Pourquoi le viol, c’est vraiment hilarant.
Tel était le titre d’une vidéo poignante, l’un des tous premiers contenus au sujet des hommes victimes de viol que j’ai relayés sur madmoiZelle.
Un titre qui reste terriblement actuel.
Les violences sexuelles sur les hommes restent un ressort comique
La nouvelle vidéo de l’excellente chaîne Pop Culture Detective (déjà à l’origine de La masculinité fantastique de Newt Scamander) parle des hommes victimes de violences sexuelles.
Et plus précisément du traitement de ces hommes dans la pop-culture, notamment dans les comédies américaines.
Comme la vidéo est longue et que les sous-titres français ne sont pas de très bonne qualité, je vous propose un résumé des réflexions alignées par le taulier, Jonathan McIntosh.
NB : le vidéaste ne parle ici que des cas où les hommes sont abusés par d’autres hommes. Il réalisera une « suite » sur le sujet des hommes abusés par des femmes.
Les blagues sur les hommes victimes de viol sont si nombreuses
La vidéo commence par un enchaînement quasi-insoutenable de scènes moquant les hommes victimes de violences sexuelles.
Menaces de viol, objets insérés de force dans l’anus ou la bouche, peur panique à l’idée d’être sexuellement abusé, attouchements, sidération… tout y passe.
Et tout est traité sous l’angle de la comédie.
Les productions en question sont très diverses. Les Gardiens de la Galaxie, Family Guy, le talk-show de Conan O’Brien, Horrible Bosses, et même Friends, quand Chandler est peloté par son tailleur !
La violence sexuelle sur un homme est toujours tournée en dérision. Et cela soulève, selon Jonathan McIntosh, de nombreux problèmes.
Quand l’homme violé est émasculé
Le vidéaste s’appuie entre autres sur le film En taule mode d’emploi (Get Hard), une comédie avec Will Ferrell et Kevin Hart.
Le héros, incarné par Will Ferrell, est terrorisé à l’idée d’aller bientôt en prison, notamment car il a peur d’y être violé.
Cette peur est exploitée par le personnage de Kevin Hart qui lui facture un « coaching » pour faire de lui un dur.
Dans ce film, comme dans de nombreuses autre comédies, ce qui est censé être drôle, c’est la non-virilité de l’homme violé, ou qui a peur d’être violé.
Chouineur, chétif, trop faible pour être respecté, trop « femmelette » pour maîtriser ses angoisses, l’homme victime (ou potentielle victime) de viol n’est plus homme.
Il est une « victime », au sens péjoratif du terme. Et sa faiblesse mériterait d’être tournée en dérision.
Le viol en prison, tragique réalité trop souvent moquée
En taule mode d’emploi est loin d’être la seule comédie qui utilise le viol en prison comme ressort comique
.
C’est si courant que beaucoup de productions mentionnent simplement « faire tomber la savonnette », laissant le public déduire la suite…
Car dans l’imaginaire collectif, être un homme victime de viol, ce n’est pas possible, SAUF en cas d’emprisonnement.
Jonathan McIntosh le rappelle, le viol en prison est bien réel. Chaque année, 200 000 personnes emprisonnées sont victimes de violences sexuelles aux États-Unis.
Et c’est loin d’être drôle. Alors pourquoi est-ce traité comme une blague, jusque dans des contenus pour enfants comme Bob l’Éponge ?
Le viol en prison, la réalité et la fiction
Jonathan McIntosh évoque plusieurs pistes de réflexions, après avoir rappelé qu’il existe aussi du sexe consenti et des relations amoureuses en prison : il ne faut pas tout mélanger.
Tout d’abord, le fait que la thématique du viol en prison, dans la fiction, concerne le plus souvent des hommes blancs, hétérosexuels et cisgenres (qui correspondent au genre qu’on leur a assigné à la naissance).
Dans la réalité, ce sont les homosexuels, bisexuels, hommes et femmes trans ou plus généralement mecs « efféminés » qui sont le plus souvent victimes de violences sexuelles, y compris derrière les barreaux.
Le viol en prison et ses présupposés racistes
Dans la fiction, les viols ou menaces de viol viennent essentiellement de prisonniers noirs, musclés, criminels, et visent un personnage blanc plus chétif, emprisonné à tort ou coupables d’actes moins « violents ».
Le personnage de Will Ferrell dont je vous parlais plutôt, par exemple, est écroué pour fraude fiscale.
Ce schéma d’agresseur noir, hyper-viril, s’en prenant à une victime blanche et plus « douce », renforce selon Jonathan McIntosh des stéréotypes racistes.
