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Devenir une vieille schnock : les signes qui ne trompent pas

Eve vieillit. Elle n’est pas encore voûtée et édentée, mais au fond de son coeur, une petite mamie grandit de jour en jour. Voici les conséquences que cette mutation a sur sa vie !

J’ai toujours été une petite vieille. Un peu comme si j’avais été victime d’un syndrome à la Benjamin Button, faisant de moi une vieille dame dans un corps de petite fille. Ou encore, comme si j’étais née avec une petite mémé bien installée au fond de moi, une sorte de jumelle parasite invisible à l’oeil nu mais dont la présence se ferait de plus en plus remarquer à mesure que les années passent, que ma ride du lion se creuse et que mes seins succombent à la gravité. Plus le temps passe et plus ma jumelle parasite s’impose en moi pour me rappeler avec insistance ce fait avéré : « Tu es une petite vieille, que tu le veuilles ou non, c’est dans ta nature même de faire partie du gang des vieux schnocks, n’essaye pas de lutter contre cela ». Voilà, c’est ainsi : Dany avait Tony, le petit garçon qui vit dans sa bouche (vois comme je réveille tes traumatismes d’enfance liés au visionnage de films d’horreur que tes parents t’avaient pourtant déconseillé de regarder) et moi, j’ai ma petite vieille, une petite vieille qui ne demande qu’à s’extérioriser, tentant même de prendre toute la place de façon à ce qu’elle et moi ne fassions plus qu’une, à savoir : une vieille schnok pure et dure, une qui s’assume et qui n’a pas peur d’aller promener le chien en robe de chambre et pantoufles en pilou.

Et le fait est que depuis quelques années, la petite mamie qui sommeille en moi parvient bel et bien à prendre le dessus sur moi sur tout le reste, tant elle est fortiche cette perfide jumelle parasite. Ainsi je me laisse de plus en plus aller à la vieillerie, aux addictions de vieilles personnes, aux hobbies de vieux schnocks (rappelez-vous du bingo), me laissant confortablement glisser vers le statut de véritable vieille qui chaque jour me rapproche un peu plus du gang des seniors (j’exagère à peine, je vous assure).

Mais le drame dans tout ça, c’est que je n’ai rien vu venir. J’ai passé toute ces années à réfréner gentiment mon côté petite vioque et à me dire que j’avais largement le temps de devenir vieille, et puis c’est arrivé, avec autant de fulgurance qu’une envie de chier, ce moment fatidique où, pour citer l’illustre philosophe américain Danny Glover, on s’aperçoit que l’on est trop vieux pour ces conneries. Aussi me suis-je mise à faire la liste de toutes ces choses qui tendent à prouver que je mute bel et bien en petite mémé, toutes ces conneries qui m’amusaient tant mais qui me fatiguent désormais au point que leur simple évocation tend à me filer des courbatures. Voici donc les signes qui semblent confirmer ma mutation en cours.

La jeunesse me dépasse (et m’attendrit)

swag

Pour faire court, j’ai l’impression d’avoir passé mon bac la semaine dernière. Quand je croise des potes dont les enfants fréquentent le même lycée que celui où j’ai étudié, je ne peux m’empêcher de demander des nouvelles de Monsieur Untel, mon ancien prof de latin dépressif, ou de Madame Bidule, la prof de géo moustachue qui n’hésitait pas à nous coller des notes en-dessous de zéro quand nos devoirs étaient trop médiocres (et accroche-toi pour remonter un -17/20 avant la fin du trimestre). Et lorsqu’on me répond que voyons, ces gens-là ont pris leur retraite depuis longtemps, je m’écrie que non, c’est impossible, avant de réaliser que le lycée, l’air de rien, ça remonte toute de même à quinze berges. Quinze foutues années. Fifteen fucking years (j’écris bilingue, des fois que mes chroniques atteignent une renommée internationale et qu’on se mette à me lire dans le monde entier). Quinze ans que je n’ai pas vus passer, un peu comme si je m’étais égarée dans une faille spatio-temporelle le jour où j’ai fêté mon bac et que je venais de réapparaître avec une amnésie quasi totale quant à ces nombreuses années qui m’ont propulsé du statut de lycéenne pétillante à celui de vieille femme en devenir (si l’on admet toutefois que le terme « pétillante » puisse être associé à une lycéenne assise au dernier rang près du radiateur et adoptant un look mi-punk mi-pouffe citadine, tout en se prenant pour une sorcière païenne façon Fairuza Balk dans The Craft).

