C’est toujours un peu flippant d’aller voir un film qu’on attendait avec impatience depuis plusieurs semaines. Quand j’ai vu la première bande-annonce de La Vie Rêvée de Walter Mitty, j’étais typiquement en train de vivre pour de vrai et en mieux un truc que j’avais vaguement imaginé sans croire que ça allait m’arriver. À tel point qu’il m’est arrivé de me dire « si ça se trouve, t’es en train de déconner et c’est seulement dans ta tête que ça se passe ». Le bon timing était tellement fou que j’ai décidé de dessiner une croix rouge sur la date de sortie du film, sans savoir qu’en réalité, j’irai le voir beaucoup plus tôt.
J’en attendais donc beaucoup, et j’avais peur que ce film soit frappé par la malédiction du « je t’aime trop d’avance et quand je te découvre pour de vrai, tu ne me fais rien. Prends donc ce crachat dans la face » (coucou et bisous, Gravity). Eh bah voilà, je le dis : La Vie Rêvée de Walter Mitty ne m’a pas déçue, bien au contraire. C’est con parce que j’aime bien critiquer et tout, mais faut dire ce qui est : j’ai aimé, et ma seule déception, c’est de ne pas avoir entendu la chanson de José Gonzalez du trailer en entier pendant le film alors y a pire, comme frustration cinématographique.
https://www.youtube.com/watch?v=HddkucqSzSM
Une intrigue de départ libératrice
L’histoire, directement inspirée de la nouvelle de James Thurber, est celle de Walter Mitty, un homme timide et craintif qui ne vit pas vraiment sa vie : il la rêve. Il ne la rêve pas comme on rêve probablement toutes : ses rêvasseries, il les fait quand il est éveillé. Il s’imagine dans des situations improbables, du genre sauver des gens, ou un chien, courir dans un immeuble sur le point d’exploser, faire fantasmer une femme qu’il juge parfaite pour lui, envoyer péter son patron… Des situations très précises, avec force détails. Tout ce qui ferait de lui l’inverse de ce qu’il est : un homme tiède, ou tout au moins, un homme dans la tiédeur.
S‘aimer c’est regarder dans la même direction, él-o-èl.
Le pitch, en soi, laisse donc présager un film « sans limite » : grâce aux rêvasseries de Walter, je me suis retrouvée, en tant que spectatrice, dépouillée de toute envie de pinailler, de chercher à tout prix à relever de potentielles incohérences. Je me suis laissée guider dans les décors terriblement beaux, et emmener par la BO absolument parfaite du film, que ce soit le duo sur Space Oddity de Bowie, Dirty Paws d’Of Monsters and Men
(mais si, tu sais, le groupe qui fait « hey ! » tout le temps) qui magnifie des images déjà magnifiques et les chansons spécialement créées par José Gonzalez pour le film. Ce synopsis libérateur fait qu’en quelque sorte, tu as plus de chances d’avoir envie de te jeter tête la première dans cette épopée complètement dingue, de te laisser prendre au jeu. J’ai lâché prise et j’en ai pris plein les yeux et plein les oreilles, à tel point que j’ai encore du mal à déboucher ces dernières.
Des personnages à la hauteur de leurs acteurs
La vie rêvée de Walter Mitty est portée par des acteurs overcools, déjà. On compte Adam Scott, génial en patron traumatisant (un rôle à contre-courant de celui que je lui connais dans la série Parks and Recreation), mais aussi Kristen Wiig, « élément perturbateur » et intérêt amoureux du héros. En même temps, ça peut se comprendre : n’importe qui pourrait tomber amoureux de ce personnage à la fois doux et volontaire. Et comment parler de cette adaptation de La Vie Rêvée de Walter Mitty sans parler du fait qu’on y trouve aussi Shirley MacLaine et Sean Penn ? Shirley MacLaine et Sean Penn, quoi. Rien que ça.
