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Violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur : 1 élève sur 2 se sent en insécurité

Dans un nouveau Baromètre dévoilé le 11 avril, l’Observatoire Étudiant des Violences Sexuelles et Sexistes alerte sur l’ampleur de la culture sexiste qui persiste au sein des établissements supérieurs et appelle les ministères concernés à prendre les mesures nécessaires.

Mardi 11 avril 2023, l’Observatoire Étudiant des Violences Sexuelles et Sexistes dans l’Enseignement Supérieur a publié son Baromètre 2023. Pour cette enquête, l’organisme a collecté les réponses de plus de 10 000 personnes ayant étudié en 2020-2021 ou en 2021-2022 dans un établissement français de l’enseignement supérieur. Les résultats sont sans appels : « plus d’1 étudiant·e sur 2 ne se sent pas réellement en sécurité dans son établissement au regard des violences sexistes et sexuelles ». Une situation qui concerne particulièrement les femmes et les étudiant·es transgenres.

Des violences systémiques

L’enquête de l’Observatoire montre que ces violences s’inscrivent dans une culture de sexisme systémique, qui ne se cantonne ni à un type d’établissement ni à un profil d’agresseur : « Elles se perpétuent aussi bien lors des événements festifs que durant la vie quotidienne des étudiant·es et elles s’étendent à tout type d’établissement, public comme privé. Elles sont commises par d’autres étudiant·es, mais aussi par des enseignant·es et des membres du personnel. »

Mais si tous les plans de l’enseignement supérieur sont touchés, certains contextes sont particulièrement concernés. Le rapport note ainsi que la moitié des viols ont lieu en première année, particulièrement lors d’événements festifs (comme les semaines d’intégration, pour 16%), et dans les résidences étudiantes. Par ailleurs, les cursus ayant une forte vie en communauté sont en tête de liste : « Plus de 2 étudiant·es sur 3 victimes ou témoins d’au moins l’une des violences citées dans le rapport étudiaient dans une école de commerce (72%), une école paramédicale (72%), une école d’ingénieur·es (70%), un lycée (CPGE ou BTS)(67%), une école vétérinaire (66%), un IEP (65%) ou un grand établissement universitaire (63%) ».

À lire aussi : Contre les violences sexuelles, le ministère de l’Enseignement supérieur renforce son action

Des défaillances dans l’accompagnement des victimes au sein des établissements

« Dans l’ensemble, les établissements échouent à accueillir la parole des victimes et à les accompagner correctement. On dénombre d’ailleurs de multiples établissements sans aucun dispositif de lutte contre les violences », écrit la présidente de l’Observatoire Iris Maréchal, dans un communiqué de presse.

Pourtant, près d’1 étudiant·e sur 10 (9%) déclare avoir été victime de violence sexuelle
depuis son arrivée dans l’enseignement supérieur. Et parmi les victimes et témoins de viol ayant fait remonter les faits à leur établissement, un tiers n’a reçu ni soutien psychologique, ni soutien juridique. Pire, une victime sur quatre ne s’est pas vu proposer le déclenchement d’une procédure disciplinaire, les établissements préférant, pour 44% d’entre eux, conditionner le déclenchement d’une enquête interne à un dépôt de plainte, contrairement à ce que prévoit la loi.

Comment faire confiance, dès lors, à son université ? Pour bon nombre d’étudiant·es, la réponse est simple : c’est impossible. À ce titre, seul 12% des victimes de viols décident d’alerter leur établissement, 14% préfèrent changer de fac ou d’école, et 13% pensent à arrêter leurs études. 

Face à ces chiffres édifiants, l’Observatoire a dénoncé un « manque d’ambition des politiques publiques de lutte contre ces violences » et a appelé les ministères concernés, ainsi que les établissements de l’enseignement supérieur, à « déployer des moyens financiers, humains et politiques à la hauteur des enjeux ». Davantage de prévention, une écoute bienveillante, un accompagnement adapté, des cellules de veille plus efficaces… les pistes d’amélioration proposées par l’Observatoire sont multiples. Reste à savoir si les autorités compétentes prendront la mesure de l’urgence.


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