« Qu’est-ce que c’est Cannes, qu’est-ce que, qu’est-ce qui se passe, c’est comment l’atmosphère, c’est quoi ? » se demandait confusément l’actrice française Sophie Marceau en guise de discours de remise de prix en 1999, depuis devenu culte. Pendant que l’industrie audiovisuelle fait son cinéma et son réseau, c’est une avalanche de froufrous et de paillettes sur le tapis rouge, mais aussi un miroir magnifiant du jeunisme qui règne dans le cinéma. Lui-même reflet de celui du reste de la société ?
Le tapis rouge de Cannes, miroir magnifiant du jeunisme de la société ?
Cet exercice stratégique du tapis rouge permet aux célébrités de faire parler d’elles, en fonction de la beauté de leur toilette, mais aussi aux marques de s’offrir une forme de publicité lors de cet événement hautement médiatisé. C’est aussi pour des placements de produits pur luxe qu’il y a tant de mannequins et d’influenceurs — pas forcément connus du grand public, et loin d’avoir une carrière dans le cinéma — qui squattent la carpette écarlate.
Au milieu de tout ce cirque médiatique, esthétique, et marketing, qui permet de prendre la température des codes de beauté dominants d’une époque, brillent particulièrement cette année des actrices dont l’âge s’avère si rare à l’écran. Un jeunisme qu’a récemment dénoncé Jeanne Balibar aux César du 12 mars 2021 :
« En France, les femmes de plus de 40 ans représentent 51% de la population, et 8% des rôles. [Je ne parle même] pas du temps de présence à l’écran, où l’on doit être à peu près à 2%. »
Ses chiffres sont erronés : selon l’Insee, la France compte 18,8 millions de femmes de plus de 40 ans, soit 28% de la population. D’après la dernière évaluation de la parité dans le cinéma hexagonale de l’Association française des actrices et acteurs datée de 2019, les femmes occupent 40% des rôles au cinéma. Le pourcentage de 8% cité par Jeanne Balibar correspond en fait aux actrices de plus de 50 ans, comme le résume bien cette vidéo de désintox de Arte.
https://www.youtube.com/watch?v=GCi2zGaXHtY
Alors, même si elles forment les exceptions qui confirment la règle de l’exclusion des actrices de plus de 40 ans, c’est réjouissant de voir des actrices telles que Camille Cottin
, Marion Cotillard, Isabelle Huppert ou encore Virginie Efira prendre toute la lumière sur le tapis rouge de cette 74e édition du festival de Cannes.
Camille Cottin dans une robe à basques so Dior
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Camille Cottin dans une robe bustier en crêpe de soie noire signée Maria Grazia Chiuri pour Dior. Ses basques rappellent celles du tailleur bar signature de la maison.
Marion Cotillard arpente Cannes en gros sabots Stella McCartney
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Marion Cotillard a porté une robe à l’imprimé d’inspiration géologique, des lunettes de soleil papillon et des sabots en cuir blanc signés Stella McCartney, accessoirisé d’un sac Chanel. Complices, les deux actrices françaises partagent également le même styliste, Eliott Bliss.
Virginie Efira en néo-vestale Dior
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Virginie Efira a ébloui le tapis rouge dans une robe de néo-vestale, de la maison Dior par Maria Grazia Chiuri, et des bijoux Cartier.
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Si l’expression « Circulez, il n’y a rien à voir » était une robe, ce serait ce modèle Balenciaga par Demna Gvasalia portée à merveille par Isabelle Huppert, irréductible à son physique.
Tilda Swinton en scarabée Haider Ackermann
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Muse et amie du créateur Haider Ackermann, Tilda Swinton a l’habitude de fouler le tapis rouge dans ses créations. Après sa tenue bandeau de pirate sur l’oeil signée Chanel, l’actrice britannique de 60 ans a opté pour une robe rouge surmontée d’un blazer à manches courtes roses, et des gants brodées de sequins verts.
Une allure de scarabée couture signée Haider Ackermann qu’elle seule pouvait porter avec tant de décontraction, les mains dans les poches. Le lendemain sur le photocall, c’était en smoking bleu ciel, dont la veste à manches courte smarquait la taille grâce à une fermeture décentrée. La boss du style à Cannes, c’est elle.
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