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Société

Le viol conjugal, insoutenable réalité méconnue mise en lumière dans un court-métrage

Le viol conjugal, jusqu’à peu ignoré par la loi française, est toujours méconnu. Ce court-métrage et les réactions qu’il a suscitées prouve qu’il y a encore beaucoup d’éducation à faire.

Lorsque quelqu’un dit non, c’est non. Cette notion semble simple…

Mais nos trop nombreux articles autour du viol prouvent que le consentement est encore et toujours très mal compris, enseigné, respecté.

À lire aussi : Le consentement sexuel expliqué par une tasse de thé

Je suis ordinaire, le film qui montre le viol conjugal

La vidéo raconte l’histoire d’un viol conjugal.

La jeune femme refuse le rapport, à plusieurs reprises. Son compagnon insiste, outrepasse son consentement, finit par la pénétrer quand même.

Elle reste là, immobile. Sous le choc.

À lire aussi : Le consentement expliqué par des métaphores toutes simples

Chloé Fontaine, qui a écrit le scénario et qui joue aussi dans le court-métrage, m’a expliqué ce qui l’a menée à réaliser cette vidéo :

« À la base, j’ai entendu pas mal d’amies à moi s’interroger suite à des aventures qu’elles ont eues avec des garçons : est-ce qu’elles en avaient envie, si ce n’était pas le cas, est-ce que c’était du viol ?

Il m’a paru évident qu’il fallait que je fasse quelque chose là-dessus. Pour que les gens comprennent qu’à chaque fois qu’il y a un rapport non consenti c’est déjà un problème. Soit on veut, soit on ne veut pas, il n’y a pas d’alternative. »

Le viol conjugal, encore méconnu

La vidéo ne met pas en scène une violence physique, la jeune femme n’est pas séquestrée par un dangereux violeur instable. Mais elle dit « non » et son compagnon ne l’écoute pas.

C’est un viol.

Le Huffington Post a partagé la vidéo et les commentaires sur leur publication Facebook sont édifiants.

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Ces commentaires, Chloé ne les prend pas si mal :

« Qu’il y ait autant de réactions, c’est ce que je recherchais. Si tout le monde était d’accord, le film n’aurait eu aucun intérêt en soi.

Quand certaines personnes ne voient pas où est le problème, ça montre qu’il est nécessaire d’en parler. Ce qui est cool c’est que je n’ai pas vu de gens s’insulter : ils débattent, prennent le temps de s’expliquer. C’est exactement ce que je cherchais. »

La sidération est le phénomène psychologique qui empêche de réagir en cas d’agression. Parfois, la violence induit dans le cerveau un réflexe de protection qui « sort » la victime de son corps, l’immobilise, la coupe totalement de la réalité et l’empêche de réagir.

Pour en savoir plus, notre article à ce sujet : La sidération psychique en cas d’agression sexuelle décryptée.

Dans le court-métrage, les protagonistes discutent d’un film, Irréversible. La jeune femme refuse de le voir, le copain répond qu’elle n’aura qu’à se cacher les yeux.

Chloé explique que ce moment fait référence à la scène de viol insoutenable présente dans le film.

« Quand elle refuse de voir le film, il lui dit de se cacher les yeux et d’attendre que ça passe. Exactement comme pendant le rapport sexuel ensuite.

L’idée, c’était aussi de montrer que tout le monde est d’accord pour dire que la scène d’Irréversible est un viol… Ce qui est moins le cas pour celle de mon court-métrage. »

Rappelons que 90% des viols sont commis par un proche. Statistiquement, le violeur n’est pas un déséquilibré tapi dans un parking souterrain : il peut être un ami, un collègue, un membre de la famille, un compagnon.

À lire aussi : Je connais un violeur, et vous aussi, sans doute

Ce court-métrage était en lice au Nikon film Festival, mais il n’a pas atterri parmi les cinquante finalistes. En fait… Il a été publié la veille de la clôture des soumissions de vidéos !

Néanmoins, il mérite d’être diffusé le plus largement possible.

À lire aussi : Culture du viol, consentement et « zone grise » : des concepts imaginaires ?


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Les Commentaires

30
Avatar de Salpetre
26 février 2017 à 09h02
Salpetre
@Khyra Non, il n'y a pas toujours sidération. Ni la sidération, ni le fait de s'être défendu-e ne sont nécessaires pour qualifier une agression d'agression. Parfois, oui, c'est juste de la résignation. Parce qu'on a cédé après tant d'insistance qu'on en a marre, parce qu'on a l'habitude, etc. Parfois, il est impossible de savoir si on était sidéré-e ou résigné-e : on ne sait pas si on aurait pu ou non se battre, puisqu'on sait par exemple que ça ne sert à rien. J'ai aussi l'impression qu'il y a divers degrés de dissociations : il reste parfois une partie de nous qui sait soit qu'on est nous, soit que le monde existe toujours et est toujours le même, qu'il s'y passe bien ce qu'il s'y passe, fût-ce insoutenable, même si on n'arrive pas à s'en rendre réellement compte sur le moment. Je ne suis pas sûre que ce soit très clair pour quelqu'un qui n'en aurait pas fait l'expérience.
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