Ben Stiller, réalisateur et acteur principal du film, porte ce dernier sur ses épaules comme personne. Dans les commentaires sous l’interview qu’on a fait de lui, vous avez été deux à relever son côté quelque peu clown triste et mélancolique. Un aspect de sa personnalité qu’on ne lui connaît pas forcément. Clairement, ça change de la plupart des rôles dans lesquels je l’ai vu : Mary à tout prix, Dodge Ball, Zoolander (qu’il avait par ailleurs aussi réalisé)… Ici, en plus d’être un excellent réalisateur, il joue à merveille ce rôle de mec mi-drôle mi-enfant mi-poète qu’on ne peut qu’avoir envie de suivre dans ses délires.
Bon par contre, prends en charge le barbecue si tu décides de le suivre : d’après cette photo, il a pas l’air super au point là-dessus.
Une ode à l’imagination
Quand j’étais plus jeune, j’avais tendance à rêvasser tout le temps et je trouvais ça nul. Je m’imaginais des hasards et des coïncidences foufous, je me faisais dans ma tête le scénario idéal qui ferait que ma vie deviendrait complètement dingue. Ces scénarios, je me rendais bien compte qu’il avait peu de chance de se produire, et je faisais avec. C’est juste que je regardais le plafond sans rien faire en imaginant ce qu’il pourrait se passer de dingue. Et je trouvais ça stupide de ne pas pouvoir m’en empêcher – probablement parce que je regardais trop de séries niaises où les héros font toujours un speech naze à base de « ne rêve pas ta vie mais fais de ta vie un rêve, ma couille ».
Walter Mitty m’a rappelée que rêvasser, imaginer, ça peut être tout aussi incroyable que de vivre le plus fou des trucs. C’est juste une façon différente de vivre, mais c’est de la vie malgré tout, et c’est une énorme mine à inspirations et enrichissements personnels. Et que peu importe ce qu’on vit, sa longueur dans le temps, sa véracité, tant que c’est intense et tant que ça nous fait nous sentir bien (ce qui n’est pas forcément toujours le cas). Enfin en tout cas c’est ce que j’en dis, hein. Ça vaut ce que ça vaut. Si ça se trouve, c’est pas du tout le propos du film et j’ai eu l’esprit qui est parti en steak tartare.
Mais c’est en tout cas pour ça que j’ai aimé ce film qui m’a marquée juste comme il faut. Il m’a marquée, pas seulement parce qu’il m’a fait réfléchir sur plein de trucs, mais tout simplement parce que je l’ai trouvé, genre, vraiment bon. Parce qu’il m’a fait ressentir des trucs.
Et c’est à peu près tout ce que je demande – tous styles confondus – au cinéma.
N’oublie pas de réserver ta place à 4,90€ pour l’avant-première CinémadZ du film le 19 décembre prochain ! (En plus comme ça, si tu trouves que je te l’ai survendu, tu pourras m’engueuler en vrai quand on boira des coups tous ensemble après au Frog).
Et si, par hasard, tu as envie de repousser tes limites comme Walter Mitty, sauf qu’à Paris, sache que MK2 et Twentieth Century Fox te proposent de faire le grand saut avec le Walter Mitty Jump du 21 au 29 décembre ! Une attraction qui sera située juste devant le MK2 Bibliothèque et qui pourra te faire sauter jusqu’à 18 mètres. Pour plus d’informations, c’est par ici. Personnellement, je me tâte : j’ai quand même drôlement les chtouilles, mais ça a l’air beaucoup trop cool.
Conseil : n’y va pas juste après avoir mangé un gros burger au Camion qui fume. Je suis pas certaine que ton estomac te le rendra bien alors arrange-toi pour faire les choses dans le bon ordre.
Les Commentaires
Je ne pense pas que ce soit le genre de film qui est quelque chose à voir avec la VO ou la VF, beaucoup ont aimé car ça parle à l'imaginaire, ça fait beaucoup rêver (le côté onirique n'est pas abandonné à mon humble avis parce que même s'il ne déconnecte plus, c'est le spectateur qui est déconnecté à son tour) mais si tu n'as pas apprécié ce film c'est tout à ton droit