Publié initialement le 20 mars 2012
Penchons-nous aujourd’hui sur un mystère de notre époque encore non élucidé : les vieilles dames qui ont des cheveux mauves.
Inutile de s’aventurer bien loin pour les croiser : à la boulangerie, dans la rue, aux caisses des supermarchés, dans les salons de thé… indéniablement, elles sont partout. Et si j’avais une fâcheuse propension à l’exagération (ce qui est loin d’être mon cas… mais vous ai-je déjà parlé de la fois où j’ai failli MOURIR en avalant un Strepsil de travers ?), j’irais sans doute jusqu’à parler de véritable invasion. L’invasion des vieilles dames aux cheveux violets, oui. Elles sont parmi nous ! Ca sonne légèrement titre de série Z et d’ici, j’entends presque ton string frétiller d’effroi, allez avoue.
En vérité je vous le dis, face à l’invasion grandissante des octogénaires aux propriétés capillaires douteuses, il était temps de mener l’enquête et de s’intéresser de près à cette mystérieuse tranche de la population éprise de romans Harlequin, de goûters à base de chouquettes et de body art sur l’arcade sourcilière.
Ce que nous dit la science
D’un point de vue scientifique (car oui, je mène des enquêtes scientifiques ayant pour objet les colorations capillaires et leur rendu chez les seniors… ET ALORS ?), le mystère des vieilles femmes aux cheveux violets s’expliquerait par une qualité de cheveux dégradée par les siècles années, impliquant un soulèvement des écailles capillaires (tout le contraire d’un lissage brésilien mes bichons). De ce fait, le cheveu des personnes âgées a cette sale tendance à fixer davantage les pigments violets présents dans les colorations et shampooing gris, et à ce stade, je vous sens grandement captivés par ces explications (et là, on est tous très contents que j’aie fait un stage en salon de coiffure en 1994… appelons ça l’expérience, gars !).
L’énigmatique population des mamies aux cheveux mauves se résumerait-elle donc à un banal incident capillaire ? Soyons sérieux, QUI voudrait croire à cela ? Car observons ces individus de plus près et voyons à quel point certains signes nous amènent à remettre carrément en question la nature humaine de ces aïeules.
Plusieurs hypothèses s’offrent à nous :
1. Des punks déchues
Outre la principale caractéristique de ces vieilles dames qui veut qu’elles adoptent fièrement une coloration capillaire aux notes de bouquets de violettes, il n’est pas rare de constater qu’elles manifestent également un engouement certain pour l’imprimé léopard à toutes les sauces. Parapluie léopard, écharpe léopard, veste léopard, chapeau léopard, tout y passe, le must have semblant être le caddie à roulettes léopard. Pour bien faire, elles veillent à accumuler les vêtements et accessoires léopard, suivant la règle fondamentale qui veut qu’une femme élégante porte des effets co-or-do-nnés. Le problème étant que bien souvent, elles usent et abusent d’imprimés léopard divers et variés (léopard des neiges, léopard pailleté, léopard pupute en soldes…), créant une sorte de malaise visuel que nous tenterons d’expliquer un peu plus loin, si vous le voulez bien.
La conclusion de cette première hypothèse : cheveux violets, sapes léopard, maquillage souvent excessif et maladroit, cela ne fait aucun doute : ces vieilles dames sont d’anciennes punks
et à bien les observer, on leur trouverait presque un air de ressemblance avec cette bonne vieille Vivienne Westwood.
2. Des visiteurs venus d’ailleurs
Il serait réducteur de considérer (ma phrase fétiche des secondes parties de dissertation au lycée) que les mamies aux cheveux violets ont forcément une origine terrienne et de nier la probabilité d’une provenance extra-terrestre. On considère leur couleur capillaire comme le résultat navrant d’une coloration inadaptée, sans penser une seule seconde à la possibilité qu’il puisse s’agir de leur couleur naturelle. Heureusement que je suis là pour vous ouvrir les yeux sur le monde, ai-je envie de dire. Et si ce violet était en fin de compte leur couleur naturelle ? Pire : si cette couleur résultait de la production d’une substance radioactive qui viendrait se loger dans les cellules capillaires de ces créatures énigmatiques ?