Je crois que ma mutation a commencé le jour où je me suis mise à ne plus comprendre les jeunes, à être dépassée par la spécificité du « jeune » contemporain, à devoir me faire expliquer certains mouvements alternatifs (je n’ai toujours pas compris ce que « emo » signifiait et impliquait mais j’ai bon espoir de finir par cerner le truc), à comprendre que j’étais désormais complètement à côté de la plaque. Devoir se faire expliquer ce qui est cool et ce qui ne l’est pas n’est jamais bon signe. On prend tout doucement conscience qu’on devient has been et que même avec une carte d’étudiante trafiquée, on aura bientôt plus aucune chance de décrocher le tarif réduit à la billetterie du cinéma.

Dans un premier temps, les jeunes m’ont exaspérée (peut-être que cela fait partie du cheminement classique du vieillissement). Mon regard sur la génération de mon petit frère était empli de dédain, d’incompréhension et de condescendance : je trouvais que, par définition, le jeune était un jeune con doublé d’un ignorant et je parvenais à me convaincre que de mon temps, on était quand même bien supérieurs à tout ça : j’étais précisément en train de muter, non pas en vieille, mais en vieille conne, celle qui méprise et refuse de comprendre tout ce qui lui paraît trop nouveau ou trop éloigné de ses propres références.

Mais rassurez-vous, je n’ai pas succombé à cette forme particulière de la mutation, me contentant de me transformer en vieille schnock donc, avec désormais un regard complètement attendri sur la jeune génération. Quand des lycéennes viennent me montrer leur tatouage en forme d’étoile et me raconter pendant trois quarts d’heure à quel point ce motif est chargé de sens et de symbole (« C’est rapport à une chanson qu’on chantait avec ma soeur quand on était petites et puis ça se réfère aussi au mot « star » vu que j’aimerais percer dans la télé-réalité et en plus Étoile c’était le nom de mon petit chien à trois pattes quand j’étais ado et ma meilleure amie s’est fait le même tattoo et dans le dictionnaire des symboles on a vu que ça symbolisait la lueur du monde et donc l’espoir… »), je trouve ça mignon. Quand je vais à un concert punk et qu’au premier rang, des jeunes lookés pour l’occasion rajustent leur crête et vérifient que les bouchons de bière fixés à leurs lacets sont bien accrochés, là encore je trouve cela choupi et épatant à la fois, un peu comme quand Dick Miller regarde le vaisseau des enfants s’éloigner dans Explorers en soupirant quelque chose comme « C’est beau la jeunesse ». Ils me rappellent la fois où je me suis fait piercer le nombril en ayant le sentiment d’accomplir l’acte le plus rebelle et le plus subversif de ma vie et je les considère ainsi avec un attendrissement que rien n’égale, un peu comme quand je regarde des vidéos de bébés paresseux prenant leur bain.

