Star de Youtube, co-créateur d’une émission avec Arte, auteur de plusieurs ouvrages publiés dans de grandes maisons d’éditions, il est une figure de la vulgarisation scientifique, avec sa chaîne Youtube DirtyBiology créé en 2014.
Mediapart a recueilli huit témoignages de femmes qui rapportent des violences psychologiques, sexuelles qui auraient été commises par le youtubeur Léo Grasset. À ces voix, s’ajoutent aussi celles de plusieurs confrères auprès desquels certaines de ces femmes se seraient confiées, qui affirment vouloir soutenir publiquement les victimes, tels Arnaud Gantier, de la chaîne Stupid Economics, ou encore Théo, de la chaîne Balade Mentale.
Un viol qui se serait passé en 2016
Mediapart révèle tout d’abord le témoignage d’une jeune femme qui accuse Léo Grasset de viol. Elle est aussi youtubeuse, et témoigne sous le pseudonyme de Lisa. Elle raconte une relation d’ « emprise », ainsi qu’un viol qui se serait déroulé en 2016 chez elle.
« J’avais vraiment une espèce de dissonance cognitive maximum où je me disais “c’est la personne que j’aime et il vient de se passer ça” », raconte-t-elle. Elle s’en est par la suite confiée à plusieurs personnes de son entourage.
Les choses ne s’arrêtent pas là puisque Léo Grasset aurait ensuite terni fortement la réputation de la jeune femme :
« Léo porte une énorme responsabilité dans la décrédibilisation de [Lisa]. Il nous l’a présentée systématiquement comme une mythomane, et il a fini par réussir à la faire passer pour une folle incompétente », rapporte un youtubeur qui regrette de s’être laissé berner. Par peur de des conséquences sur son travail et sa carrière, Lisa ne va pas porter plainte.
Quelques années plus tard en 2019, Léo Grasset lui envoie un message pour s’excuser : « J’ai pas été correct avec toi quand on s’est revus en 2016. […] Bon c’était une période particulièrement bordélique de ma vie, et ça va mieux maintenant, mais ça n’excuse rien. »
Comportements toxiques et négation du consentement
Marine Périn alias Marinette sur Youtube et Twitch, témoigne elle aussi de la compréhension très limitée du youtubeur du mot « consentement » dans les relations sexuelles. Le youtubeur lui aurait d’ailleurs raconté être atteint de sexomnie, soit de somnambulisme sexuel. Dans un message adressé à Marine Périn, il a écrit : « Je baise en dormant, des fois. […] Quand je suis dans cet état-là, j’suis un peu animal. […] Quand je suis éveillé, je fais vachement attention à l’autre […], alors que quand je dors, je m’en baleeeeeeeek. »
D’autres témoins évoquent des comportements et des attitudes particulièrement toxiques envers les femmes :
« C’était très pernicieux : il y avait des fois où il ne me répondait pas pendant une semaine et ensuite une dizaine de messages en une heure… » affirme une autre youtubeuse.
« J’ai eu l’impression d’être un peu un objet qu’il ne considère pas. Ça a été psychologiquement compliqué » se souvient une autre femme ayant été en relation avec lui.
De l’autre côté, Léo Grasset semble bien conscient de son aura et son pouvoir. Certains témoignages montrent qu’il joue de cette emprise qu’il exerce sur des femmes à force de charisme, d’humour, d’attention, comme il l’écrit à un ami : « toutes les meufs mignonnes ou bonnes même, hop, elles sont niquées de la tête […] / ou en dépression à cause de moi ».
Une autre youtubeuse, Manon Bril, qui tient la chaîne C’est une autre histoire témoigne aussi d’une relation toxique, dont elle est sortie « détruite ». « Il m’a mise dans une insécurité émotionnelle énorme » raconte-t-elle à Mediapart :
« Fin 2017, Léo Grasset met fin à sa relation avec Manon Bril. “Et c’est parti pour deux ans d’une rupture continue”, selon la vidéaste. Elle raconte qu’elle va mal. Sa mère tombe gravement malade. Et lui réapparaît au moment où elle est si vulnérable ; il est présent auprès d’elle mais s’éloigne “à chaque fois que ça devenait un peu trop”. “Il m’a kidnappée émotionnellement”, dit-elle. »
Enfin, plusieurs personnes déplorent le climat sexiste et viriliste pendant le tournage du Vortex, une émission de vulgarisation produite par Arte, en 2018.
Face à l’ampleur du scandale dans la communauté des youtubeurs, certains d’entre eux, veulent aujourd’hui se positionner du côté des victimes. Vled et Thomas de la chaîne La Tronche en biais, avaient été avertis par un abonné en 2019 de « rumeurs d’agressions sexuelles » concernant Léo Grasset. Peu convaincus, ils avaient prévenu le principal intéressé. Ils affirment aujourd’hui à Mediapart vouloir « soutenir les filles ».
Léo Grasset n’a pas répondu aux questions des journalistes.
À lire aussi : Affaire Damien Abad : une femme témoigne d’une tentative de viol en 2010
Crédit photo : Dirty Biology (Youtube)
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Les Commentaires
Je suis bien d'accord avec toi. Ce serait quand même un bien curieux hasard que plusieurs femmes puissent porter les mêmes accusations envers lui. Il est encore difficile de se faire entendre lorsqu'on est une femme, et d'après les résumés que j'ai pu voir de sa vidéo réponse, il est bien assez proche de les faire passer pour folles en minimisant ses propres torts. Ou du moins, ai-je cru comprendre.
J'ai choisi de les croire et de les soutenir. Voilà pourquoi je ne regarderais pas sa vidéo réponse.