Personnellement, j’estime que cette théorie tient plutôt la route, comme en témoignent les divers autres signes allant en ce sens.
- Les mamies aux cheveux violets lisent TOUTES des romans Harlequin dans les salons de thé. Cela ne ressemble-t-il pas à une maladroite tentative de passer inaperçue, de se fondre dans la masse, de tenter d’évoluer incognito au sein d’une population étrangère ? Car honnêtement, plus personne ne lit de romans Harlequin en 2012, pas même les mamies terriennes (elles lisent Notre Temps et Nous deux, tenez-vous au courant, de grâce).
- De la même façon, les fautes de goût et erreurs vestimentaires à répétition que commettent ces dernières, celles que nous mettions sur le compte d’une sorte de relent punk, ne sont-elles pas finalement un nouveau signe d’une tentative d’adaptation qui aurait échouée, de la part de créatures mal informées qui pensent que l’ombre à paupière bleu ciel et les sourcils redessinés caractérisent l’ensemble des seniors terriens de sexe féminin ? J’ai envie de dire : big fail les meufs, on vous a repérées.
3. Des suppôts de Satan
En 1982, lorsque Ronald Reagan a visionné pour la première fois E.T. l’extra-terrestre dans le bureau ovale, il s’est adressé à Steven Spielberg et lui a dit : « Vous savez, je parie qu’il n’y a pas six personnes dans cette pièce qui savent combien tout cela est vrai » (source : mon grand-père, il y était). Autrement dit, et comme je me plais à le penser : la vérité est dans les fictions et il ne faut jamais négliger ce qu’on nous apprennent les films, aussi fantaisistes soient-ils (bon ok, soit, les trois premiers épisodes de Star Wars ne nous apprennent RIEN) (si ce n’est qu’à un moment donné, il faut savoir cesser de faire des films, hein George).
Forte de cette théorie, j’aurais tendance – pour revenir à notre affaire de mamies aux tifs lavande – à me référer au film Les Sorcières, de 1990, dans lequel Angelica Houston incarnait la leader de la communauté très secrète des sorcières d’Angleterre.
Réunies dans un hôtel pour assister à leur congrès annuel, rien ne laisse présager, de prime abord, que les dames très élégantes et apprêtées ainsi réunies sont en réalité d’immondes sorcières s’efforçant de dissimuler leur apparence grâce à divers artifices et subterfuges. Certains signes mettent toutefois la puce à l’oreille et révèlent certaines particularités physiques que les sorcières peinent à cacher : la nature les ayant faites chauves, les sorcières sont obligées de s’affubler de perruques pour ne pas être repérées, lesquelles ont tendance à susciter un certain inconfort et des démangeaisons contre lesquels elles peinent à lutter. Par ailleurs, étant dépourvues d’orteils (oui je sais, on en apprend tous les jours), elles cachent leurs pieds monstrueux dans des chaussures pointues pour n’éveiller aucun soupçon.
J’en arrive donc à la conclusion suivante : le fait que les cheveux violets de ces étranges vieilles dames aillent de pair avec des sourcils rasés et redessinés maladroitement au crayon, n’est-ce pas là le signe d’une tentative de dissimulation d’une nature extraordinaire voire monstrueuse ?
En définitive, qu’elles soient des punks qui s’ignorent, des créatures d’un autre univers ou des sortes de créatures monstrueuses dissimulés derrière de mauvais artifices ou pire, de banales vieilles dames victimes d’incidents capillaires et de fautes de goût à répétition, les vieilles dames aux cheveux mauves ne vous laisseront plus jamais indifférents. Et en attendant un Street Style de Jacqueline, 82 ans, adepte de la mise en plis violette et des bottes fourrées léopard, je ne dirais qu’une chose, et n’oubliez jamais ceci : la vérité est ailleurs mes enfants.
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