Je ne comprends pas les nouvelles tendances

yolo

J’ai la chance d’avoir un petit cousin qui est en 6ème et qui m’explique régulièrement à quel point je suis à côté de la plaque, confirmant que ma mutation est carrément bien entamée. Lorsqu’il m’explique qu’il va bientôt se faire poser un appareil dentaire et que j’enchaîne en lui conseillant d’opter pour des bagues en céramique, tellement moins visibles que la version en ferraille, il se fout gentiment de moi et m’explique que la nouvelle tendance en matière d’orthodontie, c’est d’opter pour la version grillage avec en plus des élastiques multicolores autour des bagues. J’ai cru qu’il me faisait une vanne, qu’il essayait de se foutre de ma gueule pour me punir d’être autant à l’ouest en matière de tendance mais non, il paraît que c’est authentique, qu’il existe même des couleurs d’élastiques plus populaires que d’autres. Le jeune d’aujourd’hui se looke les dents, qu’on se le dise. Et dire que j’avais failli passer à côté de ça.

Il me rencarde aussi sur les nouvelles expressions à la mode auxquelles je ne pige évidemment rien du tout et m’a ainsi expliqué ce que « boloss » et « swag » signifiaient. Oui parce qu’il faut savoir que je croyais que boloss, c’était « bogoss », expression dérivée de « beau gosse », évidemment. Quant à « swag », je n’ai pas tout compris quant à l’origine de ce mot, mais il paraît que ça désigne les gens cool, bien sapés et à la mode. Moi par exemple, il m’a décrite comme « un peu swag pas à la mode et un peu bizarre » et je vous avoue que je ne sais pas trop comment je dois le prendre. Il me reste encore à élucider le mystère de l’expression « YOLO » et j’avoue que j’ai un peu peur de savoir ce que cela signifie (cela dit, ça m’aiderait considérablement à pouvoir rebondir sur les twitts à base de #YOLO qui ponctuent ma TL)

Depuis que je mute, beaucoup de choses m’échappent dans les nouvelles tendances. Je ne comprends pas cette coupe mulet revisitée dont s’affublent les footballeurs et que les collégiens reproduisent avec obstination. Je ne comprends pas non plus les moon boots avec les shorts. Ni l’engouement pour les bracelets shambala, et tant d’autres choses encore. Mais que voulez-vous, ma mère ne comprenait pas que je m’affuble de Doc Martens à fleurs ni que je ne me coiffe « la mèche » comme Kelly dans Sauvés par le gong, l’histoire se répète.

Mes références cool se révèlent has been

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L’un des aspects de la mutation qui me semble le plus difficile à vivre, c’est le fait de réaliser que toutes mes références du cool se révèlent être devenues l’inverse du cool… pour ne pas dire complètement ringardes. Un jour que je faisais de l’ado sitting, je proposais à mon ado de mater Predator en lui présentant cela comme un film complètement fou et tellement génial avec une créature tellement parfaite et tant d’autres choses tellement tellement. Sauf que non. Predator en 2013, sur un ado qui a déjà été confronté à des créatures extra-terrestres plus abouties qu’un alien à dreadlocks, ça ne prend pas, ou du moins pas tant que ça. Regarder les films cultes de son époque avec des étoiles pleins les yeux et s’entendre dire « Ouais bof », ça tue le jeune qui sommeille en vous, vous pouvez me croire. Le jour où mes propres enfants n’ont pas daigné pleurer devant la scène finale de Karaté Kid, je vous prie de croire que mon coeur de jeune fille a saigné très fort. Et quand il a été question d’élaborer la playlist du réveillon sans y intégrer Thaï Nana , j’ai eu envie de mourir.

Votre second degré est mon premier degré

joedassin

Je sais que je deviens vieille grâce à une chose : j’aime au premier degré bon nombre de trucs que le commun des mortels kiffe au second degré. Par exemple l’autre jour, j’achetais un disque de Joe Dassin avec, sur la pochette, Joe en costard blanc avec un chat digne d’une pub Sheba, et la personne m’accompagnant a émis un petit rire complice façon « Hihihi, oh oui tu fais bien de l’acheter, c’est tellement moche et décalé, sooo second degré ». Je me suis sentie très vexée. Une autre fois encore, je révélais qu’avec une amie, nous avions prévu d’aller acclamer Sabrina et Partenaire Particulier en live, lors de la tournée RFM et idem, j’ai eu droit pour tout commentaire à quelque chose comme : « Haha trop bien, bon délire ! Vous allez vous marrer, ça va être trop kitchouille avec plein de beaufs ! ».

