Lundi 8 juin, le ministre de l’Intérieur a tenu une conférence de presse attendue sur les violences policières, sujet qui agite le monde depuis la mort de George Floyd, un homme d’origine afro-américaine mort au cours d’une interpellation aux Etats-Unis.
En France, de nombreuses manifestations ont eu lieu la semaine passée pour dénoncer le racisme au sein de la police française et demander justice pour Adama Traoré, un homme noir décédé au cours d’une interpellation policière en 2016.
Le gouvernement annonce la suppression de certaines techniques d’interpellation
En réponse aux nombreuses voix qui s’élèvent pour dénoncer le racisme et les violences policières en France, le gouvernement prend (enfin) des mesures concrètes.
Christophe Castaner a ainsi annoncé la suppression d’une technique d’interpellation controversée, la technique d’étranglement qui consiste à prendre une personne par le cou pour la neutraliser.
S’appuyer sur la nuque ou le cou d’une personne maintenue au sol sera également interdit aux policiers et aux gendarmes.
Contre la violence policière, d’autres mesures annoncées par le gouvernement
Par ailleurs, une « réforme en profondeur des inspections du ministère de l’Intérieur » devrait être menée pour plus d’indépendance, toujours selon Christophe Castaner.
Parmi elles : l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), celle de la gendarmerie (IGNPN) et de l’administration (IGA).
Le ministre de l’Intérieur a affirmé qu’une « tolérance zéro » serait appliquée aux actes ou propos racistes au sein de la police. Il demande une suspension systématique en cas de soupçons, et que des procédures disciplinaires soient toujours engagées en parallèle des procédures pénales.
Et pour cause. Dans un podcast récent, Arte Radio a dévoilé les paroles enregistrées de policiers racistes et suprémacistes blancs qui se sont déchainés sur un de leur collègue noir, mettant en lumière une réalité extrêmement taboue dans la profession.
Enfin, le gouvernement souhaite mieux encadrer les contrôles d’identité : « J’ai décidé d’adresser une instruction à tous les services pour rappeler le cadre d’un contrôle d’identité »
, a assuré Christophe Castaner.
Le recours aux caméras piétons par les forces de l’ordre sera ainsi étendu. Ces dernières sont portées sur l’épaule ou le torse des policiers et leur permettent de filmer leurs interactions avec les personnes interpellées.
Des mesures suffisantes contre les violences policières ?
La ligne officielle du gouvernement ne reconnaît cependant toujours pas les violences policières en tant que phénomène systémique, et les considère comme des faits isolés, perpétrés par des « moutons galeux ».
Une ligne réaffirmée pendant la conférence de presse par Christophe Castaner :
« Il n’y a pas d’institution raciste ou de violence ciblée. Je ne laisserai pas les agissements odieux de certains jeter l’opprobre sur toute une institution. […]
Il n’y a pas d’institution raciste, ou de violence ciblée. »
D’autres techniques controversées utilisées par la police sont n’ont pas non plus été remises en question, comme celle du plaquage ventral.
Pour rappel, son utilisation avait causé la mort de Cédric Chouviat en janvier alors qu’il travaillait comme livreur en scooter.
Des critiques émanant des syndicats de police
Les annonces du gouvernement sont également vivement critiquées au sein de la police.
Le délégué national du syndicat des gardiens de la paix Frédéric Lagache émet ainsi des réserves quant à la suppression de la technique d’étranglement. Il déclare au journal Le Monde :
« Dès lors qu’elle est faite dans un court instant, c’est la seule technique qui permette aux agents de maîtriser un individu dont le poids est supérieur. […]
Sinon, on en sera réduit au combat de rue ou à l’utilisation du taser. »
Le secrétaire général du syndicat Unité SGP Police, Yves Lefebvre, dénonce quant à lui un manque de moyens humains au sein de la police dans une interview pour Libération :
« Le ministre de l’Intérieur pense qu’en un claquement de doigts, les moniteurs vont être formés à enseigner d’autres méthodes d’intervention ? Nous n’en avons pas les moyens humains. »
Que le gouvernement reconnaisse des défaillances au sein de ses institutions est un réel pas en avant, mais du chemin reste à faire. Reste à savoir si plus de mesures concrètes pour réformer la police vont suivre.
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