C’est en 2013 que que la chaîne History a tout à coup suscité l’intérêt des foules grâce à Vikings, une série centrée sur Ragnar Lothbrok, plus grand guerrier de son État, pilleur adulé, et père investi.
Passionnante de bout en bout, bien qu’elle prenne de grandes libertés avec l’histoire, Vikings a vite su gagner son statut de programme culte grâce à son intrigue rapidement évolutive, ses personnages puissants (on notera une écriture minutieuse des personnages féminins notamment) et ses airs de grande épopée aux effluves de saumon fumé.
Cette année, et deux ans après que le show s’est arrêté, Vikings revient sous la forme d’un spin-off. Ça s’appelle Vikings : Valhalla, et c’est aussi aseptisé qu’un bureau de la Défense avant 9 heures du matin.
Viking : Valhalla, des Vikings qui sentent le Chanel N°5
Si le programme original sentait la poiscaille, le sang, le sexe, et les boyaux, il n’en est rien de cette mouture diffusée sur Netflix depuis le 25 février.
Elle s’ouvre pourtant sur un massacre : celui d’un camp Vikings en Angleterre, lors duquel les pilleurs du grand Nord sont assassinés en plein repas. La série s’essaie à la surprise sanguinaire, telle un ersatz de Game of Thrones S03E09.
Le problème, c’est que même cet assassinat d’ouverture sent la rose trémière. Autant vous dire qu’on se fait immédiatement chier. Et ça ne s’arrange pas par la suite…
Pourtant,Vikings : Valhalla a toutes les velléités d’un programme sauvage et animal. Elle se déroule 100 ans après le règne de Ragnar, Lagertha et consorts, et suit Freydis, une femme qui cherche à se venger de son violeur, tandis qu’à Kattegat les chrétiens et les païens s’écharpent.
Intéressant sur le papier. Mais c’est finalement dans un enchevêtrement un peu incompréhensible de storylines que Vikings : Valhalla essaie d’imposer son style. Ou plutôt son non-style.
Car s’il y a bien une série dont on ne se rappellera pas, c’est bien de Vikings : Valhalla.
Vikings : Valhalla, un défilé de mannequin
Dans un monde où l’on commence à peine à comprendre que la beauté revêt des milliards de visages et de corps différents, a t-on vraiment envie d’une série remplie de mannequins Victoria’s Secret, dans laquelle on ne peut se projeter que si on fait 1m80 et une taille 32 ?
Bien sûr que NON. D’autant qu’on est pratiquement sûre que les vikings étaient des gens particulièrement décoiffés et costauds, de par leur régularité à manier la hache.
Évidemment, vous nous opposerez, et vous aurez sans doute raison, que Vikings : Valhalla n’est pas Sex Education, c’est-à-dire qu’elle n’est pas — de nature — une série qui mise sur l’identification du public à ses personnages.
Mission réussie, on ne se reconnaît pas DU TOUT dans les héros de Vikings : Valhalla, qui sont censés vivre dans des conditions rudimentaires mais portent pourtant des fringues propres, sentent le Chanel N°5 à des kilomètres et ont les sourcils bien épilés.
Un vrai troupeau de mannequins Elite, en somme.
Vikings : Valhalla sent l’eau de javel
Outre ce léger problème de crédibilité des personnages, le tensiomètre des premiers épisodes de Vikings : Valhalla avoisine 0.
La faute sans doute à des enjeux convenus (si l’on met de côté celui de Freydis Eiriksdottir qui a le mérite de s’ancrer suffisamment dans son intimité pour susciter 2 grammes d’intérêt), ainsi qu’à une mise en scène sans âme, qui a tout oublié de la grandiloquence de sa prédécesseuse.
Pour finir, la série, qui souhaite donner dans l’efficacité et y perd finalement ses plumes, sacrifie tout à fait ses personnages secondaires sur l’autel du divertissement, et s’embourbe ainsi dans une superficialité dont elle ne revient pas.
Dommage car, on le sait, c’est par l’intime qu’on raconte l’universel.
Le tout a en tout cas des airs de carrelage sous Javel, qui sent le propre et ne laisse aucune trace.
Qu’à cela ne tienne, si vous avez aimé Vikings : Valhalla, réjouissez-vous : deux saisons supplémentaires étaient d’ores et déjà dans les tuyaux, avant même que le premier épisode de la première saison sorte sur la plateforme au sigle rouge.
La preuve, si toutefois il en fallait encore que Netflix mise sur ses produits les plus lisses pour appâter le chaland, et réussit son coup.
Vikings : Valhalla cartonne pour l’instant au top des audiences de la plateforme. Reste à savoir si c’est l’amour du public pour le programme initial qui porte ce succès ou une réelle appréciation des téléspectateurs pour cette nouvelle mouture.
Il est encore trop tôt pour se prononcer.
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