Sauf que les beaufs, c’est nous. Je n’aime pas les pochettes animalières de Joe Dassin au second degré et puis surtout, je ne déconne pas avec les chanteurs des années 80 et si je porte un jour un t-shirt « Everybody summertime love », sachez que ce sera du pur premier degré. Par amour pour la variétoche eighties, ouais les mecs. Notez que cela marche aussi, et surtout, avec les films d’horreur à monstres en carton des années 50, les t-shirts de groupes pop des années 90 et avec les robes moches en tergal psychédémoches, celles qui puent la transpi au bout d’une demi-heure : ce ne sont pas des choses que je trouve cool car elles sont décalées ou second degré, ce sont des choses que j’aime pour de bon, au tout premier degré, parce que j’ai mauvais goût. Et je crois que c’est ce qui me propulse une fois de plus au rang de personne franchement vieillissante.

Je suis une pétocharde

scarymovie

Il n’y a pas si longtemps encore, j’adorais m’infliger tout un tas de trucs censés booster mon adrénaline. La quête de sensations fortes, le dépassement de soi, le challenge individuel, repousser ses limites, ce genre-là quoi. Dans les parcs d’attractions et les fêtes foraines, je m’infligeais les machines les plus enclines à me faire gerber ou me donner la sensation que j’allais y rester, un peu façon « Yes we can, je peux le faire les mecs ! même pas peur ! ». Maintenant, quand je mets les pieds dans ce genre d’endroits, je suis plutôt du genre à me demander si tel ou tel manège ne risque pas de trop me secouer, et puis ohlala, se retrouver la tête en bas pendant dix secondes d’affilée, désolée mais je vois pas l’intérêt, et puis ces trucs qui tournent trop vite et te font mal aux cervicales, ce sera sans moi les gars. Sur ce, je vous attends aux chevaux de bois ou, mieux, à la baraque à frites.

Même combat en ce qui concerne le cinéma et les films vers lesquels mon choix se porte. Fascinée par le cinéma d’horreur depuis mes 11 ans (20 ans qu’ça dure mes bichons !), on peut dire que je me suis enfilée, non pas des crucifix comme Linda Blair dans L’Exorciste, mais des heures et des heures de films atroces, comme pour mieux tester mes limites et assister à ce qui pouvait se faire de pire en la matière. Quand j’étais ado, les grands frères des copines nous refilaient des VHS de Face à la mort sous le manteau, on parlait de snuff movies en trouvant ça cool, les films de torture étaient d’une banalité à toute épreuve et celui qui n’avait pas regardé Cannibal Holocaust en mangeant des haricots à la tomate était traité de petit pétochard.

C’était une époque où j’aurais volontiers regardé la vidéo de Luka Magnotta découpant sa victime en direct, non pas pour le plaisir de regarder un crime aussi atroce, mais juste pour me prouver que je pouvais le faire (et aussi pour pouvoir crâner auprès des copains moins courageux). Après toutes ces heures passées à me repaître des tortures, de cannibalisme, de couteaux dans le crâne, d’auto-stoppeuses mutilées, des cerveaux dévorés, des boyaux arrachés et autres joyeusetés, j’en suis arrivée, le virus de la vieillerie aidant, à me tenir éloignée de ce genre de festivités. Ces trucs horribles que j’estimais fort récréatifs durant mes jeunes années me paraissent désormais gratuitement dégueu et la vérité, c’est que je me pose désormais la question suivante : « Est-ce que j’ai vraiment envie de m’infliger ça ? ». Je ne suis plus vraiment dans une démarche de challenge, façon « Allez ma grosse, tu peux le faire, tu peux regarder ce film dans laquelle une pauvre fille se fait disséquer à vif pendant 2 heures 30 ou celui où le héros viole un nouveau-né ». Désormais, c’est même plutôt : « Seriously, quel intérêt aurais-je à regarder cette fille se faire découper à la tronçonneuse quand on sait qu’y a une rediff de Willow sur le câble ? ».

