Les Bio Interdites passent, et ne se ressemblent pas. Elles ont pourtant des points communs, et une certaine continuité. Elles provoquent un petit stress chez l’invité•e, juste avant que Vincent Dedienne n’entame sa chronique. « Qu’est-ce qu’il va me sortir ? » semble supplier silencieusement l’invité•e politique, qui à ce stade de l’émission, a déjà subi une analyse de son style vestimentaire, un débriefing vidéo de sa semaine, et une interview tonique menée fermement par Maïtena Biraben.
Et chaque semaine, invariablement, Vincent Dedienne retourne la moquerie contre ceux qui l’utilisent à mauvais escient.
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Face à Christian Estrosi, comme face à Louis Aliot, il avait piqué avec finesse les positions idéologiques xénophobes, jouant la naïveté. Face aux femmes politiques méprisées, copieusement raillées, comme Roselyne Bachelot ou Eva Joly, il redore leur blason en rééquilibrant leur bilan, maniant l’absurde et l’ironie avec talent.
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« Un petit bout de bonne femme » et une grande dame
Face à Christiane Taubira, Vincent Dedienne nettoie d’un trait de plume l’outrage des insultes racistes, violentes, dégradantes que la Garde des Sceaux essuie encore régulièrement, et ce depuis son engagement ferme et infaillible en faveur de la loi mariage pour tous.
Ses discours prononcés dans l’hémicycle avaient enthousiasmé, ému, touché nombre d’entre nous, et resteront sans aucun doute dans l’Histoire.
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Et une fois encore, face à cette grande dame, la plume de Vincent Dedienne fait mouche.
« Vous êtes aussi l’auteure de la loi qui reconnaît l’esclavage comme un crime contre l’humanité, et c’est là qu’on s’aperçoit qu’il y a de grandes et de petites lois. Parfois derrière une petite loi, il y a un gros bonhomme, comme David Douillet, un gros bout de bonhomme, et parfois derrière une grande loi, il y a un petit bout de bonne femme, comme Simone Veil, ou comme vous, madame Taubira. […]
On reproche trop souvent à la politique contemporaine d’être devenue un spectacle. Tantôt un mauvais boulevard, tantôt une tragédie, ou un bien petit mélodrame. Cela dépend de la qualité des acteurs, en fait, comme au théâtre, souvent.
Et lorsque, madame Taubira, vous citiez sans fiches et sans reproches des pans entiers des oeuvres d’Aimé Césaire, de Gontran Damas, de Zola, ou même de Bob Marley, au milieu de l’hémicycle, quand vous riiez, lorsque vous tempêtiez, rouspétiez, bagarriez, moi, le spectacle me plaisait.
Et il m’a même fait verser quelques larmes de joie, à un moment où la France me donnait envie de pleurer. »
Rendre justice à une Garde des Sceaux, franchement, chapeau.
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Vous pouvez également revoir l’intégralité du Supplément, qui commence par la partie consacrée à Christiane Taubira. La Garde des Sceaux revient notamment sur le devoir d’éducation et la nécessité de poursuivre la lutte contre le racisme en France.
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Les Commentaires
En plus j'aime Christiane Taubira d'amour, j'ai tellement de respect pour cette femme, la voir la main sur la coeur à la fin m'a énormément touchée.