Certains chiffres du dernier rapport de l’UNICEF sur les violences subies par les enfants dans le monde sont à glacer le sang. Plus de 10% des filles sont victimes de violences sexuelles, et un cinquième des victimes d’homicides dans le monde sont des enfants.
Ce rapport a été réalisé grâce aux données récoltées dans 190 pays du monde. Il se focalise exclusivement sur les actes de violences perpétrées par des membres de l’entourage des enfants (parents, gardiens, figures d’autorité ou d’éducation, autres enfants, adultes inconnus).
On parle de violences interpersonnelles, qui excluent donc les violences collectives (commises en groupe) et les formes de violences culturelles, communautaires (comme par exemple les mutilations génitales).
Les données qui suivent concernent donc uniquement des violences interpersonnelles, commises par des proches de l’enfant.
Plusieurs statistiques retiennent l’attention, et illustrent l’ampleur d’un problème qui transcende les États.
La violence est banalisée, pour un tiers des enfants
Ce sont peut-être les données les moins « spectaculaires », et pourtant, parmi les plus préoccupantes : l’ampleur de la violence tient aussi dans son caractère courant, presque banal.
Quand on lit qu’un tiers des élèves âgés de 13 à 15 ans « subit au moins un acte d’intimidation de manière régulière », il faut s’interroger sur la récurrence des actes violents qui touchent les enfants.
Un tiers des enfants sont exposés régulièrement à une forme de violence, y compris dans Europe et en Amérique du Nord, où le harcèlement scolaire est pris en compte comme ce qu’il est : une forme de violence morale et parfois physique qu’il est impératif de prendre au sérieux.
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La violence disciplinaire, « une nécessité » pour les adultes
Comment peut-on parler d’éducation quand on a recours aux châtiments corporels sur un enfant, alors qu’il s’agit ni plus ni moins de violence ? Claques, gifles, coups… tous les types de sanctions physiques, appelées aussi « violences éducatives ou disciplinaires » frappent 60 % des enfants dans le monde.
17 % sont victimes de châtiments corporels sévères dans le monde (être frappé à la tête, sur les oreilles ou le visage ou être violemment battu et à plusieurs reprises), et 40% sont victimes de châtiments extrêmes en Égypte, au Tchad et au Yémen.
Plus préoccupante est l’attitude des adultes face au recours à ces formes de violences : 3 adultes sur 10 pensent que le châtiment corporel est nécessaire pour éduquer un enfant. Cette seule statistique est préoccupante, indépendamment du degré de gravité du châtiment infligé.
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Cet article sur la violence éducative, publié en 2013, avait suscité un débat passionné.
Difficile de renoncer aux méthodes éducatives dont on a été soi-même victime, quand bien même les ONG alertent désormais largement sur la nécessité d’abandonner toutes les formes de châtiments corporels à l’encontre des enfants…
Naître fille, la double peine
Malheureusement sans surprise, les filles subissent davantage de violences sexuelles que les garçons. Environ une fille sur dix a déjà subi un rapport sexuel forcé.
Le manque de données pour les garçons empêche d’établir une comparaison chiffrée sur ce point.
Sachant que cette étude tient uniquement compte des violences interpersonnelles, ces statistiques ne comprennent pas toutes les violences dont les filles sont victimes à raison de leur sexe, comme les mariages forcés ou les mutilations génitales.
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Une violence intériorisée
Le titre du rapport publié par l’UNICEF est très éloquent : « cachée sous nos yeux », la violence qui touche les enfants devraient nous être intolérable. Mais c’est tout le contraire que cette étude démontre : outre le fait qu’un tiers des adultes justifient le recours aux violences éducatives, les enfants eux-mêmes intériorisent la violence.
Ainsi, cette statistique qui glace le sang : la moitié des filles de 15 à 19 ans dans le monde pensent que les violences conjugales sont parfois justifiées.
La proportion de filles qui ont intériorisé la violence conjugale est encore plus importante dans certains pays : elle atteint 80% en Afghanistan, en Guinée, en Jordanie, au Mali et au Timor-Leste.
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En conclusion du rapport, l’UNICEF analyse les racines de la violence qui touche les enfants dans le monde :
« Bien que souvent considérée comme un problème individuel, la violence envers les enfants est, en réalité, un problème sociétal, induit par les inégalités économiques et sociales et les faibles niveaux d’instruction.
Elle est alimentée par des normes sociales considérant la violence comme un moyen acceptable de résoudre les conflits, approuvant la domination des adultes sur les enfants et encourageant les discriminations. »
Et l’ONG souligne que « seuls 39 pays dans le monde protègent juridiquement les enfants de toutes les formes de châtiments corporels, y compris à la maison ».
Pour pouvoir lutter contre les violences faites aux enfants, il faut commencer par reconnaître leur existence. Avec ce rapport, l’UNICEF pose des chiffres sur une réalité, même si la collecte de données est largement incomplète.
En effet, les actes de violences commis sur les enfants sont peu documentés (il faut déjà qu’ils soient reconnus comme des violences, et très peu de jeunes victimes vont se plaindre, par exemple), un problème en soi que souligne Anthony Lake, le directeur de l’UNICEF :
« La violence envers les enfants se produit chaque jour et partout. Certes, elle porte principalement atteinte aux enfants, mais elle déchire aussi le tissu social en mettant en péril la stabilité et le progrès.
Mais la violence envers les enfants n’est pas inévitable. On peut la prévenir si nous refusons qu’elle reste dans l’ombre.
Les faits contenus dans ce rapport nous obligent à agir, dans l’intérêt de chacun de ces enfants et pour renforcer les sociétés partout dans le monde. »
Aux États de réagir, afin que les enfants cessent d’être des victimes invisibles.
Plus d’informations sur ce sujet :
- La synthèse du rapport de l’UNICEF « Cachée sous nos yeux »
- L’intégralité du rapport de l’UNICEF (en anglais)
- Le communiqué de presse de l’UNICEF sur ce rapport
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Les Commentaires
J'ai écris un peu trop vite.
Pommverte > Je pense aussi que les parents ont le droit à l'erreur et ce n'est pas parcequ'on à glifflé son enfant une fois qu'on est un parent abominable, cependant il me semble qu'on aura moins tendance à craquer si on part du principe qu'on est contre la violence de manière générale que si on se dit qu'on à le droit de frapper l'enfant quand il va "trop loin" vu que dans ce cas les limites sont fixées par l'adulte et il va surtout décider en fonction de son niveau de colère/peur.
Par contre pour ton prof je trouve ça normal que les parents aient porté plainte. Je ne connais pas la législation en vigueur par rapport aux ados donc je ne sais pas qui est responsable si un ado se casse délibérément mais la réaction la plus appropriée aurait été d'aller la récupérer et ensuite de la renvoyer plusieurs jours de l'école car évidement ce qu'elle à commis était une connerie énorme, mais la on parle en plus d'un prof, pas d'un parent. :/