L’homme noir serait plus brutal, aurait une sexualité qui se rapproche de la prédation, qu’il utiliserait comme une arme pour soumettre les autres mecs…
Le vidéaste cite l’exemple très intéressant de Terry Crews, qui a révélé pendant la vague #MeToo avoir été agressé sexuellement par un homme blanc, l’agent Adam Venit.
Il y a des années, Terry Crews a joué, à la télévision, le genre de voyou qui menaçait d’autres hommes de les violenter sexuellement.
Pourtant, son agression bien réelle fait totalement mentir les stéréotypes : c’est lui, l’homme noir ultra-musclé, qui a été ciblé par un type blanc bien moins costaud.
Car les violences sexuelles ne sont ni une histoire de désir, ni de muscles, mais de pouvoir. L’agent qui lui a saisi les parties génitales savait que Terry Crews était en position d’infériorité et ne pourrait se défendre…
Le viol en prison, une loi du Talion ?
Dans la fiction, le viol en prison est également tourné en dérision par les forces de l’ordre, qui n’hésitent pas à menacer les suspects interrogés en leur rappelant « ce qui arrive aux jolis garçons comme toi » une fois derrière les barreaux.
Pourtant, ces policiers, détectives et autres agents secrets sont censés être des personnages positifs ! On les imagine mal menacer une femme de viol pour « lui apprendre une leçon »…
Mais là encore, la vidéo fourmille d’exemples montrant que la situation est courante dans les films et séries.
C’est comme si, tant qu’il concerne un homme suspect ou coupable d’un crime, le viol était une punition acceptable. Comme s’il faisait partie de l’arsenal légal classique.
Comme si menacer un suspect de viol, c’était la même chose que de lui dire « tu risques 10 ans de taule ». Alors que ça ne l’est pas.
Le viol ne peut jamais être justifié, ne peut jamais s’apparenter à de la justice. Et penser le contraire, c’est un des éléments de la culture du viol qui gangrène bien des sociétés.
Quand les hommes gay violent, ou l’homophobie dans la fiction
Jonathan McIntosh se penche également sur les cas où un personnage gay (de façon certaine, ou soupçonnée) agresse sexuellement un homme hétérosexuel.
Il prend notamment l’exemple du film Serial Noceurs dans lequel le personnage incarné par Vince Vaughn se réveille ligoté au lit par un jeune homme prêt à le violer.
Ce même jeune homme est le seul personnage ouvertement homosexuel du film.
Le vidéaste de Pop Culture Detective enchaîne les exemples d’hommes gay prêts à devenir des agresseurs, et ils ont malheureusement beaucoup de points communs.
Leur sexualité semble débordante, incontrôlable, imperméable à la notion de consentement. Être homosexuel et en maîtrise de ses désirs semble impossible.
Comme si les hommes gay ou bi passaient leur temps à sauter sur tout ce qui bouge, y compris les hétéro…
Alors que dans la réalité, l’homophobie existe encore et toujours, et ce sont plus souvent des hétéro qui attaquent des personnes non-hétéro, parfois en usant de violences sexuelles.
Jonathan McIntosh le dit mieux que moi :
« Les personnes homosexuelles ne sont pas une menace pour les personnes hétérosexuelles. Les violeurs sont une menace pour tout le monde. »
Rire du viol, et non des victimes de viol
Le vidéaste termine sur une note d’espoir : il est possible de rire correctement du viol, en ne se moquant pas des victimes.
Il cite l’exemple de Cameron Esposito, qui a tout un spectacle intitulé Rape Jokes. Vous pouvez le regarder gratuitement (anglais, sous-titres dispo en anglais) sur son site !
Le problème des blagues citées tout au long de la vidéo, c’est qu’elles se moquent des victimes de viol, lesquelles sont déjà trop rarement prises au sérieux par les forces de l’ordre comme par la société en général.
Le viol des hommes est encore plus méconnu et moqué que celui des femmes.
C’est tellement courant, de tourner les victimes de viol en dérision, que c’en est devenu paresseux, au lieu d’être piquant ou provocateur comme le voudraient les comiques qui écrivent ces vannes.
Je finirai donc en citant Jonathan McIntosh :
« Les victimes de viol pourraient être montrées avec dignité, empathie. Ça, ce serait provocateur. »
À bon entendeur…
À écouter : le témoignage d’Anthony, qui est loin de donner envie de rire.
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Les Commentaires
J'en connais quelque uns qui ne sont pas là pour insulter, discriminer les femmes mais qu'ils ne sont juste pas d'accord avec des féministes (mais ils sont d'accord pour des lois anti-violence envers les femmes, etc) et là aussi de se préoccuper des hommes violés comme pour les femmes violées sans une idéologie derrière.
Mais je suis d'accord, les autres pff, ta envie de foutre des baffes, des poings avec leurs propos misogynes, transphobe, homophobe et même du racisme.