Vikings est une série pseudo-historique diffusée depuis le 3 mars 2013 sur la chaîne canadienne History. Elle prétend nous raconter l’histoire du héros viking Ragnar Lodbrok, qui aurait semé la terreur en Angleterre et en France dans les années 800 et qui se disait descendant d’Odin. Mais dans Vikings, tout se mélange entre l’Histoire, les légendes des sagas et l’interprétation de Michael Hirst, le créateur de la série. Hirst qui était d’ailleurs à l’origine du show Les Tudors avec laquelle il avait déjà pris quelques libertés.
Dans un cas comme celui-ci, le mieux est donc de mettre ses connaissances historiques de côté et de prendre la série comme une oeuvre de fiction, pour éviter de se poser mille questions sur l’exactitude des évènements représentés.
Ragnar Lodbrok, le héros de Vikings, est interprété par Travis Fimmel, l’homme qui a fait fantasmer toutes les jeunes collégiennes/lycéennes hétéros à cause de ceci :
Une pub qu’on retrouvait dans tous les magazines, parfois plusieurs fois, pendant au moins six mois. Du coup, j’en avais environ douze exemplaires placardés sur les murs de ma chambre et je couinais à chaque fois que je posais les yeux dessus. Entre-temps, Travis a pris de la bouteille, a laissé tomber sa carrière de mannequin pour se consacrer au cinéma et à la télé, et aujourd’hui le voici de retour dans la peau d’un grand guerrier viking – l’adolescente midinette qui sommeille en moi n’a donc pas pu résister bien longtemps.
Devine qui vient piller ce soir
https://www.youtube.com/watch?v=XQFQN3-Pm8E
Ragnar est l’archétype du héros sympathique : fermier, père dévoué, mari aimant, fidèle à son code d’honneur, barbare au grand coeur, juste ce qu’il faut d’insolence, un cocktail auquel il est difficile de résister, malgré son apparente facilité. Il faut donc compter sur son frère, Rollo (interprété par Clive Standen qui jouait Gauvain dans la série Camelot, annulée au bout de dix épisodes), pour jouer les méchants. Dès le premier épisode, on devine qu’il ne tardera pas à se retourner contre son frère qui semble pourtant lui accorder une confiance aveugle. Mais l’intérêt que porte Rollo à Lagertha, la femme de Ragnar, et sa réticence à obéir aux ordres finiront probablement par tout foutre en l’air.
Peu d’inquiétude à se faire pour Lagertha, en revanche. Il s’agit d’une ancienne guerrière qui s’est battue aux côtés de Ragnar et qui lui a même sauvé la vie. Bien qu’elle soit depuis devenue femme au foyer, elle n’a rien perdu de sa rage de vaincre et n’a qu’une envie : reprendre les armes et rejoindre Ragnar dans ses voyages.
Lassé de refaire tous les ans la même mission vers l’Est, qu’il décrit comme aussi pauvre que leur royaume, Ragnar insiste auprès de son Jarl (équivalent du Duc, situé juste en-dessous du Roi) pour qu’il le laisse naviguer vers l’Ouest où se trouvent moult richesses, selon les histoires. Pas franchement convaincu par l’existence d’un Ouest idyllique, le Jarl refuse catégoriquement de laisser Ragnar tenter sa chance. Mais le fermier décide d’agir dans son dos et de faire construire un nouveau bateau, plus performant, à l’aide de Floki (Gustaf Skarsgard, fils de Stellan et frère d’Alexander) et d’engager des hommes pour le suivre dans sa grande conquête. Ses alliés ? Deux outils – une pierre et un cadran solaire – qui lui permettent de s’orienter, chose que ses prédecesseurs n’avaient jamais réussi à faire auparavant. Une fois qu’il aura prouvé l’existence de l’Angleterre et de ses trésors, il devra continuer à satisfaire le Jarl tout en le défiant constamment – en évitant juste de le mettre trop en colère, histoire de rester en vie un peu plus longtemps.
N’est pas Game of Thrones qui veut
Sur le papier, Vikings a tout pour plaire, mais en réalité, la série est encore pleine de défauts. Michael Hirst semble avoir eu du mal à se positionner entre les séries historiques façon Tudors, comme il l’avait fait avant, ou celles du genre de Spartacus qui prennent beaucoup de libertés et qui nous offrent sexe et violence à outrance. Bien que Vikings ne contienne – pour l’instant – que très peu de nudité et de décapitations en gros plan, elle semble beaucoup trop grossière pour suivre les traces de Rome ou des Tudors. Le langage est même moins soigné que dans Spartacus
– peu d’efforts semblent avoir été faits pour donner un semblant de réalisme aux dialogues. Ils alternent entre termes vikings adaptés à la sauce anglo-saxonne et langage franchement familier et un peu trop moderne pour être honnête.