Je vais même plus loin en élaborant désormais des listes (vous l’aurez compris, les listes c’est ma grande passion) de tout ce qui me paraît rédhibitoire et qui me motivera à me détourner d’un film que j’aurais payé pour voir il y a encore quelques années. Par exemple, tous mes potes se moquent de moi car quand on me fait le récit d’un film d’horreur à voir absolument, je demande toujours « Et sinon, y a un viol dedans ? Non parce que si y a un viol, je veux pas le voir ». Ce qui m’amène à recevoir des mails très choupi de la part de mes amis cinéphiles qui prennent soin de moi tout en se foutant un peu de ma gueule et m’envoient des messages aux intitulés tels que « Un bon slasher à voir, garanti SANS VIOL », voire mieux, « Le Hobbit : tu peux aller le voir sans risque, y a pas de viol dedans ». Donc voilà : si je peux désormais éviter de me mettre dans une situation trop bouleversante ou trop inconfortable, je le fais, car la petite mamie qui sommeille en moi m’incite à ne pas prendre de risques tout en cautionnant mon côté froussarde et petite nature. Imaginez, une grosse frayeur, une mauvaise chute, une fracture du col du fémur, à mon grand âge, tout cela est si vite arrivé.

J’aime les dimanches

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J’ai longtemps détesté le dimanche. Dimanche, jour où la médiocrité des programmes TV atteint des sommets (question : y a vraiment des gens qui s’abrutissent devant Vivement dimanche pendant 150 minutes consécutives ou c’est une légende urbaine ?), où tous les commerces sont fermés (aucune échappatoire si tu tombes en rade de papier hygiénique ce jour-là), où l’on se remet souvent péniblement d’un samedi soir trop festif et/ou trop arrosé, où l’on émerge difficilement à midi passé tout en pleurnichant devant la perspective d’avoir niqué sa journée en dormant trop longtemps. Mais pour citer un grand penseur : « Ça, c’était avant ».

Car maintenant, le dimanche fait partie des choses que je préfère au monde. Peut-être parce qu’en bonne petite vieille, je ne sors plus les samedis soirs, peut-être parce que la contrainte de devoir rester toute la journée à la maison offre des perspectives infinies (« Venez, on joue à Hotel et on se fout de la gueule de celui qui achète le Fujiyama ? »), peut-être aussi parce que le fait de traîner en pyjama et en charentaises avec un bon livre est devenu, en quelques années et je ne sais par quelle magie, l’activité individuelle la plus satisfaisante qui soit (avec le perçage de points noirs devant le miroir grossissant et le coloriage d’ongles au Stabilo Boss jaune fluo, cela va de soi). Bref, depuis que je mute en vieille mémé, le dimanche est devenu mon ami.

Je ne tiens plus l’alcool

hangover

Parfois je repense avec émotion à cette époque pas si lointaine où je buvais tant d’alcool que je me sentais aussi imbibée qu’un pruneau dans de l’Armagnac. Je repense surtout à ces marathons festifs où les boissons coulaient à flots, où l’on riait tous très fort en bégayant « L’alcool est mon ennemi, fuir mon ennemi est lâche, vas-y Michou, remets-moi un demi ! » et où j’enchaînais sans peine deux à trois soirées bien arrosées en me réveillant, le lendemain, fraîche comme un gardon (un gardon avec une mauvaise haleine mais bref, passons). Mais à présent que la vieillerie me guette, il faut bien accepter cette dure réalité : l’alcool est plus fort que moi. Ce qui a certes des bons côtés : je ne coûte plus très cher en cuites, un verre suffisant généralement à me faire chanter Capri c’est fini, deux verres me faisant danser la Macarena (à la perfection, j’insiste) et le troisième me poussant à me battre avec n’importe quel type un peu lourd faisant deux à trois têtes de plus que moi (le problème du troisième verre et qu’il me fait croire que je suis devenue invincible et que je ne crains rien ni personne hormis peut-être la kryptonite).

