage en fonction des différents retours et fais réaliser un nouveau prototype. On peut recommencer le processus jusqu’à 3 fois pour être satisfaits et valider le vêtement final.
Ensuite, ça se corse ! En effet, je dois traduire le dossier de la prototypiste en langage universel. Je peux mettre des annotations en anglais mais cette langue n’étant pas parlée ni lue dans toutes les usines, je suis obligée de trouver des astuces pour me faire comprendre.
Je vais également décliner le vêtement dans toutes les tailles qu’on trouve en magasin, en faisant en sorte qu’il tombe de la même façon qu’il s’agisse d’un 36 ou un d’un 44. Si tu as kiffé tes cours de maths ou si Pythagore te manque, c’est un métier qui pourrait te convenir.
Etape n°4 – Le lancement de la production
Une fois les modèles réalisés par l’usine, elle m’envoie quelques échantillons, les premiers d’une série qui peut atteindre des millions de pièces. Je contrôle ensuite les mesures et la qualité du produit, et une fois que tout est ok pour moi, l’atelier de confection s’active et produit des quantités dingues qui se retrouveront en magasin quelques semaines plus tard.
Avec les stylistes, on travaille en général un an à l’avance, c’est-à-dire qu’en été on peut plancher sur des pièces hivernales comme des doudounes ou pantalons chauds alors qu’on est tous en sandales et tenues légères au bureau !
Créer des vêtements, un rêve de petite fille
Mon job de modéliste, c’est avant tout mon rêve de petite fille. C’est rare et précieux à mes yeux. Quand j’ai de moins bonnes journées, j’y pense et je me rappelle pourquoi je suis là. Ça me redonne tout de suite le sourire !
Je suis quelqu’un qui n’aime pas la routine et, en travaillant dans la mode, je suis constamment stimulée ! Les tendances vont et viennent à chaque saison et je ne m’ennuie jamais. J’aime aussi beaucoup le mélange de créativité et de technicité du travail de modéliste.
Alors si lorsque tu étais enfant tu étais attiré·e par les loisirs créatifs et les jeux de construction, et que tu n’es pas allergique aux mathématiques, n’hésite pas à te lancer ! Malheureusement, c’est un métier qui se perd.
Et toi, quel était le métier de tes rêves lorsque tu étais enfant ?
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