Mais le pire reste quand même l’aberration des accents. Les acteurs sont australiens, suédois, canadiens anglais, irlandais ou encore finlandais – mais ils ont tous des accents pétés qui ne ressemblent pas à grand-chose. Et lorsqu’ils se retrouvent face à des Anglais, la confusion est totale : la série étant en anglais, ils sont forcés de garder cette langue pour parler, mais ils s’étonnent lorsqu’un moine leur répond dans « leur langage » (il lâche deux mots dans un autre dialecte) puis lui répondent en anglais. Mais en fait c’est pas de l’anglais, c’est juste comme ça qu’on l’entend. Puisque ni les moines ni les vikings ne parlent l’anglais qu’on connaît, en réalité. Bref, c’est le bordel.
Une fois qu’on a passé le cap de la confusion des langues et de l’Histoire, il est plutôt facile de se laisser harponner par la série. Elle n’a pas la subtilité d’un Game of Thrones et ne tente pas de combler ce manque par un déferlement de violence graphique – et c’est peut-être ce qui lui fait défaut. Cet entre-deux nous laisse un peu dans le vide, on sait pas trop où on nage ni où on va, comment vont évoluer histoire et personnages, ni si les grand guerriers barbares seront à la hauteur des légendes qu’on nous raconte depuis notre petite enfance. Tout ce qu’on sait, c’est que le filtre vert qui recouvre sans cesse l’image devient légèrement lassant au bout de quatre épisodes.
L’influence nord-américaine risque de faire basculer la série dans un trop-plein de bons sentiments qui iront complètement à l’encontre de l’image des vikings tels que l’Histoire les décrit (en témoigne la scène entre Ragnar et le moine Athelstan après le premier voyage en Angleterre). Mais ne nous avançons pas trop, la série pourrait encore nous surprendre. Son plus gros problème réside dans son désir trop ardent de plaire – tout paraît forcé, trop bien travaillé en surface et négligé en profondeur, jouant sur le succès de Game of Thrones et autres sagas épiques.
Mais elle a quand même quelque chose d’efficace qui pousseront les plus téméraires d’entre nous à aller jusqu’au bout, ne serait-ce que pour le plaisir de retrouver un univers qui nous fascine, même lorsqu’il est mal dessiné.
Mise à jour du 5 juin 2013 :
J’ai écrit l’article précédent après avoir regardé trois épisodes de la série – et tiens, le hasard comme par hasard, c’est à la fin du quatrième que les choses se gâtent vraiment, se mettent en place et préparent le terrain pour le reste de la saison. Pas de bons sentiments gratos, une patte vraiment personnelle et originale qui apporte quelque chose de nouveau à l’univers des séries épiques/historiques, un héros qui n’est pas si bisounours que ça finalement, et un beau panel de personnages et d’intrigues qui se succèdent et nous offrent un joli bouquet final.
Je retire donc les mauvaises choses que je prédisais à la série et j’en profite pour déclarer publiquement ma reconversion : Vikings est une série qui ne plaira pas à tout le monde mais qui joue dans sa cour, sans empiéter sur les plates-bandes de personne et qui s’en sort très bien toute seule.
Des précisions cependant sur la comparaison avec Game of Thrones qui avait, à juste titre, dérangé plusieurs d’entre vous. Elle ne tient pas DU TOUT à des ressemblances de scénario/d’univers mais de tendance, ce qui est complètement différent. C’est la mode en ce moment de faire des épopées épique historiques – que ce soit basé sur du réel ou sur de l’heroic-fantasy – et ça fonctionne très bien grâce à Game of Thrones. Si Spartacus est passée avant, ce n’est pas cette série qui a popularisé le genre, c’est clair. Même Rome et Les Tudors n’ont pas connu un tel engouement. C’est donc bien Game of Thrones qui a rouvert cette porte et qui nous donne envie d’en avoir plus, quand la série est en cours de tournage/promo. C’est là qu’intervient Vikings, qui nous offre une belle épopée basée sur des légendes qui nous font fantasmer depuis des plombes, avec juste ce qu’il faut de baston et de sexe sur fond de complots, de trahisons et compagnie.
Et c’est pas forcément une mauvaise chose, c’est juste qu’au tout début de la série, j’ai eu l’impression qu’elle n’avait été faite que pour ça, pour surfer sur ce succès et nous offrir un truc un peu moins canon pour calmer nos ardeurs en attendant le retour de Game of Thrones. Mais je me suis trompée et je l’avoue sans gêne, c’est le risque quand on donne son avis sur une série qui n’est pas finie (mais je suis obligée, d’un point de vue éditorial il faut que je traite le sujet quand il est chaud, et pas quand tout le monde est passé dessus – et ça me convient très bien comme ça, je fais des paris et parfois je perds, c’est la règle).
Voilà donc la fin de ce beau débat sur Vikings, qui nous manque et dont on attend le retour avec impatience. En attendant, sachez que la première saison sera diffusée sur Canal+ à partir du 10 juin 2013.
Les Commentaires