Retour en juillet 2022. Une enquête pour harcèlement sexuel et agression sexuelle visant Éric Coquerel (LFI), président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, est ouverte suite à une plainte déposée par Sophie Tissier, militante de gauche et figure du mouvement des Gilets Jaunes. Cette dernière raconte alors à FranceInfo des faits qui remontent à une soirée de 2014 : « Il a commencé à faire de la drague assez lourde, puis, il a eu des gestes déplacés, offensants. J’ai le souvenir qu’il m’a pris par la taille, la main sur les hanches, effleuré les fesses, etc. » En parallèle, l’homme politique, qui ne se met pas en retrait, nie en bloc.
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Une mauvaise gestion au sein du parti
Cette affaire met alors le parti face aux limites de ses méthodes pour traiter les cas de violences sexistes et sexuelles en son sein, tandis que des accusations à l’encontre de plusieurs de ses membres se multiplient. Dans une enquête, Mediapart revient sur cette question, expliquant que la cellule d’enquête n’agit qu’en cas de « signalement formel » :
« Jeudi 30 juin, le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles de La France Insoumise s’est fendu d’un communiqué, affirmant n’avoir « jamais reçu aucun signalement […] pour quelque fait que ce soit » concernant [Éric Coquerel]. Ce que nous a confirmé Sarah Legrain, députée de Paris et coresponsable de cette cellule. Or celle-ci traite principalement les dossiers s’ils font l’objet d’un signalement émanant d’une personne se déclarant victime – c’est une règle fixée par LFI. C’est cette règle qui s’est appliquée dans le cas, récent, du journaliste Taha Bouhafs, débranché avant les élections législatives. La cellule ne s’est donc pas autosaisie, ni des révélations de Causette, ni des alertes indirectes qui circulaient depuis des années dans certains milieux militants. À l’époque pourtant, des Insoumis·es avaient demandé une enquête interne – en vain. Là encore, faute de signalement formel émanant d’une victime. Mais l’épisode rappelle que la direction du mouvement avait bien été interpellée sur Éric Coquerel. »
Médiapart
La militante Caroline De Haas avait d’ailleurs, à l’époque, interpellé LFI sur l’inefficacité de ses procédures : « Lorsqu’un article de presse existe, cela peut faire office de signalement et il faut mener une enquête », explique-t-elle. Sinon, « cela donne des situations dangereuses, pour les personnes victimes, pour les personnes mises en cause, et pour la confiance des victimes dans le système ».
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« J’irai au bout de la procédure »
Lundi 20 février, le Parquet de Paris a pourtant tranché : l’enquête est classée sans suite. Il estime en effet que l’infraction est insuffisamment caractérisée, faute de preuves tangibles pour qu’Eric Coquerel fasse l’objet de poursuites pénales.
L’avocat de Sophie Tissier ne s’estime pas vaincu, expliquant à l’AFP que sa cliente « entend utiliser toutes les voies de droit pour contester ce classement. Elle reste une victime du comportement ». Et Sophie Tissier d’ajouter : « J’irai au bout de la procédure pour faire reconnaître mon statut de victime et faire reconnaître la culpabilité d’Eric Coquerel. »
Crédit photo : Drutchy2017, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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