Le mauvais côté de la chose, c’est l’après, le lendemain : fini les réveils radieux façon crâneuse « Même pas mal ! ». Désormais, comptons deux à trois jours pour que je me remette complètement de mes excès. La première journée qui suit lesdits débordements se résume généralement à un tête-à-tête avec la cuvette des toilettes, les deux suivantes étant quant à elles rythmées par les migraines et maux de bide infligés par mon corps vieillissant bien décidé à me faire payer de l’avoir ainsi maltraité. . Vous vous rappelez de Karen Allen dans Les aventuriers de l’arche perdue ? Et bien dites-vous bien qu’à sa place, j’aurais eu aucune chance de m’échapper du camp nazi en défiant mon geôlier à un concours de gnôle (au lieu de ça je serais morte après un ultime delirium tremens et j’aurais ainsi échappé à Indiana Jones 4, ce qui aurait somme toute été une bonne nouvelle pour moi et pour l’humanité).

Et puisqu’on est entre nous, je peux bien conclure sur une petite confidence : lors de ma dernière cuite, mon mec a dû me couvrir auprès des enfants en leur expliquant qu’en ce dimanche matin ordinaire, maman ne pouvait pas leur préparer leur cacao car elle avait la gastro. La gastro, oui. J’ai eu tellement honte ce jour-là que depuis, je ne bois plus que du Champomy, avec l’espoir de réussir à me bourrer la gueule anyway (la cuite au Champomy, ça fonctionne sur les enfants, je peux en témoigner devant les Dieux. Je l’ai vu, de mes yeux vu).

La technologie me dépasse

ipad

L’autre jour, mon petit neveu de 4 ans m’a dit ceci : « Tata, ton iPhone est tout pourri, t’as même pas d’appli ». C’est qu’il aurait mérité une pichenette derrière les oreilles ce petit insolent. Moi qui étais si fière d’avoir enfin un téléphone portable (souvenez-vous, j’ai longtemps fait de la résistance) et qui plus est, un iPhone comme les grands (bon ok, un iPhone avec l’écran pété vu que personne n’avait pensé à me préciser que ces petites choses, c’est fragile, et qu’ils ne résistent pas aux chutes lors des travaux de jardinage). Il faut dire que mon neveu, bien que scolarisé en première section de maternelle, est quasi arrivé à la fin du nouveau Need for Speed, maîtrise mieux l’iPad que les comptines et sait, d’une façon générale, se servir de n’importe quel appareil high-tech dont le fonctionnement m’échappe complètement. Un jour, ce petit salopiaud m’a même collé la honte en m’aidant à démarrer un film à partir d’un disque dur externe, vu que j’étais incapable de me démerder avec ces foutues télécommandes.

Je n’ai toujours pas pigé par quelle magie les tablettes tactiles pouvaient fonctionner et la première fois que j’ai vu des gens utiliser l’application Bump pour transférer des photos d’un mobile à l’autre, je me suis demandé s’il s’agissait d’une coutume locale consistant à frapper ensemble deux téléphones pour voir s’ils étaient capables de se reproduire. Bref, la technologie me dépasse, c’est pas rien de le dire. Tenez, par exemple, récemment, j’ai découvert qu’il n’existait plus de baladeurs CD, moi qui étais à deux doigts de m’en acheter un pour aller promener mon chien en musique. Plus de walkman CD les mecs ?! Ne me dites pas que je suis la seule à tomber des nues en apprenant cela ? Si ? Très bien, je m’en vais me cacher sous ma couette, enfiler un Damart et pleurer en écoutant Claude Barzotti dans mon mange-disque.

