« Saint-Cyr est un bocal étanche à tout. Et c’est surtout le silence qui s’impose bien plus que les lois de la République ». Ces mots sont ceux de Guillaume Ancel, ex-élève de l’académie militaire Saint-Cyr. Une enquête de « L’Œil du 20 heures », diffusée par le journal de France 2, relate d’un climat propice aux violences sexuelles dans l’institution.
« Vous avez pensé à la carrière de ce gradé ? »
« Depuis l’automne, les choses se dégradent considérablement pour les femmes du bataillon. Sur 18 filles, deux sont en arrêt maladie, une a tenté de mettre fin à ses jours et deux autres ont vécu des agressions sexuelles », relate une élève qui témoigne anonymement.
Tandis qu’un autre, décrit : « Lors du week-end du Triomphe, un officier a collé une élève contre le mur pour l’embrasser de force ». Mais alors que cette élève en informe son chef de section, celui-ci lui aurait répondu : « Vous avez pensé à la carrière de ce gradé ? À sa famille ? » Il l’aurait donc dissuadée de parler. Aucune poursuites n’aurait été engagée selon France 2.
Les signalements pour violences sexuelles sont de plus en plus nombreux. Auprès de nos confrères, l’académie Saint-Cyr assure avoir pris des mesures administratives. « Dans l’une des affaires, l’élève fautif a écopé d’une sanction de 30 jours d’arrêt et de la résiliation de son contrat. Dans deux autres cas, l’enquête de commandement n’a pu conclure à l’établissement de la vérité ». L’école affirme avoir transmis des signalements au procureur de la République de Rennes, qui ont conduit à l’ouverture de trois enquêtes en novembre 2023.
Un climat misogyne
Dans les rangs de Saint-Cyr, un climat sexiste et misogyne semble également être roi. Au cours de son enquête, « L’Oeil du 20 heures » a découvert une page Facebook nommée « Poupée de Cyr », où des internautes se présentant comme des élèves y proposent des t-shirts « PAC », autrement dit « Pute à cyrard », injure créée pour désigner les compagnes des élèves.
Sur ce point, Saint-Cyr indique que la page a été signalée à la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense. Le service de renseignement des armées n’aurait cependant pas réussi à identifier les créateurs de la page.
Selon une personne appartenant à l’encadrement, actuellement en poste à Saint-Cyr le manque de volonté pour sanctionner les coupables est dû à une culture corporatiste : « En général, les dérives sont dues à une minorité radicale : les ‘tradis’. Ce sont parfois des fils d’officiers supérieurs ou de généraux et cela explique que les autorités militaires n’agissent pas. On protège la ‘caste saint-cyrienne’. »
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Les Commentaires
C'est surtout difficile vu que pénalement c'est probablement même pas qualifiable, donc pas de mandat pour enquêter avec les pouvoirs d'un·e juge, donc pas moyen de demander les relevés téléphoniques / addresses IP etc. Et Facebook refusera de transmettre quoi que ce soit sans demande d'une autorité judiciaire compétente.
Faire un t-shirt avec un slogan sexiste comme dans le reportage c'est pas illégal si on ne vise personne en particulier en plus d'utiliser un acronyme "obscure". En justice ça tiendra pas, la défense dira que c'est de l'humour potache et ça sera classé.
L'enquête a simplement été interne je pense, faite rapidement avec les sources "visibles", si les auteurs de la page n'ont laissé aucun indice visible, alors impossible de les retrouver.