L’empreinte carbone de la mode représente 3 à 10 % de l’ensemble des émissions de carbone générées dans le monde, d’après le World Economic Forum (fondation à but non lucratif basée en Suisse, indépendante, qui vise l’intérêt public). « Le marché mondial de l’habillement devrait passer d’une valeur de 1,5 trillion de US dollars en 2020 à environ 2,25 trillions de dollars en 2025 », d’après le premier rapport sur l’impact climatique de Vinted, publié fin mars 2023. Dans ce secteur colossal, le site de revente de vêtements entre particuliers estime que chaque transaction réalisée sur sa plateforme permettrait d’économiser 1,8 kg de CO2.
Près de 453 kilotonnes de CO₂ aurait ainsi été économisées via Vinted
Si cela peut sembler dérisoire, c’est à mettre en perspective avec le fait que l’entreprise lituanienne, fondée en 2008, compte aujourd’hui plus de 80 millions de membres inscrits répartis à travers 18 pays, dont plus de 19 millions en France (qui est son premier marché).
Pour arriver à ce chiffre moyen de 1,8 kg de CO2 épargné par transaction, Vinted s’est associé à la plateforme de suivi des émissions de carbone Vaayu. Leur étude se base sur 500 millions de transactions et sur les informations fournies par plus de 350 000 membres. En 2021, près 453 kilotonnes de CO₂ aurait ainsi été économisées via Vinted, en comparaison avec le recours à la première main.
Le rapport s’intéresse aussi aux intentions d’achat des personnes utilisatrices. Pour 20 % des membres, la seconde main représente leur premier choix, puisque 1/5 des sondées déclarent préférer acheter un vêtement sur le marché de l’occasion plutôt que du côté du neuf, même s’il y coûterait le même prix. Et ce, pour des raisons écologiques. Le rapport estime même que 39 % des transactions ont permis d’éviter l’achat d’une pièce vierge, donc plus d’1 transaction sur 3 a permis d’éviter l’achat d’un article neuf.
Quel est l’impact écologique de tous les colis de vêtements qui transitent via Vinted ?
Autre point d’inquiétude : le transport de toutes ces transactions sur le marché de la seconde main. Eh bien, 73 % des Vinties choisissent une livraison en point retrait/dépôt, plutôt qu’au domicile. Cette relative centralisation des livraisons dans un point de retrait (30 % des personnes utilisatrices s’y rendent à pied) permet de réduire les émissions de 62 % par rapport à des livraisons à domicile. Et puisque Vinted ne permet pas de retour, c’est encore du carbone économisé.
Côté emballage aussi, l’impact climatique s’avère réduit d’après le site lituanien. Parmi les personnes sondées, 62 % réutilisent du vieil emballage déjà chez elles plutôt que des matières vierges. Ce qui a permis d’épargner plus de 17 kilotonnes d’émissions carbones.
Vers une fast-fashionisation de la seconde main ?
Sans surprise, ce premier rapport sur l’impact climatique de Vinted, édité par Vinted, s’avère donc dithyrambique. Notons tout de même que Vinted ne fonctionne pas en vase clos, et que le simple fait que cette opportunité existe amène beaucoup de personnes à continuer à consommer toujours autant de vêtements, voire plus, en sachant qu’elles pourront les revendre vite et bien pour renouveler un budget shopping. Sans dire qu’il s’agit de la majorité des cas sur cette plateforme ou d’autres sites de seconde main, cela mérite d’être souligné pour comprendre combien c’est toute l’industrie de la mode qui doit ralentir, plutôt que de nourrir toujours plus le marché de l’occasion.
Si ce dernier s’engraisse à vitesse grand V, ce n’est pas juste à cause de la précarité de personnes modestes en quête de moyens d’arrondir leurs fins de mois, mais aussi parce qu’on produit toujours plus de vêtements, toujours plus rapidement, et qu’on s’en lasse encore plus frénétiquement. D’où le fait qu’on puisse observer des dynamiques de plus en plus semblables à la fast-fashion du côté de la seconde main, comme on en discutait dans le podcast Matières Premières avec Elodie Juge, ingénieure et docteure en sciences de gestion et membre de la chaire industrielle TREND(S) (Transformation of Retailing Ecosystem(s) & New market DynamicS) de l’université de Lille. L’experte parle même de « fast-fashionisation de la seconde main ».
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