Mais bon, relativisons. J’ai beau connaître les dictons de la météo et les dates des jours racines du calendrier lunaire Rustica (d’ailleurs n’oubliez pas que s’il gèle à la Saint Raymond, l’hiver est encore long), j’ai beau collectionner les pyjamas à carreaux pareils à ceux de feu mon grand-père (d’ailleurs vous ai-je parlé de mon projet d’ouvrir un blog mode consacré aux pyjamas de vieux papys et aux charentaises fourrées ?), je n’ai encore souscrit à aucune garantie obsèques ni investi dans un fauteuil électrique pour accéder au premier étage de ma maison (et puis depuis ce qui est arrivé à Madame Deagle , je me méfie de ces engins) et n’ai pas encore pris rendez-vous pour une mise en plis ou une coloration mauve, TOUT VA BIEN. Sur ce, je vous laisse, j’ai rencard avec les copines du bingo et s’agirait pas que je m’abîme le col du fémur en glissant sur une plaque de verglas.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

33
Avatar de Heiwa
16 mai 2014 à 19h05
Heiwa
Ourf ! Marci !
A te lire, j'arrive enfin à me situer ^^ Parce qu'ayant été coordinatrice d'une association de cosplay (activité qui consiste à reproduire le costume par le moyen souhaité, le plus fidèlement possible ou en l'adaptant, et incarner le personnage), activité ayant un fort impact chez les 14-25ans, je suis entourée de ce que j'aime appeler affectueusement "mes p'tits cons" (les "ouin ouin j'ai 14ans je suis une femme mais ma mère me laisse pas aller en boîte quelle connasse" !). Mais du coup, à 22ans, je ne savais pas trop où me ranger ! Je ne suis plus une jeune fille en fleur (...depuis longtemps cela dit) mais même si j'en ai très envie, pas encore l'âge d'être maman... faudrait passer le permis, commencer une carrière au lieu d'enchapiner les missions intérim, arrêter de vouloir se teindre les cheveux en rose, tout ça...

En tout cas, tu n'es pas vieille =) Avant de comprendre que tu étais déjà maman, je t'aurais donné 25ans, pas plus !

Bref... re marci =)

Tiens, moi aussi j'ai géré une asso de cosplay à une époque, on s'est peut-être déjà croisées en convention !

Sinon je me suis bien reconnue dans l'article, même si je n'ai que 22 ans et suis encore étudiante... Je me sens vieille quand je vois que les enfants dans mon entourage n'ont pas du tout la même enfance que celle que j'ai eu ! A onze ans ils ont téléphone portable, tablette... Et ça me choque !
(en r'taaaaard) je te confirme pour les tablettes/smartphones etc ! Quand t'es mono et que tu as les parents qui te disent "bon il a le dernier trucmuchechose, vous faites bien attention qu'il ne le prête pas, et qu'il l'ai toujours sur lui" "euh non monsieur, il ne l'aura pas du tout, vous pouvez même le garder !" le scandale à chaque fois... mais bon on explique et ça va mieux.
Pareil en périscolaire... tous avec la dernière console en permanence, dès qu'ils n'ont pas de cours ou de repas... quel que soit l'âge... j'ai été mono à La clef des Champs, école d'une pédagogie spéciale à Drap, et ai bossé avec des petits de la méthode Freinet... ceux-là, ils leur apprenaient que les jeux vidéos c'est bien, mais le reste aussi... et les voir alterner console, arts plastiques, sports, jeux de groupe, dessin, d'eux-mêmes, ça faisait du bien ;u;

Pour l'asso de cosplay, je sais pas... je n'ai pas animé hors du 06 ^^ mais c'est marrant ces coïncidences
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